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Giuseppe Verdi

Publié le 26/02/2010

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Un célèbre historien de la musique médiévale, dans une dissertation aussi fine que brillante, avance cette singulière affirmation : "Dans l'Antiquité héroïque, dit-il, comme au cours du Moyen Âge chevaleresque, la même poésie plaisait à tous, tant au prince qu'au bourgeois, au chevalier qu'à l'homme du peuple. Le mendiant homérique charme d'un même hymne la table du roi et le repos de l'ilote. Le jongleur chantera la mort de Roland tant sur la place publique qu'au palais du roi. Au moyen des mêmes vers, d'une même mélodie, et avec le même succès, il soulèvera la même vague d'émotion et de compréhension." C'est une semblable universalité d'adhésion que nous reconnaîtrons à l'art de Giuseppe Verdi. Il fut donc poète du peuple, mais aussi poète héroïque de la nouvelle Italie, non pas tant par le sens patriotique que revêtent ses personnages ­ ce qui demeure un fait extérieur ­ que parce qu'il sut donner à la musique cette ardeur dont était pénétrée la littérature et faire de cet art, comme Giuseppe Mazzini l'avait passionnément souhaité en 1836, un puissant moyen de redressement moral et patriotique. Même la vie artistique de Verdi fut une vie héroïque. Sous l'apparente simplicité du paysan se découvrent des valeurs d'une portée universelle. Et le génie, une fois brisés les liens des conventions banales qui dominaient son temps, pourra tendre au seul but de créer un style. C'est ici que commence la vraie grandeur de Verdi. La voie que suit Verdi est magnifique et glorieuse, sans fatigue ni repos ; il se domine sans se révolter contre la tradition, il crée sans détruire. Aussi, sans aller au-devant des temps, ne parvient-il que dans sa vieillesse à la perfection de l'Oeuvre d'art, et, aidé de tous les progrès déjà réalisés, il présente l'expression la plus complète d'une certaine forme d'art à cette époque. Lorsque, à un certain moment de sa vie ­ comme chacun le sait ­ il affirme la nécessité d'un "retour à l'antique", c'est alors qu'il prend son vol vers l'avenir.

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« détruite, et Verdi presque fou de douleur.

Il part pour Busseto avec son beau-père et voudrait bien ne plusretourner à Milan.

Mais l'impresario réclame son opéra, l'opéra-bouffe ! Et lui, après avoir demandé inutilement larupture de son contrat, le termine...

mais l'opéra échoue misérablement le soir du 5 septembre 1840.

Durant sa vieentière, l'amertume de ce revers poursuivra le Maître ; seul et malheureux, il se livre au désespoir : avec cet échec,c'était aussi les espoirs placés dans le jeune Maître qui semblaient s'évanouir.

Verdi décide de ne plus jamaiscomposer.

Mais l'impresario Merelli lui garde une inébranlable confiance.

Ce fut la révélation de Nabucco toujoursavec la collaboration du même Merelli, qui le poussa, d'abord lentement, puis fougueusement, au travail musical.

"Onpeut dire que c'est avec cet opéra que débute ma carrière artistique", affirme Verdi et, en effet, Nabucco,représenté triomphalement à la Scala le 9 mars 1842, marquera pour lui le passage brusque de l'obscurité à la gloire. Puis viendront les autres Oeuvres, innombrables, Oeuvres de caractère franchement populaire, avec les Lombardi(1843) et jusqu'à Stiffelio (1850) ; dans nombre de ses Oeuvres, la puissance dramatique gagne en décision et envigueur, mais sans révéler encore une personnalité.

Années de gloire mais années aussi "d'écrasante besogneartistique", comme il le dit lui-même.

Un, deux, trois opéras par an ; pas un instant de répit pour écouter des voixplus intimes.

Et pourtant il apparaît clairement qu'il tend à dépasser les limites de l'opéra, au sens strictementthéâtral et professionnel du mot. Immédiatement après, autour de 1850, vient la période de véritable floraison artistique : Rigoletto, Traviata,Trovatore, dont l'éclat brise la monotonie conventionnelle du temps.

La musique de Verdi devient maintenant un artremarquablement humain.

Les trois opéras les deux premiers sont certainement supérieurs au troisième sontaccueillis par le public de façon assez diverse : Rigoletto et Trovatore trouvent un accueil favorable, Traviatasoulève une farouche hostilité.

