Herbert von Karajan (chef d'orchestre)

« comprendre, il s 'agit de politique au plus haut niveau." Le Führer lui-même affiche un certain mépris voire du dédain pour Karajan , considé­ rant que sa capacité à diriger de mémoire des opéras interminables n'a rien d'un exploit, mais est plutôt un signe d'incompétence.

Le second mariage de Karajan avec Anita Gutermann , d'as­ cendance juive, en octobre 1942, nuit également à ses perspectives de carrière.

Le musicien est démis de sa fonction à l'opéra d' Aix-la-Chape lle alors qu'il se trouve en tournée en Italie , mais il est autorisé à diriger , à Berlin , jusqu'à la fin de la guerre.

Au printemps 1945 , craignant des repré­ sailles pour sa collaboration avec les nazis , il se réfugie dans la région des lacs italiens .

L'interdiction Alors que, quelques mois avant la fin de la guer­ re, il dirigeait encore l'orchestre philharmonique de Vienne , il se trouve sous le coup d'une inter­ diction de diriger en Allemagne et en Autriche jusqu'à conclusion de l'enquête relative à ses activités sous le régime nazi.

Cela ne l'empêchera pas de prodiguer des conseils lors de la renaissance du Festival de Salz­ bourg (créé en 1877 à la gloire de Mozart), de diriger à l'occasion du Festival de Lucerne, d'en­ registrer des disques et de se produire en concert à la tête de l'orchestre philharmonique de Londres -avec le soutien du producteur de disques anglais, Walter Legge, d'EMI.

Son adhésion de la première heure au parti nazi et son absence apparemment totale de remords retardent sa réhabilitation.

Il continue de soutenir qu ' il ne s'était inscrit au parti nazi que pour consolider sa position à Aix , expl iquant sa décision en ces termes: «Entre moi et un pouvoir quasiment illimité, il y avait ce bout de papier...

aussi me suis-je dit au diable' et j'ai signé. » Les autorités ayant été convaincues que Karajan ava it seulement été guidé par son désir de faire de la musique dans des conditions opti­ males , il fut réhabilité vers la fin de 1947.

Le retour en grâce Dès lors, son ascension se fait à la vitesse d 'un météore.

On lui confère la direction des plus grands opéras ou orchestres du monde: Berlin , V i enne, Londres , Salzbourg et Milan.

Il est à l'ori­ gine de nombreuses représentations lyriques où se bousculent les chanteurs, notamment à l'opéra de Vienne entre 1956 et 1964; il enregistre une série brillante et apparemment inépuisable de disques , en particulier avec les orchestres phil­ harmoniques de Berlin , de Vienne et de Londres.

Porté par sa passion et par une énergie quasi­ ment surhumaine , il saute d'avion en avion , ne ralentissant jamais son rythme de travail , ou à peine dans les dernières années de sa vie.

En 1964, un incident l'écarte de l'opéra de Vienne pour treize ans, ce qui met fin à son rêve de réunir les six plus grands opéras du monde dans une structure administrative unique.

En revanche, ses liens avec le Festival de Salzbourg se poursuivent et se resserrent avec la création en 1967 du Festival de Pâques.

Le répertoire de Karajan , pour être particuliè­ rement vaste , ne néglige toutefois pas les opéras les plus populaires: le Chevalier à la rose de Richard Strauss , Tristan et Isolde , Parsifa l et les Maîtres chanteurs de Nuremberg de Richard Wag­ ner; Don Carlos , le Trouvère , Othello de Giuseppe Verdi et I.ncia di Lammermoor de Donizetti.

Il dirige également des œuvres plus lyriques au caractère dramatique moins marqué , comme la Flûte enchantée, le Mariage de Figaro et Don Juan de Mozart: il les porte à une perfection jusqu e-là inégalée, pour le plus grand bonheur du public.

Les enregistrements Les prodigieuses interprétations du maître sont passées à la postérité grâce à ses enregistrements.

Tous les amateurs de musique classique aux quatre coins du monde en possèdent des dizaines sur un total stupéfiant de 900 ...

Il a enregistré par exemple trois séries différentes de l'intégrale des symphonies de Beethoven et a donné des inter­ prétations incomparables des pièces et des opé­ ras de Brahms , Bruckner , Strauss , Wagner, Mozart, Sibélius , Mahler , Debussy et Verdi.

Grâce à son amitié avec Akio Morita , prési­ dent-. »