Devoir de Philosophie

Esthétique d'Adorno

Publié le 26/09/2012

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INTRODUCTION A L'ESTHETIQUE D'ADORNOApproche de l'esthétique d'Adorno par l'analyse du rapport à Marx dans la Théorie esthétique Raphaël CLERGET TABLE DES MATIERES 1        INTRODUCTION 1.1     Objet d'étude et méthodologie 1.1.1      L'objet de ce travail et son contexte 1.1.2      Méthodologie 1.1.2.1    Le refus motivé de la méthode par Adorno 1.1.2.2    La méthode employée et le plan 1.1.2.3    Textes et références employés 1.2     Situation : que faire ? 1.2.1      Contexte général : la domination et la raison 1.2.2      L'art et la question de l'identité 1.2.3      Contexte particulier et problématique de la Théorie esthétique 1.2.4      Critiques d'Adorno : quelle théorie pour une stratégie politique ? 2        MATÉRIALISME ET DIALECTIQUE DANS L'ART ET L'ESTHÉTIQUE 2.1     L'art comme lieu d'une lutte dialectique entre l'individuel et l'universel 2.2     L'expression de la souffrance 2.3     Une pratique différente 2.4     La nécessité de la distance artistique 2.5     Les forces artistiques 2.6     Les risques de l'oeuvre d'art 2.7     L'esthétique 3        LES CATÉGORIES DE LA CONNAISSANCE DU MONDE 3.1     Le double caractère de l'art et son origine dans la division du travail 3.1.1      Le double caractère de l'oeuvre d'art 3.1.2      Son origine dans la division du travail 3.2     Processus de production 3.2.1      Rapport à la production sociale : rationalité et artisanat 3.2.2      Rapport intérieur à la société, par la forme 3.2.3      Relativisation du rôle de la personne privée 3.3     La société capitaliste échangiste et ses conséquences dans le domaine de l'art 3.3.1      La constellation échange-idéologie-marchandise-réification-aliénation-fétichisme 3.3.2      Le monde marchand et l'art : combat pour l'identité 3.4     Idéologie 3.4.1      La richesse du sujet et de l'expérience 3.4.2      La suppression du sujet 3.4.3      L'humanité de l'art 3.4.4      La bonne naturalité de l'art 3.4.5      Le caractère désengagé de l'art 3.4.6      L'harmonie de l'art 3.4.7      La bonne nouvelle de l'art 3.4.8      La pure spiritualité de l'art 3.4.9      L'art communiquant 3.4.10    L'art altruiste 3.4.11    La culture dans toute sa gloire 3.5     Fétichisme 3.5.1      Le fétichisme de la marchandise dans la sphère esthétique 3.5.2      Le fétichisme du caractère d'en-soi de l'oeuvre d'art 3.5.3      Le fétichisme de l'objectivation 3.5.4      Le fétichisme des moyens techniques 3.6     Réification 3.6.1      Affaiblissement et déformation de la capacité d'expérience 3.6.2      La nécessité et les risques de l'objectivation artistique 3.7     Aliénation 3.7.1      Aliénation comme étrangeté à soi et comme puissance déterminante 3.7.2      Influence sur la sphère du divertissement 3.7.3      Influence sur la production artistique et l'art moderne 3.7.3.1    Le montage 3.7.3.2    La construction 3.7.4      Influence sur le contemplateur 3.8     Bourgeoisie 3.8.1      Liberté partielle 3.8.2      Quatre grands principes bourgeois : conservation de soi, échange, propriété et travail 3.8.3      Idéaux bourgeois de l'art : réconciliation, satisfaction, intuition 4        LES CATÉGORIES DE LA TRANSFORMATION DU MONDE 4.1     Praxis 4.2     Utopie 4.3     Critique politique 4.4     Lutte des classes 4.5     Forces et rapports de production 4.5.1      Forces/rapports de production artistiques et forces/rapports de production sociaux 4.5.2      Les forces de production artistiques et les rapports de production 4.5.3      Progrès artistique 4.5.4      Le sujet collectif résistant non encore réalisé 5        CONCLUSION 6        BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 6.1      Textes d'Adorno traduits en Français 6.2      Textes en français sur Adorno 6.3      Autres textes utilisés 6.4      Dictionnaires utilisés 6.5      Histoires de la philosophie utilisées 7        NOTES       1.2        Situation : que faire ?   