Devoir de Philosophie

Francisco de Zurbarán

Publié le 28/02/2010

Extrait du document

Un garçon de quinze ans, fils de paysans du plateau d'Estrémadure (il est né en 1598, dans la grosse bourgade agricole de Fuente de Cantos), descend à Séville pour y apprendre, comme tant d'autres, le métier de peintre. Vie laborieuse d'artisan, tissée des joies et des peines communes : trois mariages, de nombreux enfants, des conflits d'intérêts, la gêne après l'aisance. Carrière brillante et décevante, à la courbe indécise. A des années obscures, où le jeune Zurbarán devient l'ami de Velasquez (leurs premières oeuvres "ténébristes" ont été parfois confondues) succède une ascension brusque. Entre 1625 et 1630, plusieurs vastes ensembles, pour la cathédrale (chapelle Saint-Pierre) ou pour des couvents sévillans (Dominicains, Merci, Collège franciscain de Saint-Bonaventure), affirment avec un éclat dur l'autorité d'un maître. Malgré les intrigues de rivaux, la municipalité l'invite à demeurer dans une ville qu'il honore. Maturité éclatante et précoce : un atelier nombreux, qui suffit à peine aux commandes, décore églises, cloîtres, sacristies, rayonne sur Séville et sur une vaste région : c'est pour les chartreux de Jerez et les hiéronymites de Guadalupe que Zurbarán peint les chefs-d'oeuvre d'un art plus aéré, puissant et calme. Consécration suprême : dès 1634, "peintre du Roi", il participe à la décoration du "Salon des Royaumes" au nouveau palais madrilène du Retiro. Mais à partir de 1640, on entre dans une pénombre croissante. Crise familiale après le second veuvage ? Crise professionnelle avec l'avènement du jeune Murillo, dont la grâce facile conquiert les Sévillans ? Recherche de débouchés nouveaux que font pressentir des envois fréquents au Pérou, de multiples séjours à Madrid ? Des tableaux d'oratoire (Christs de douleur, Saintes Familles, Saints François) remplacent les cycles monastiques, l'élégie succède à l'épopée ; des courbes plus suaves, un modelé plus fondu se dessinent, comme si le maître vieillissant cherchait à rejoindre le goût du jour. Zurbarán s'efface dans ce crépuscule mélancolique ; il disparaît en 1664, sans qu'on ait éclairci la date exacte ni le lieu de sa mort.

« LEMAITRE DU MYSTICISME DU SIÈCLE D'OR ESPAGNOL Avec Diego Vélasquez et Bartolomé Murillo , Zurbaran (1598-1664) est l'un des grands maîtres de la peinture espagnole du JMr siècle .

Symbole de l'ascétisme monastique , ce peintre d'Estrémadure crée de fait la synthèse parfaite entre les deux tendances dominantes de l'art espagnol , le réalisme et le mystidsme .

Son style novateur allie l'esprit de la Contre-Réforme au premier baroque italien.

Sa technique rigoureuse , son goOt pour la sobriété des compositions et la simplicité des fonmes lui valent ainsi d'être comparé à Piero della Francesca, Georges de la Tour ou Paul Cézanne.

S'il meurt dans la solitude et une grande pauvreté, son œuvre sera réhabilitée au cours du XX' siècle, influençant notammenL en France, l'art des cubistes .

Havbc (Art lnstitute, Chicago).

Fort admirée dès 1627 par ses contemporains , cette peinture est influencée par la technique du Caravage et le style de Vélasquez.

le réalisme du corps , assoc ié au drapé quasiment baroque du linge blanc lumineux.

contraste de façon dramatique avec les chairs ombrées et la pénombre du fond.

le corps torturé du Christ semble cependant apaisé .

Son visage impassible , sa tête légèrement inclinée et la puissante et chaude lumière semblent déjà annoncer la Rèsurrection .

A travers cette œuvre , 1-------------1 Zurbaran s'Inscrit également dans UN JEUNE PRODIGE DE LA PEINTURE L'APPRENTISSAGE A Stvlw • D'origine basque, Frandsco de Zurbaran est né en 1598 à Fuente de Cantos, dans la province de Badajoz , située en Estrémadure, dans le sud­ ouest de l'Espagne.

Dès l'age de 14 ans, il débute son apprentissage de la peinture dans l 'atelier de Pedro Diaz de Villanueva, à Sérlille , et se lie d'amitié avec Diego Vélasquez .

