LA LAITIÈRE de GREUZE

« lA lAITIÈRE XVIIf siècle Vers 1780 Peintre français Toile 106 x 86 cm ----------------------~----- Analyse ~ La laitière est une jeune fille attrayante ; elle est appuyée avec une certaine langueur sur son cheval et semble lancer à l'observateur un regard provocateur et quelque peu narquois (que l'on retrouve aussi dans la tête du cheval).

La robe au décolleté généreux, la position des mains qui tiennent souplement les rênes contribuent à don­ ner à la scène un côté assurément sensuel.

On retrouve le même type de femme que dans La Cruche cass ée où une fillette porte au bras une cruche brisée, allusion probable à sa virginité perdue.

Greuze semble s'inspirer pour ces deux tableaux de la personnalité de sa maîtresse , Gabrielle Babuti, aussi adulée qu'effrontée, dont les infidélités étaient connues de tout Paris.

Le tableau évoque tout autre chose que l'innocence spirituelle illustrée par Greuze dans d'autres œuvres d'inspiration morale ; il suggère bien plutôt la sensualité légère des œuvres de Bou­ cher, comme dans L'Odalisque.

On peut y voir un témoignage des contradictions qui caractérisent l a sensibilité du XVIIIe siècle, oscillant toujours entre la recherche de la vertu et « l'abîme de la perdition des sens ».

La peinture de Greuze marque certainement non seulement une nou­ velle orientation artistique mais aussi la nais­ sance d'une morale différente.

Ses tableaux, en effet, décrivent des scènes familières , un monde de gens simples et bien élevés .

Greuze fait l'apo­ théose des bons sentiments (souvent sans tenir compte du bon goût) et de la respectabilité de la fami lle bourgeoise.

Ces éléments alimenteront beaucoup les polémiques contre les frivolités du rococo qui d'ailleurs seront bien vite emportées par les clameurs de la Révolution .

Greuz e conti ­ nua à avoir du succ ès par ses thèmes inspirés du quotidien et du théâtre bourgeois jusqu'à ce que l'astre néo-classique naissant -David -vienne définitivement masquer sa renommée.

L'œuvre C Le tableau est entr é au Louvre grâce à un legs de la baronne Nathaniel de Rothschild en 1899 .

Il ne porte aucune datation mais grâce aux analyses stylistiques , on peut le dater des environs de 1780.

R.M .N .

() La Cruche cass ée, musée du Louvre , Paris.

Du mêm e peintre : PIC TO 551 à 554 Photo R.M.N .

© Nardin i EditOfe , 1991.

VPC Laro u sse - Laffont pour l'édition française, 1991 .

R2..Q5.17. »