1.2.1       Contexte général : la domination et la raison               Le monde tel qu'il est interprété par Adorno perpétue la domination de l'homme sur la nature, la sienne et l'extérieure HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn31" \o "" [31], dont les formes et les gestes sont naturalisés, comme s'ils répondaient à une fatalité sans fin, donc au mythe. Une illustration en serait chez Marx, la critique de l'économie politique dont la description semble supposer que le système capitaliste est le système naturel de l'économie. Ce thème central d'Adorno est couplé avec l'Aufklärung, les Lumières, ou comme le définit l'ouverture de La dialectique de la Raison, "la pensée en progrès" HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn32" \o "" [32] qui accroît certes, la maîtrise de la nature, mais en même temps, ce qui est une régression, appauvrit son expérience de la nature, dont la sienne. L'espèce humaine, mue par son principe d'auto-conservation, ou conservation de soi, non dénuée de dialectique du fait de la contradiction persistant entre sa prétention et sa réalisation, entre son concept et ce qu'il en est dans la réalité, travaille en partie dans le sens contraire du progrès vers le bonheur généralisé, spécialement en substituant les moyens mis en place par la raison, au but, à la finalité de ces moyens HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn33" \o "" [33]. Cela se traduit par l'irrationalité de l'activité de l'homme comme histoire naturelle aveugle HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn34" \o "" [34]. La finalité de la rationalité, le bonheur, est oubliée. Si elle nomme l'ensemble des moyens définis pour dominer la nature, sa finalité reste un moyen, et la raison non-rationnelle  HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn35" \o "" [35]. L'auto-conservation fixée sur ses moyens, appauvrit la vie du sujet et mutile le monde, en particulier la faculté humaine de différenciation, qualitative, sa capacité à faire l'expérience du monde et des autres, qui peu à peu n'est plus pratiquée et remplacée par des schémas pré-établis de pensée, cherchant à préformer et à uniformiser les individus et leurs impulsions sur le modèle de la marchandise, et ce afin qu'ils travaillent à la conservation de la société telle qu'elle est HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn36" \o "" [36]. La tâche de la philosophie est alors de critiquer cet esprit d'auto-conservation pour s'aider elle-même et les autres à une prise de conscience, prélude à une éventuelle transformation des conditions de vie, déterminées, Adorno étant en accord avec Marx, par le mode de production capitaliste de la société. La Dialectique négative exprime clairement la différence entre la pensée identificatrice qui domine son objet en voulant le subsumer sous une catégorie, comme un exemplaire, et une pensée dialectique qui cherche à se corriger en cherchant à exprimer à l'aide d'une constellation de concepts ce que la chose est, à se servir de la forme identifiante du concept contre elle-même, dans le but différent qui est d'exprimer le non-identique et non l'identique, et ce au nom de l'identité réprimée de la chose dont il est question HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn37" \o "" [37].Dans le domaine de la connaissance cette domination d'un principe borné de conservation de soi entraîne que le sujet ne retrouve que lui-même dans l'objet de son étude au lieu d'y trouver l'objet HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn38" \o "" [38], l'idéal de la connaissance étant l'amour pour Adorno, le fait de laisser son objet différent, lointain, tout en se portant à sa proximité HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn39" \o "" [39].             Les exemples de domination sont pléthores et semblent pouvoir être trouvés dans tous les domaines de la vie comme l'illustre l'énumération arbitraire suivante : domination de la femme par l'homme dans le mariage bourgeois, de l'animal dans les expérimentations, du salarié au sein de l'entreprise parfois directement par l'intermédiaire de normes de rendement associées à des processus de travail, du citoyen dans l'Etat, du paysage par l'industrie touristique, de l'écosystème par l'industrie, de la recherche musicale par son immédiate réception ou par sa rentabilité, etc.             Cette vision de la domination qui s'est exprimée en premier lieu dans La dialectique de la Raison écrit en collaboration avec Horkheimer dans le contexte historique de la Seconde Guerre Mondiale, est ensuite présente dans les autres oeuvres comme un prolongement dans divers domaines de l'analyse critique de la Raison qui présente le caractère double de développer le potentiel de liberté en même temps que la réalité de l'oppression HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn40" \o "" [40], par la tenue séparée des instances de la raison et de la nature.   