GRÜNEWALD Matthias : LE RETABLE D'ISSENHEIM - LA RÉSURRECTION

« r GRÙNEWALDMatthias LE RETABLE D'ISSENHEIM LARÉSURRECTION 1512-1516 Peintre allemand Analyse ♦^ La composition figure un magnifique Christ ressuscité, sedétachant sur un halo doréaux contours vert émeraude : l'obscurité profonde de la nuit étoilée semble toute illuminée par cette apparition.

Le Sauveur, représenté avec une barbe et de longs cheveux blonds, s'élève ici dans le ciel et montre les plaies qui ensanglantent les paumes de ses mains ; il est enveloppé d'un grand suaire rouge, jaune et bleu, dont les plis tombent et s'enroulent en flottant.

La partie inférieure dutableau figure le sarcophage ouvert, avec un des morceaux du drap qui enveloppait Jésus retom bant sur un côté.

Aveuglés par la lumière crue, les soldats, allongés par terre, cherchent à proté ger leur visage de la lueur surnaturelle; au second plan un autre soldat, représentédevant un gros rocher, roule sur le sol,ébloui lui aussi par lerayonnement divin. Grùnewald n'a pas seulement traité ici, de manière bouleversante, le thème de la Résurrec tion mais aussi ceux de la Transfigurationet de l'Ascension : Raphaëldevait lier lui aussi ces trois thèmes dans sa Transfiguration, postérieure de quelques années au tableau de l'artiste allemand. Riche en contenu mystique et symbolique, la vision de Grùnewald montre un Christ doté d'un Ptcro MUSEE UNTERLINDEN 181c COLMAR XVIe siècle Huile sur toile 269 x143 cm m corps étrange — les proportions anatomiques sont incorrectes et les articulations trop accen tuées —, comme pour mettre en relief le carac tère divin du Rédempteur. L'œuvre U Ce panneau fait partie du retable exécuté pour lecouvent desAntonins d'Issenheim ; il est aujour d'hui conservé au musée de Colmar. Exécutée entre 1512 et1516, alors que lepeintre travaillait pour le cardinal Albrecht von Brandenburg, l'œuvre demeura dans le monastère durant plus de trois cents ans, malgré les pressions exercées au fil des ans par les empereurs successifs, tous désireux de l'acquérir. L'originalité et la magnificence du polyp tyque n'échappèrent effectivementà aucun, même si le nom de l'artiste fut parfois oublié et l'œuvre attribuée àDurer. Démembré pendant la Révolu tion française, leretable fut déplacé au collège de Colmar, afin de préserver son intégrité. C'est au cours de ce déménagement que le couronnement gothique fut égaré. En 1852, le retable fut finale ment installé dans l'église de l'ancien couvent domi nicain de Colmar. Le retable d'Issenheim ^ Le polyptyque de Grùnewald était probable ment destiné aux malades, pour lesquels il devait jouer un rôle thaumaturge.

Cet usage, lié au culte de saintAntoine, remonteeffectivement au haut Moyen Âge, époque de grandes épidémies. Grùnewald s'assura vraisemblablement, pour la réalisationde cette œuvre au programme iconographique extrêmement complexe, la colla boration d'un théologien: il pourrait s'agir de Du même peintre : PICTO 1£ @Nardini Editore. 1994. Liriade p ) à181bur l'édition française. 1994. Guersi, le précepteur du peintre allemand.Doté d'une structure transformable, ce polyptyque est composéde six panneaux— quatre mobiles, deux fixes — et d'une prédelle divisée en deux volets, également mobiles. Peint sur les deux faces, le retable devait pou voir se regarder ouvert ou fermé : il comportait, outre plusieurs sculptures, une imposante cor niche dorée de style gothique. Photo Giraudon. »