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Francisco Goya

Publié le 17/01/2022

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Francisco Goya est le plus grand peintre espagnol du XVIIIe siècle. Il se fait d'abord connaître par ses cartons de tapisserie et acquiert une grande notoriété par ses portraits. Cependant, il produira ses plus belles oeuvres après une grave maladie qui le laissera totalement sourd. Des peintures et gravures tout droit sorties de son imaginaire fantastique précèdent des satires de la haute société et des visions épouvantables des horreurs de la guerre. Les « peintures noires « de la fin de sa vie sont encore plus impressionnantes de force et de mélancolie.

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« ET cependant, la vie, l'œuvre et l'art de Goya résonnent au delà de son temps ct ont une por­ tée infiniment plus vaste que tous ces faits ne porteraient à le croire, en éclairant d'un jour sin­ gulier, par delà son époque, les événements de la nôtre et, par delà l'extrême individualité de son caractère, l'éternelle tragédie de la condition humaine.

Cet Espagnol espagnolissime a été autant et plus que tout autre un artiste et un homme dont la valeur dépasse les temps et les pays.

Sa vie, qui fut si agitée, nous paraît toujours et plus que jamais actuelle.

Son œuvre, dans son extrême diversité, restera toujours vraie, vraie de cette vérité poignante qui nous saisit plus que jamais en ce moment de l'histoire que nous sommes contraints de vivre.

Son art sera toujours d'autant plus actuel qu'il est en réalité de tous les temps.

Ce qui confère à sa vie, à son œuvre, à son art, leur valeur permanente, c'est qu'on y trouve d'un bout à l'autre cette opposition foncière qui se manifeste dans l'éternel et universel conflit du bien et du mal, du beau et du laid.

Son tempérament personnel, tout de contrastes, l'a rendu plus qu'aucun autre capable par là-même d'exprimer intensément la tragédie de son époque, qui ressemble tellement à la nôtre, en même temps que les aspects essentiels de la nature humaine de toujours.

Agité constamment entre les contradictoires, sensible sans cesse et partout à ce qu'il y a simultanément de beau et de laid dans les êtres, tel a été Goya depuis le début jusqu'à la fin de son immense production artistique; et c'est là ce qui donne à son œuvre son unité pro­ fonde et sa portée universelle.

' NULLE part, peut-être, cette perception simultanée dans un même objet de la grâce élégante de la jeunesse en fleur et de la hideur caricaturale d'une décrépitude virtuelle ou effective ne se manifeste avec plus d'évidence que dans le diptyque des Jeunes et des Vieilles du Musée de Lille.

Dans le premier de ces tableaux, sous un soleil radieux, deux belles jeunes femmes s'avan­ cent avec un petit chien qui leur fait fête.

Celle de gauche est brune avec une mantille noire, et celle de droite à la mantille blanche est une superbe blonde.

Derrière elles, des laveuses trem­ pent leur linge dans une eau courante, des enfants jouent, et une ville s'étend au loin sous la lu­ mière d'un beau ciel.

Que reste-t-il de tout cela dans le deuxième tableau? La ville et le soleil, et les laveuses, et le beau ciel ont disparu.

Et, sur un fond blafard, un spectre qui est celui de la mort s'apprête à balayer d'un seul coup deux horribles coquettes affreusement décharnées qui sont sans doute ce que l'âge a fait des deux majas fraîches et potelées de tout à l'heure.

Celle de droite a dû être blonde et se pare encore de voiles clairs, tandis que celle de gauche, sous la mantille noire qu'elle a conservée, n'a plus qu'une face de squelette.

c'EST dans toute l'œuvre de Goya que l'on retrouve de tels contrastes.

Dès la période de sa vie où, pendant une vingtaine d'années, il est à Madrid l'homme à la mode et jouit pleine­ ment de toutes les joies de l'existence, aussi bien qu'il peint les scènes les plus charmantes de ses cartons de tapisseries pour la manufacture royale de Sainte-Barbe ou les frais tableaux destinés à décorer l' Alameda de la duchesse d'Osuna, il grave d'après nature un Supplice par le garrot qui est déjà une atroce vision, ct d'après Velasquez un portrait équestre où les traits enfantins du petit prince Balthasar-Charles apparaissent comme prématurément vieillis.

Après la grave maladie dont il ne se rétablit en 1794 que pour rester désormais affligé de l'incurable tristesse des sourds, les fresques de San Antonio de la Florida et les portraits si doux de sa manière grise répondent dans son œuvre aux âpres planches des Caprices.

Pendant les années tragiques qui lui inspirent les .Miseres de la guerre ou d'hallucinantes scènes d'horreur ou de cauchemar, puis pendant la sombre époque de la restauration bourbonienne où ses portraits offi-ciels de Ferdi-. »

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