• Cinq ans plus tard.

soit à l 'age de 19 ans, il ouvre son propre atelier à llerena , dans la province de son enfance .

Il y épouse Maria Pilez , une femme d 'origine modeste, de dix ans son aînée et dont il aura trois enfants : Maria, Juan -qui deviendra peintre de natures mortes -et Isabel Paula.

Son activité de peintre semble assez modeste .

Il réalise des retables pour les églises de la région , des travaux artisanaux comme la dorure des brancards de la Vierge ou le plan de la fontaine octogonale de la Plaza Mayor de llerena .

• Vers 1625, après le décès de sa femme, il se remarie avec Beatriz de Morales .

A partir de 1626, son activité de peintre prend enfin de l'Importance.

Il signe un contrat pour la réalisation de vingt et un tableaux en huit mois pour la communauté des Frères prêcheurs de l 'ordre dominicain de San Pablo de Real, à Séville .

l'esprit de la Contre-Réforme.

Refusant les riches mises en scène, il opte pour un extrême dépouillement dans cette reprèsentation du Christ.

UN ARTISTE NOVATEUR RECONNU UN STYII ENTitE ltAuSME n MYSTICISME Au-delà de son héritage classique, Zurbar~n a su inventer un style nouveau .

Il réalise en effet la synthèse entre le réalisme et le mysticisme profond des peintres traditionnels espagnols .

Ses belles compositions architecturales épurées rappellent les grandes sculptures réalistes en bois polychromes, caractéristiques de l'art religieux espagnol.

Mais sa particularité se situe dans son apport d 'une touche nouvelle , proche du maniérisme .

Cette influence italienne est visible dans ses coloris et son rendu des plis amples des vêtements , madel ès par la lumière contrastée en clair ­ obscur.

Une des qualités essentielles de Zurbariln est ainsi de rendre expressifs , intenses et sensibles les objets les plus banals ou les reprèsentations de personnages immobiles sur un seul plan .

L'INFlUENCE DE LA (ONTH·RUOIME Zurbaran s'Inscrit dans la pensée de la réfonme catholique, ou Contre­ Réfonme , qui répond à la Réfonme protestante du xvr siècle .

Pour faire face aux critiques , l'Église veut repenser sa doctrine en fonction d'une interprétation plus précise des textes sacrès .

• le concile de Trente réuni par la papauté entre 1545 et 1563 définit un nouveau dogme .

Ce dernier se base essentiellement sur la Vulgate, traduction latine de la Bible par saint Jérôme , et prône un retour aux sources .

les images , et notamment la peinture , deviennent ainsi des instruments de la propagande catholique .

les artistes sont censès répondre à certaines codifications : les scènes doivent être claires et facilement déchiffrables pour le public; les épisodes doivent comporter uniquement trois ou quatre personnages .

!:objectif des reprèsentations picturales est alors la contemplation et la méditation .

Cette volonté engendre la création de natures mortes et de toiles sobres qui mettent en valeur l'aspect sensible de la religion.

• les toiles de Zurbaran reflètent ces principes dictès par Rome .

Il semble également suivre les nouvelles règles esthétiques rassemb lées par Frédéric Borromée dans De Piduro sacra .

Selon cet auteur, les saints doivent être reprèsentès pieds nus, l'exubérance et les richesses étant à proscrire absolument lA COMMANDE DE r' OIDIE DE LA MEICI la renommée du Christ en aoix.

sa première grande toile , penmet à Zurbaran d'élargir sa réputation .

En 1628 ,le couvent Nuestra Seilora de la Merced Calzada (Notre-Dame­ de-la-Merd -Chaussée) de Sévi lle lui commande vingt-deux toiles pour le cloitre du réfectoire .

le conseil munidpallui propose le titre de « maitre peintre », bien qu'il ne se soit jamais soumis aux examens exigès par la corporatio n.

Il s'installe alors à Séville avec sa famille et tous les membres de son atelier.

•Il peint en 1628 l'un des martyrs de l'ordre de la Merd, Silillf Sérwploll (Wadsworth Athenaeum, Hartford) , tué en 1240 , à Alger , parce qu'il convertissait des • infidèles » .

