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Férdinand Léger: Le mécanicien

Publié le 11/05/2011

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Plus tard qualifié de Belle époque, la période de la fin de XIXe siècle et, notamment, le début du XXe, a connu une vague d’innovation remarquable. Cette période de la foi dans le progrès a écrasé les paradigmes existants au niveau idéologique, social et esthétique, et par la suite elle a demandé les redéfinitions des hiérarchies qui seront un tournant décisif vers la modernité.    En quelques années, le monde connaît un grand bouleversement avec des jaillissements d’innovations majeures : électricité, téléphone, automobile, aéronautique, photographie, cinéma, vaccins, machines sophistiquées et en fait une religion. « Le monde a plus changé entre 1880 et 1914 que depuis les Romains « nous dit Charles Péguy, toute en illustrant l’enthousiasme et l’idéalisation du temps de l’époque.    Cette religion, toute en étant focalisé vers le progrès technique et l’automatisation du monde n’est, en effet, qu’une masque pour une nouvelle forme de l’anthropocentrisme. La machine, mise au centre de réflexion de l’époque, représente un fonctionnement parfait, même divin : elle travaille sans repos et sans faute, en plus, cette machine divine fait un travail à la fois pour et au lieu de l’homme et devient un exemple du Dieu apprivoisé.    C’est dans ce contexte-là que ce situe la plupart du corpus artistique de Fernand Léger. Son Mécanicien, peint en 1920, figure une réflexion et représentation mûrie de l’époque en question.

« matériel visé pour construire un monde de l'avenir à la Belle époque.

Ces nuances de gris au centre et des couleursau périphérique créent une relation rythmique entre le personnage et le fond et illustrent une certaine interaction,entre les deux – le fait d'être complémentaires. III. Cependant, l'étrangeté du mécanicien déborde le fait que lui-même, tout en étant mécanicien est aussi unemachine.

Observons la manière dont il est représenté. Léger peint un homme jeune et fort.

En pause du travail, il fume une cigarette dans une position de détente, habilléen débardeur qui montre sa physique et ses muscles.

On voit son visage de profil, qui accentue ses moustaches etun nez étendu.

Sur le bras droit il a un tatouage très simple de l'ancre qui, encore aujourd'hui, renvoie à un servicemilitaire fait dans le passé, or, c'est un symbole fortement masculin. Contrairement à ce côté masculin on ne peut pas s'empêcher remarquer une certaine féminité de cette figure.

Il peut travailler dans l'automobile, les chemins de fer, réparer ou conduire n'importe quellemachine à moteur, il l'a fait pendant la guerre qui vient de se terminer et continue de le faire à l'usine, mais il le faitavec des cheveux bien délicatement lustrés, des moustaches soigneusement peignés.

Si on s'approche au tableauau musée, on percevra même qu'il a de la couleur violette sur les yeux qui est un maquillage délicat.

Au premierplan, Léger montre la main du mécanicien.

Elle est, contrairement aux mains des mineurs de la première révolutionindustrielle, soignée puisqu'elle ne fait pas du travail physique, elle est même ornée avec deux bagues et elle tient lacigarette avec une certaine décadence.

Déjà la posture de détente montre que ce mécanicien est une personnedes couches hautes de la société, son teint pâle dont on a fait mention, renforce cette idée.

Ce mécanicien est unesorte de l'aristocrate de l'usine.

Il s'y trouve comme chez soi. Qu'on regarde le mécanicien du profil n'est pas une coïncidence.

Ses yeux sont fixés au loin et il semble êtredétaché.

Dans sa théorie du théâtre épique, Bertolt Brecht explique un principe théâtral qui permettra auxspectateurs de comprendre ses pièces.

Se positionnant à l'inverse du théâtre aristotélicien, le théâtre épique estfondé sur l'effet de distanciation (Verfremdungseffekt).

La tâche du spectateur est de se distancier de ce qui sepasse à la scène, d'en développer une pensée critique et d'y penser activement pour qu'il puisse se servir de cesavoir politique et esthétique dans sa vie sociale.

Pour illustrer cette idée, Brecht utilise la métaphore d'unspectateur dont la cigarette ne s'éteint pas.

Ce genre de spectateur fume sa cigarette pendant la durée de toute lapièce et reste entièrement dans le temps du réel. Le mécanicien de Léger risque de se faire éteindre sa cigarette.

C'est un individu tellement accoutumé àl'environnement mécanique qu'il se laisse emporter par son imagination pendant la pause.

Le mécanicien est lareprésentation d'un homme privilégié et parfaitement immergé dans un monde de l'avenir technique.

C'est unvisionnaire dandy qui présente une vision d'un homme nouveau, plus puissant et moins naïf.

"La figure humaine nem'importe pas plus que des clés ou des bicyclettes" dit Fernand Léger.

Il nie une longue tradition de l'homme et del'humanité et projette une vision utopique de l'époque mécanique ou un homme est défini par sa parfaite liaison avecl'inhumain.. »

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