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Holbein : LES AMBASSADEURS

Publié le 14/09/2014

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holbein

Au premier plan des Ambassadeurs, entre les deux hommes, une forme tracée en diagonale confirme cette interprétation : plus grand que nature et représenté d'une façon délibérément déformée — et susceptible pour ces deux rai­sons de retenir davantage l'attention —, un crâne apparaît, répétition du motif peint en petite taille et sans distorsion sur le béret de Dinteville.

Certes, ce n'est pas la première fois qu'un artiste peint un crâne dans une oeuvre. Le crâne est même un motif extrêmement fré­quent dans la peinture, depuis la fin du Moyen Age : il est présent dans les Crucifixions, au pied de la Croix (c'est le crâne du premier homme, Adam, duquel est censé être sorti l'arbre dont on fit le bois de la Croix); on le retrouve dans les images de saint Jérôme, vieillard méditant sur la mort et se flagellant, thème fréquent au xvi' siècle; ou encore, de façon habituelle aussi, en grisaille, sur l'envers de retables qui, ouverts, montrent des scènes religieuses.

 

Mais, avec les Ambassadeurs, pour la première fois, un peintre introduit, à l'intérieur d'un tableau laïque, un crâne qui, d'une part, est de

holbein

« taille exagé rée e t, d'autre part, ne peut être identifié que par un effort de reconstit ution visuell e .

Ce tour de force ass imile l'œuvre à u n rébus, et i l donne d'autant plu s de puis ­ san ce au m ess age de cette derniè re.

D'aille urs, le p rocédé n 'est pas prop re à H olb ein : seize an s plus ta r d, à l a cou r d'A ngleterre égale­ m ent , le pein tre G uillau me Scro ts p eint Éd ouard V! à l'âge de neuf ans (L on dre s, Na tional Po rtr ait Gall ery), représe ntation a na­ mor phosée, c'est -à-dire défo rmée, des trait s d u j eune souverain , dont le s disto r sions s' effa­ cent quand on reg ard e l'œuvr e à t ravers un dispositi f spécia l.

l'anamorphose appara ît ainsi, certes comme un jeu des tiné à a mus er le spect ateur tout e n pro u vant la virtuosi t é de l' artiste, mais aussi comme u n moye n d'a tti­ re r l'attention du public sur un élément qui livre la clé du tableau et, en que lque sorte, s a m or ale.

Les Ambassadeurs est une pein­ ture à l'huile sur un panneau de bois pres que carré , de 207 cm de haut sur 209,5 cm de l arge .

L'œuvre est signée et datée : lohannes Holbein p ingebat (peignait ) 1533.

Rappo rté sur le continent , sans doute par Jean de Dinteville , le pan­ neau se trouvait au château de Po lisy jusqu 'en 1653 , date à laquelle il fut transporté à Paris.

Il est conservé aujourd 'hui à la National Gallery de Londres.

Rébus au crâne, revus d' un dip t yque de jan Provoost , 1522 (Bruges, Musée Memling).

L'ana morp hose d11 crâne , dans les Ambassadeurs, constitue auss i une ma nière de r ébus à p ropos de la mort.

Les Ambassadeurs, Hans Holbein , 1533 (Londres, National Gallery).

Hans Holbein Fils cadet du peintre Hans Holbein l'Ancien (entre 1460 et 1465-1524) et membre le plus important de la dynastie des peintres Holbein , Hans Holbein le Jeun e est né à Augsbourg , en Allemagne , en 1497 ou 1498 .

Formé par son père et peut-être par le peintre Hans Burgkmair , artis te ouvert aux innovations de la Renaissance italienne, il s ' établit à Bâle à partir de 1515 -1516.

L à , il se marie , devient l'ami d 'Érasme dont il illustre l'En com ium Moriae (/'Éloge de la Folie , Bâle, édition de 1515) , exé ­ cute les portra i ts de membres de la haute bourgeoisie commerçante , ainsi que des décorations murales (perdues ) et des œuvres religieuses .

En 1526 , la ville étan t pass ée dans le camp de la Réforme , Holbein s' exile en Angleterre , sans doute sur les conseils d 'Érasme , qui le recommande à Thomas More.

Il demeure à Londres , où sa renommée de portraitiste s'étend rapi ­ dement (Sir Thomas More, New York, F rick Co llection , par exemple).

Revenu néanmo ins à Bâle en 1528, il ne peut plus déso rmais peind re q ue des p ortrai t s et des d éco rs de faça de, la peinture religieuse étant réprouvée par les calvinistes .

Déçu, il voyage en Italie et repart finalement pour l' Angle terre , définitivement cette fois, en 1532 .

Là encore , il travaille comme port raitiste et décorateur .

Le roi Henr i VIII lui accorde sa protection , et il exécute pour lui des miniatures, livre des esquisses pour des pièce s de joaillerie , en même temps qu'il représente le roi lui-même (Rome , Galerie Barberin i) et les per­ sonnes de son entourage (Anne de Clèves, Paris, musée du Louvre; les Ambassadeurs ...

).

Il meurt , à l'apogée de sa force et de sa gloire , en 1543 , de la grande peste qu i ravagea Londres .. »

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