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La double vie de Hugo Pratt, alias Corto Maltese

Publié le 05/12/2018

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hugo

Né à Lido di Ravenna, près de Rimini (Italie), le 15 juin 1927, d’une famille avant tout fixée à Venise, Hugo Pratt a connu une jeunesse plutôt mouvementée : à l’âge de 10 ans, il rejoint son père nommé fonctionnaire colonial en Abyssinie (Ethiopie), et il sera lui-même enrôlé de force dans la police coloniale en 1941 - il a alors 14 ans ! Rapatrié l’année suivante à Venise, il est contraint par les Allemands à s’engager dans la police maritime, mais il choisira l’autre camp, celui des Alliés, et participera à la libération de Venise en 1945.

 

Il rencontre alors Mario Faustinelli, éditeur de la revue Asso di picche, et entame sa carrière de dessinateur, chargé essentiellement des crayonnés, aux côtés d’une riche équipe, qui comprend Dino Battaglia, Alberto Ongaro (qui deviendra romancier), Damiano Damiani (cinéaste), Franco Basaglia (psychiatre). Il ne résiste pas à l’invitation qui lui est faite de venir travailler en Argentine et s’embarque pour Buenos Aires en novembre 1949. Tout en menant la « vie de bohème », il reprend Junglemen (commencé par D. Battaglia, sur un scénario de A. Ongaro), crée le Sergent Kirk, écrit, en 1959, son premier scénario, Ann de la jungle, puis Capitaine Cormorant, Wheeling, et « rentre au pays » en 1962, après avoir refusé un contrat américain (pour continuer le Zorro d’Alexandre Toth).

Avec la mort de Hugo Pratt,

 

le père du héros de bande dessinée Corto Maltese, l'Italie a perdu son plus grand « romancier » populaire depuis Emilio Salgari, et la littérature, l'un des plus féconds créateurs de mythes contemporains. Aventurier lui-même, tout comme son personnage fétiche, et véritable puits de culture - sa bibliothèque compte plus de 35 000 ouvrages -, il s’est créé une double vie,

 

où les exégètes auront bien du mal à démêler la part du réel de celle du rêve.

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