La Cène de Léonard de Vinci

« Analyse • Cette œuvre pariétale figure les apôtres, dis­ posés par groupes de trois autour du Christ, lui­ même assis au centre d'une longue table.

Jésus regarde ses disciples et proclame : « En vérité, je vous le dis, l'un de vous me trahira.

» Le peintre s'est attaché à montrer les émotions, les « senti­ ments de l'âme » que suscite chez les disciples cette déclaration inattendue et boule versante.

Leurs gestes sont agités, leurs visages expriment la stupeur et l'e ffroi.

Contrairement à la plupart des artistes qui ont illustré ce thème de la Cène , Léonard de Vinci n'a pas voulu isoler la figure de Judas, et l'e xtraire du groupe pour montrer le rôle décisif joué par l'apôtre dans l e drame du Christ.

Il a préféré i soler le Sauveur et mettre ainsi l'accent sur le caractère absolu du drame qui est sur le point de se dérouler.

Les peintures de l'église milanai se de Sainte­ Marie-des-Grâces ne doivent rien aux fameuse s « Cènes » de Ghirlandaio ni, de manière géné­ rale, à l'école florent ine, auprès de laqu elle s'est formé Léonard de Vinci.

Bien qu'admirables, les « Cènes » de Ghirl andaio se ratta c hent en effet à une tradition pictura le que le Toscan s'effo rça it de bouleverser depuis des années à travers de nou velles expériences.

L'œuvre C Ludovic le More, vers 1494 , chargea Léona rd de Vinci de réaliser les fresques du mur fronta l du réfectoire de l'église de Sainte -Marie-des-Grâces , à Milan.

Le mur faisant face à l'œuvre de Léona rd fut occupé par une grande Crucifixion, réalisée par l 'artiste milanais Donato Montorfano.

L'exécution de la fresque fut précédée par une longue série de dessin s prépa ratoir es, conservés pour la plupart à la Royal Library de Londres.

Une fresque très fragile + Léonard est connu pour ses expériences pic- 1612 une copie de la fres que .

Le manque de com- turales h asardeuses .

La Cène est une de ces pétence et la compréhension erronée de la œuvres risquées : l'artiste n'a pas emp loyé exacte- technique picturale ont malheureusement men t 'la technique de la fresque, qui exige des conduit, dès le XVIIe siècle, à des erreurs de res- temps · d'intervention assez rapides, préférant tauration.

Il a fallu atte ndre 1904 pour qu 'un exa - fixer la couleur sur la paroi avec des liants organi- men chimique atten t if de l'œuvre révèle la nature que s qui permettaient plusieurs interventions suc- du procédé employé par l'artiste : la détrempe cessives.

Ce procédé accéléra la détérioration de forte.

Cette découverte ne préserva pourtant pas l'œuvre.

Déjà, le cardinal d'Aragon témoignait La Cène de nouvelles mésaventures.

Bombardé par écri t, v ingt ans après l'achèvement de La pendant la Seconde Guerre mondiale , le réfec- C ène, de son admiration pour la réalisation de toire de l'église milanaise fut partiell ement Léonard, tout en regrettant son mauvais état de détruit et la peinture de Léon ard resta exposée conservation ; quant à Lomazzo, il affirmait en pendant longtemps aux agents atmosphériques, 1584 que «la peinture [était] entièrement abî- qui finirent par la réduire à un voile.

La Cène mée».

Constatant pour sa part que l'origjnal était est maint ena nt inscrite sur la liste du Pat rim oine en train de disparaître totalement, le cardinal mondial de l'Unesco et fait l'objet d'une restaura- Federico Borromeo décida de commander en tion minutieuse.. »