1.2.2       L'art et la question de l'identité               Adorno a travaillé dans nombre de ses textes avec des références à des oeuvres d'art, les utilisant comme des archétypes esthétiques, en ce que les oeuvres sont pour lui une forme de trace sismographique de la situation - dont celle primordiale du sujet comme l'illustre dans le texte Théorie et Pratique des Modèles critiques le recours à Hamlet et Don Quichotte pour parler de la perte d'expérience de l'autre, de l'individu HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn41" \o "" [41]. Cependant Adorno voit en outre dans l'art un lieu où naît l'espoir de voir s'infléchir ce prétendu 'destin', par un comportement différent vis à vis de l'objectivité, et où vient à jour l'image d'une situation possible où l'humanité serait libérée de son geste dominateur réduisant l'autre au silence, situation où les êtres et les choses pourront être elles-mêmes. Cela ne signifie pas pour autant que l'art serait exempt de la perte par la vie de ses qualités, sa dé-qualification -Entqualifizierung en allemand - HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn42" \o "" [42], car en l'art se produit l'Entkunstung - dés-esthétisation ou dés-artification HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn43" \o "" [43] - , la perte de son caractère artistique. C'est alors ici la question de l'identité qui est en jeu, d'emprunt, imposé ou propre à soi. Et l'art critique et remet en cause cette domination du principe universel de réalité qu'est la principe d'échange complété par l'administration du monde car ce qui apparaît en elle ne peut être saisi de manière définitive dans un corps de concepts l'identifiant sans reste et s'y substituant HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn44" \o "" [44]. Son existence est résistance à cette substitution de n'importe qui par n'importe qui, modèle de l'échange que l'on retrouve jusque dans l'idéal scientifique positiviste selon Adorno en ce le sujet ne devant plus intervenir, devant être retranché pour laisser place à une pure objectivité, il devient indifférent de savoir qui va faire l'expérience scientifique HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn45" \o "" [45]. La raison devient obnubilée par son caractère de moyen et oublie la finalité humaine du bonheur de tous avec tous, la construction d'une totalité rationnelle, dans sa nuance raisonnable. Cette obnubilation de la raison dans le moyen tient dans la formule de l'échange où une chose est toujours pour autre chose. L'art conserve quant à lui l'image de la finalité en se constituant pour soi. Il peut ainsi, par ses moyens propres, qui ne sont pas directement politiques, et malgré - en réalité grâce à - son apparence, son caractère de fiction, convaincre le monde de son irrationalité. En tant que comportement spécifique vis à vis de l'objet, de son autre, l'art est une forme de pratique qui tente de sortir de la perpétuation de la domination de l'un sur l'autre, et malgré le caractère dialectique de sa tentative - entre le geste organisateur qui objective les impulsions mimétiques et "leur régression à la magie" - dessine l'utopie à savoir l'horizon d'une réconciliation où la raison cessera d'être dominatrice HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn46" \o "" [46].             Contrairement à Marx, Adorno ne voit pas dans le prolétariat le sujet de l'histoire, et ne voit même plus quel groupe social pourrait représenter son instance, à savoir la force qui va amorcer l'émancipation des hommes, et ce certainement selon J.M.Vincent dans La théorie critique de l'Ecole de Francfort à cause de la conjoncture historique qui a vu l'échec des tentatives de révolution en Allemagne, et la montée en puissance de l'administration bureaucratique du monde, des hommes et des choses, au sein même des partis favorables au renversement du capitalisme. L'art représente alors une pratique où se conserve encore l'espoir d'une société différente, où la figure utopique d'un monde différent peut s'esquisser dans les grandes oeuvres d'art. Figure utopique car seule une image en est donnée, mais l'espoir s'y loge car les éléments de cet image sont des éléments empruntés à la réalité. C'est leur organisation, leur agencement, qui diffère de celle du monde. L'art échappe cependant au reproche de la négation abstraite, du 'tout autre' en ce que son opération est une négation déterminée qui se réalise dans la concrétion de l'oeuvre, par sa technique et la transformation du stade technique, et qui permet de faire émerger la promesse d'autre chose, l'image du réconcilié HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn47" \o "" [47]. C'est une négation déterminée de l'organisation du monde existant HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn48" \o "" [48]. Elle est mise en place par la raison, mais au nom de la nature opprimée HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn49" \o "" [49] et projette ainsi une réconciliation avec elle, en cherchant à donner l'image de la nature HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn50" \o "" [50] . Le beau naturel comme s'opposant au principe d'identité réduisant tout à la forme vide du sujet, et au chaos diffus qui emprisonne de même, représente ce que serait le réconcilié .C'est en cela que la nature constitue le contenu de vérité de l'art HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn51" \o "" [51]. L'image de la nature est sauvée par l'art et c'est cette image qui représente un au-delà de la société bourgeoise, quelque chose qui la transcende, et ce au sein de l'immanence sociale, comme allégorie HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn52" \o "" [52]. Elle se dépasse en laissant une énigme qui défie le pouvoir identificateur, la réduction violente au sujet, réalisée par la raison, qu'Adorno qualifie de subjective. L'esprit n'identifie pas le non-identique mais s'identifie lui HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn53" \o "" [53] et l'oeuvre réalise par là l'idéal d'être soi-même HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn54" \o "" [54]. Cet idéal naît dans un monde où l'identité à soi est imposé par la société et aux objets naturels par le mode de pensée identificateur qui ramène à soi, au lieu de faire émerger l'identité de l'autre, ce que cherche à faire l'art sans cette violence qui se perpétue dans la réalité empirique, violence qui fait des êtres des choses, opération de chosification ou réification qui tronque la part vivante, qualitative de ces êtres qui ne se réduit pas à un ensemble figé de déterminations. L'analyse des oeuvres devra de même les considérer comme vivantes en tant qu'elles parlent, "communication en elles de tout particulier" HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn55" \o "" [55]. L'art est un "correctif parfait de la conscience réifiée aujourd'hui érigée en totalité"qui ne perçoit plus la "communication entre des éléments dispersés" ce qui est le propre de celui qui n'est plus capable d'aucune projection en répétant simplement ce qui est HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn56" \o "" [56]. Il est en cela le refuge du comportement mimétique qui permet cette appréhension HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn57" \o "" [57].             L'intérêt porté spécifiquement par Adorno à l'art tient en ce qu'il présente l'utopie d'une réalité qui est elle-même HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn58" \o "" [58] là où les autres réalités et en premier lieu les hommes et leurs relations se voient imposer des formes figées sur le modèle de la marchandise et du recouvrement du travail concret par le travail abstrait. A l'encontre de l'irrationalité du monde administré du capitalisme qui, en faisant de la rationalité "l'ensemble des moyens qui dominent la nature", masque la finalité, l'art représente la vérité car elle conserve l'image de la finalité, en voulant être fin en soi, et critique par là même cette irrationalité HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn59" \o "" [59]. L'art montre ainsi à la raison triomphante ce qu'elle oublie HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn60" \o "" [60]. Là où la société est antagoniste et présente une fausse totalité, l'art en est le modèle antithétique : "La totalité esthétique est l'antithèse d'une totalité non-vraie"  HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn61" \o "" [61] en ce que la formation de l'oeuvre est un geste pacifique qui cherche à épouser les formes du formé, qui est brisé, pour l'amener à l'expression. Il conserve l'image de l'irrationalité d'une société dirigée par les moyens dans ses failles comme sa trace, et participe ainsi à la vérité par ce biais HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn62" \o "" [62]. Seul l'art selon Adorno est peut être encore en mesure de satisfaire à cette formulation hégélienne de la vérité comme étant seule concrète, étant donné que la souffrance, telle quelle, reste muette et est étouffée sous la discursivité. Seule l'art peut lui donner la parole HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn63" \o "" [63] en se constituant alors comme conscience authentique HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn64" \o "" [64]. Dans le même geste d'expression, l'oeuvre d'art fait apparaître, dans la formation de sa totalité, dans son idéal de complète structuration, une société plus digne des hommes, les images d'une humanité transformée HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn65" \o "" [65], en s'opposant à ce qui est brut, assimilé au mal par Adorno HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn66" \o "" [66]. Par sa mise à distance de la réalité empirique par la loi de se forme qui recompose les éléments de l'Etant, "elle représente négativement un état dans lequel ce qui est viendrait à sa juste place" HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn67" \o "" [67]. Cependant, comme l'art cherche à exprimer la douleur de ce qui est et à travers celle-ci l'exigence d'une autre situation, il est une tentative de faire la paix avec la société qui ne cesse de la rompre HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn68" \o "" [68], en présentant dans l'immanence de sa forme une transcendance vers le non-étant, ce qui passe entre les éléments de l'étant,à partir de l'étant HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn69" \o "" [69]. Sous l'apparence - puisque non-étant - de cette réalité autre pointe cependant sa possibilité, et c'est en cela que l'art est utopique et promesse de bonheur HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn70" \o "" [70], et qu'il faut sauver le caractère d'apparence de l'art, fustigé comme fiction mensongère HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn71" \o "" [71]. Même si l'art dans sa distance ne participe pas directement à la réconciliation réelle, en apaisant ce qui résiste à sa mise en forme, il constitue un modèle de réconciliation irréelle HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn72" \o "" [72]. Il anticipe par la promesse de son apparence sur une praxis qui n'est pas garantie HYPERLINK "http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0014.htm" \l "_edn73" \o "" [73].             Cette réconciliation en image de l'art se lit aussi comme celle de l'âme avec le corps dont la séparation platonicienne - choris en grec - est souvent utilisée par Adorno pour la critiquer, en ce que les impulsions mimétiques se trouvent apaisées et organisées par l'esprit. Cependant, cette utopie de l'art n'est pas sans essuyer la contradiction d'une mise en forme et donc d'une certaine violence pour laisser parler et communiquer les éléments du réel. Cette contradiction lui donne sa tristesse et la convainc d'illusion là où elle cherche à tracer une possibilité : l'utopie ne se laisse pas dessiner positivement sous peine de ne pas en être une.             Les oeuvres attaquées par Adorno seront alors celles qui se résignent à consoler dans un monde qui continuera sans fin à perpétuer le malheur de certains. Serait-ce extrapoler que de dire qu'il semble qu'Adorno pense que cette différence d'attitude se retrouve dans l'oeuvre et la conscience de l'artiste en ce que les oeuvres résignées seront celles qui auront tendance à se conformer à un idiome établi, attendu du public, et manipulé à fin de consommation, alors que les autres se confronteront à l'idiome reçu pour sortir de l'immanence artistique, geste à rapprocher à celui de la sortie de l'immanence sociale.   1.2.3       Contexte particulier et problématique de la Théorie esthétique   Le monde dans lequel Adorno intervient au moment de la Théorie esthétique est caractérisé par lui-même comme l'époque de l'administration généralisée, où règne...

« 3.5.3 Le fétichisme de l'objectivation 3.5.4 Le fétichisme des moyens techniques 3.6 R ÉIFICATION 3.6.1 Affaiblissement et déformation de la capacité d'expérience 3.6.2 La nécessité et les risques de l'objectivation artistique 3.7 A LIÉNATION 3.7.1 Aliénation comme étrangeté à soi et comme puissance déterminante 3.7.2 Influence sur la sphère du divertissement 3.7.3 Influence sur la production artistique et l'art moderne 3.7.3.1 Le montage 3.7.3.2 La construction 3.7.4 Influence sur le contemplateur 3.8 B OURGEOISIE 3.8.1 Liberté partielle 3.8.2 Quatre grands principes bourgeois : conservation de soi, échange, propriété et travail 3.8.3 Idéaux bourgeois de l'art : réconciliation, satisfaction, intuition 4 LES CATÉGORIES DE LA TRANSFORMATION DU MONDE 4.1 P RAXIS 4.2 U TOPIE 4.3 C RITIQUE POLITIQUE 4.4 L UTTE DES CLASSES 4.5 F ORCES ET RAPPORTS DE PRODUCTION 4.5.1 Forces/rapports de production artistiques et forces/rapports de production sociaux 4.5.2 Les forces de production artistiques et les rapports de production 4.5.3 Progrès artistique 4.5.4 Le sujet collectif résistant non encore réalisé 5 CONCLUSION 6 BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 6.1 T EXTES D 'A DORNO TRADUITS EN F RANÇAIS 6.2 T EXTES EN FRANÇAIS SUR A DORNO 6.3 A UTRES TEXTES UTILISÉS 6.4 D ICTIONNAIRES UTILISÉS 6.5 H ISTOIRES DE LA PHILOSOPHIE UTILISÉES 7 NOTES 1.2 Situation : que faire ? 1.2.1 Contexte général : la domination et la raison Le monde tel qu'il est interprété par Adorno perpétue la domination de l'homme sur la nature, la sienne et l'extérieure [31] , dont les formes et les gestes sont naturalisés, comme s'ils répondaient à une fatalité sans fin, donc au mythe.

Une illustration en serait chez Marx, la critique de. »

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