Difficulté d'exécution ? Hésitation du public devant un sujet neuf ? (Nouvelleconception du drame, drame bourgeois d'ambiance et de mOeurs contemporaines ?) Peut-être l'échec vient-il detoutes ces raisons à la fois ; mais, si Verdi en souffre, il ne renoncera pas pour cela à son but et l'invincible fierté deson caractère ne l'abandonnera pas : "Hier soir (à Venise, en mars 1853), écrit-il à Muzio, la Traviata a fait "fiasco".Est-ce ma faute ou celle des chanteurs ? Le temps en jugera." Et plus loin : "J'admets la sévérité, j'accepte lessifflets, à la condition de n'être pas esclave des applaudissements." Rigoletto, bien que favorablement accueilli,n'échappe pas à d'injustes critiques. Mais dès 1848, à côté de douleurs et de désillusions terribles dans le domaine de ses aspirations politiques etpatriotiques, de nouveaux horizons s'ouvrent devant lui.

Ayant atteint à une aisance matérielle qui lui donnera lecalme nécessaire pour fournir une expression à de nouveaux idéaux artistiques, ayant affermi sa gloire et saréputation même à l'étranger (Paris le comprit, qui pourtant était alors la place forte de Meyerbeer), il peut, enfin,se libérer des conventions extérieures de la vie. La femme, à son tour, est maintenant entrée dans sa vie, avec la gloire, mais elle n'y tient que peu de place.

Lesétoiles de la scène et les dames de la meilleure société se le disputent.

Une femme, toutefois, lui dévoile le sens leplus secret de la vie, l'humanise, lui et son art : Giuseppina Strepponi, qui au début de sa carrière l'avait introduitdans les milieux musicaux de Milan et qui maintenant, à Paris où, de chanteuse à peine célèbre, elle avait passé,jeune encore, au rang de professeur de chant très estimée le guidait au moyen de son subtil sens pratique, de saclaire vision des choses.

Des premières années de leurs relations intimes jusqu'à leur mariage (1859), l'art de Verdi apénétré toujours plus avant dans l'âme féminine : ce sera l'apparition de ses créatures si palpitantes et si humaines: Louise Miller, Gilda, Leonora, enfin Violetta, chez qui le problème de l'amour et du péché prend la forme de l'art leplus pur.

Mais en 1859, année de son mariage avec la Strepponi, l'armistice de Villafranca brise tous les espoirs desItaliens et persuade Verdi éloigné de toute action politique de participer à la formation de l'unité italienne.

Dans lesacclamations adressées à Verdi, on voulut, à cette époque, résumer le vOeu de la nation, en détachant des lettresde son nom les initiales d'une expression alors fatidique : "Vittorio Emanuele Re d'Italia." Ainsi, en 1861, il accepte comme un devoir la députation (il accueillera pour la même raison, en 1874, le titre desénateur), mais en 1871, il décline l'offre de diriger le Conservatoire de Naples et, a cette occasion, formulequelques-unes de ses opinions sur l'enseignement, opinions qui sont l'expression directe de son expérience d'artisteet non des déductions spéculatives tirées d'un principe général.

Car Verdi ne fait pas de théories et ne raisonne pasdans l'abstrait : il peut être rapproché sur ce point de Claudio Monteverdi, qui soutenait que les musiciens nesauraient exprimer leurs propres convictions par un autre moyen que la musique.

Verdi se plaît à se nommer "unpaysan taillé à coups de hache, qui n'a jamais su exprimer un jugement qui vaille deux sous" ; toutefois, pourvucomme il l'était d'un instinct génial et d'un lumineux bon sens, il eut l'intuition de quelques vérités substantielles quitranscendent l'observation particulière, même si parfois il lui arriva de tomber dans les contradictions qui sontpropres au génie.

Nettement opposé à la musique instrumentale pure, son Quatuor pour archets devait faire grandbruit dans le monde de la musique, qui l'accueillit avec une faveur que la seule compréhension de sa valeur n'eût pasjustifiée. Durant la période agitée de recherche qui suit Rigoletto, Trovatore et la Traviata, le Quatuor et particulièrement laMessa da Requiem (à la mémoire d'Alexandre Manzoni pour qui Verdi avait toujours éprouvé une admiration sansbornes) représentent un résultat digne de cette période de purification.

La Forza del Destino (Pétersbourg, 1862),au contraire, n'est pas réussie : c'est un mélange de traits de génie et de vieux débris romantiques.

Les symptômessont évidents de la grande crise de préparation à une rénovation complète de l'art et de la culture, crise qui déjàavait amené Verdi à Aïda et qui va l'amener à Otello et Falstaff. A cette époque, Verdi est triste et fatigué.

Il n'y aura pas de paix pour lui qu'il n'ait résolu son véritable problème. »

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