Dans cette œuvre, Zurbaran parvient à exprimer la grandeur du sacrifice et la noblesse du martyre sans reprèsenter la torture ou les blessures.

le visage et les mains, peints de faço n réaliste, semblent surgir entre la masse sombre du fond et l'Immense manteau blanc éclatant la composition rapprochée sur le haut du corps et l'espace sombre en haut du tableau illustrent tout le poids de la douleur endurée.

le visage paisible , les yeux clos et la bouche entrouverte du sainL associès au manteau.

quasiment en trompe l'œil, reflètent la pureté et l'élévation vers la sainteté .

UN MAÎTRE DE LA PEINTURE MYSTIQUE UNE ICONOGIIAPHIE DE LA (ONTIIE·RUOIME les thèmes iconographiques de Zurbaran s'Inscrivent dans la doctrine de la Contre-Réforme .

En effeL le candie de Trente insiste pour mettre en valeur certains épisodes bibliques .

Mais ce sont surtout les reprèsentations de la vie des saints qui sont conseillées .

leur existence pieuse et leur charité doivent être exaltées , afin de servir pédagogiquement à l'instruction du public.

Ces hommes et ces femmes deviennent ainsi des exemples pour la population .

• Entre 1550 et 1680 , les ordres monastiques se mu~iplient A Séville , seize couvents d'hommes et vingt et un de femmes sont en activité.

De plus, la multiplication des dons engendre la création de quinze fondations qui deviennent de véritables mécènes pour les artistes .

• la sensibilité des représentations de Zurbaran et son style novateur font de lui un peintre renommé.

Il est a lors reconnu comme le maitre incontesté de la peinture religieuse espagnole .

Son goOt pour le réalisme des corps et des volumes, pour l'austérité des reprèsentations et pour les contrastes puissants de lumière donne à ses peintures une grande force dramatique.

Ces qualitès, unanimement apprédées , lui penmettent d 'étendre son cercle de mécènes aux grandes familles de nobles andalous et aux grands couve nts qu'elles protégent A Séville, les prindpaux ordres monastiques UN PEINTIE DE IIODEGONES Zurbariln est également un maitre dans la reprêsentation d'objets inanimés appelés ,..,_es Celle forme spécifiquement espagnole de nature morte est associée à des scènes de la vie quotidienne.

Celle tradition s'Inscrit dans la volonté du concile de Trenle de proposer des supports à la méditation.

En elle!, dans de nombreuses toiles, Zurbariln conserve un espace pour la représentation d'objets de la vie quotidienne, de fruits ou de fleurs.

Ces bodegones sont généralement mis en valeur par sa mallrise des éclairages, inftuencée par l'art du ténébrisme.

font appel à Zurbaran et lui signent de lucratifs contrats pour de grandes réalisations .

le peintre y accomplit la majeure partie de sa production et de nombreuses pièces d'Importance.

Trois toiles reflètent plus prédsément l'apogée de son style .

EXPOSmON DU COIPS DE SAINT IONAVENTUH Pour le collége frandscain de Saint­ Bonaventure, Zurbariln achève une série de toiles commencées par Francisco de Herrera I'Anden.

Il crée Saint Bonaventure et l'ange (musée de Dresde) , Sain t Bonaventure et saint Thomas d'Aquin devant le audfix (musée de Berlin -perdu en 1945) eL surtouL I'ExposltloiJ Il• CINJIS lie sOif~ (musée du louvre, Paris) .

Dans ce superbe tableau, Zurbaran illustre l'hommage rendu au cardinal mort pendant le candie de lyon, en 1274.

la composition en diagonale regroupe une série de personnages contemporains de l'artiste, dont le roi d'Aragon, autour de la dépouille du défunt la perspective, les visages réalistes se détachant sur un fond sombre Entre 1625 et 1640, toutes ses reprêsentations de natures mortes illustrent une peinture claire et transparenle qui l'apparenle, pour certains auleurs.

à un Vermeer de Delft Le plus bel exemple se situe dans Plat wec citrons, panier wec oronges et tasse wec rose.

Celle nature morte est admirable par sa force et sa technique .

Zurbariln y peint une grande tasse blandle située sur une assiette vraisemblablement en étain et une rose posée délicalement sur le bord.

La puissance expressive, la plénitude et la forte valeur symbolique de ses reprêsentations naturalistes s'nnposent autant que la scène prinàpale.

Les objets immobiles peuvent alors être assimilés à des êtres individualisés.

De plus, Zurbariln est sans conteste un vrai génie dans le rendu des texJures.

pour ce qui est tant des objets que des animaux, des tissus, des fleurs ou des fruits.

Christ en croill.

1627 (The Art lnstitute , Chicago) .. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles