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La mosaïque : DE L'ART DÉCORATIF A L'ART POUR L'ART

Publié le 22/08/2013

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LES TEMPS MODERNES

LE XIXe SIÈCLE 

La massique renaît en tant qu'art monumental et en tant que création artistique à partir de la seconde moitié du xixe siècle. La rencontre entre 111 Charles

Garnier, architecte de l'Opéra de Paris, construit entre 1862 et 1874, et le mosaïste italien Gian Domenico

Facchina, est un des moments essentiels de cette renaissance.

Pour répondre aux exigences de coût et de temps imposées par Garnier Facchina crée une nouvelle technique : au lieu de disposer les tesselles une par une sur la surface à décorer, on effectue le travail en atelier en collant les tesselles à l'envers sur des supports carrés en papier après une division du motif ornemental en sections de même dimension. Les supports garnis sont transportés sur place et posés sur un lit de ciment. Il ne reste plus qu'à décoller le papier posé sur la surface des tesselles pour que la mosaïque apparaisse.

« • La mosaïque se diffuse alors dans l'ensemble des provinces de l'Empire.

Du u • au v• siècle, l'école nord-africaine (Maroc, Algérie , Tunisie, Libye) impose un style particulier marqué par une grande liberté de création et de recours à la couleur, appliquée à des éléments décoratifs géométriques et végétaux associés à une abondante imagerie mythologique.

Les mosaïques du Ill ' siècle de Timgad , en Algérie, constituent des exemples uniques de polychromie .

Lu MOSAIQuu PAJ.iocHIIhiENNEs • Au cours de la période qui s'étend de l'édit de Constantin (313, liberté de culte) aux premières invasions arabes (vu• siècle) s'épanouit la mosaïque paléochrétienne , qui se caractérise par un processus d'hybridation de l'inspiration chrétienne et des représentations propres à la mythologie du monde classique .

• La mosaïque s'étend à cette époque du sol aux murs et aux voûtes.

L'abandon des contraintes fonctionnelles et décoratives propres à la mosaïque de pavement la nouveauté du message exprimé ainsi que l'emploi de tesselles d 'or et de verre concourent à susciter une révolution technique et esthétique, tout d'abord avec la mosaïque paléochrétienne, puis avec la mosaïque christiane-byzantine .

• Les mosaïques de la fin du IV' siècle qui revêtent les murs des églises Sainte-Marie-Majeure et S.hlte· Coast•IICe, à Rome, sont des exemples de ce nouveau style de mosaïque.

RAVENNE • C'est à Ravenne, capitale de l'Empire romain d 'Occident (402-476), puis siège d'un des deux exarchats byzantins.

entre le v• et le VI' siècle , que la rencontre entre le réalisme spirituel paléochrétien et le mysticisme chromatique de l'art byzantin naissant engendre des chels-d'œuvre de la mosaïque .

Ces mosaïques murales et de voûte sont le plus souvent composées de tesselles d'émaux et d 'or qui privilégient la lumière et la couleur .

• Si les Anciens avaient modelé les images en jouant du clair-obscur, les maitres mosaïstes de Ravenne les obtiennent à partir des couleurs et non des lignes .

• Plusieurs édifices de Ravenne, comme le mausolée de Galla Placida (v• siècle) , les basiliques de Saint -Apollinaire-in­ Classe, S.lllf-ApoiiiHin-le-Nellf et Saint-Vital (VI' siècle) , présentent des mosaïques de ce type .

Lu MOSAIQUES IYIANTINES • Si la mosaïque romaine consistait en un pavement formé de tesselles en pierres de couleurs assez peu variées et opaques, la mosaïque byzantine est principalement murale et utilise une gamme beaucoup plus riche et plus intense de tesselles en matériaux vitreux.

• Comme elle devait satisfaire des exigences fonctionnelles précises -elle faisait office de tapis -.

la mosaïque romaine présentait une surface lisse et régulière , obtenue en polissant les tesselles .

Esthétiquement la composition et la disposition des motifs représentés étaient conçues en tenant compte du fait que l'observateur, qui marche sur les mosaïques, les regarde d'en haut d'assez près et sous des angles qui se mod ifient au fur et à mesure de son déplacement La mosaïque murale byzantine , qui ne répond à aucune exigence fonctionnelle, présente une surface irrégulière formée de tesselles vitreuses enfoncées plus ou moins de biais par rapport au plan et non polies, afin de mieux réfracter la lumière .

Les mosaïques sont conçues pour être vues d 'en bas et de loin, avec des variations moindres de l'angle de vision .

• Du fait de la légère inclinaison des tesselles ainsi que de la nature et de la couleur des matériaux utilisés , la lumière est dans les mosaïques byzantines, partie intégrante de l'œuvre.

L'emploi de fonds d'or à la place des fonds blancs de l'art antique est caractéristique de l'art byzantin .

Des exemples de cette école se trouvent dans la basilique Sainte­ Sophie à Istanbul (mosaïques réalisées entre le IX' et le Xli' siècle), dans la cathédrale de Monn•le en Sicile (fin du Xli' siècle) et dans la basilique Saint ­ Marc.

à Venise (entre le Xl' et le xv• siècle) .

W PAVEMENTS MBllhAUX • Au cours du Moyen Age, les abbayes bénédictines et les cathédrales romanes perpétuent la tradition de la mosaïque de pavement en créant des œuvres originales, tant par leur technique d 'exécution que par leur répertoire d'Images.

Celles-d représentent dans un cadre de dessins géométriques, des scènes bibliques, des animaux fabuleux , des dragons et des scènes de légende, parfois mêlés.

• Les matériaux utilisés sont des marbres récupérés dans les ruines romaines ainsi que des matériaux plus pauvres disponibles localement Les tesselles atteignent parfois 4 cm de côté .

• Parmi les exemples représentatifs de cet art particulier figurent les pavements du xu• siècle de l'abbaye de G•lltlfOble (Alpes-de-Haute-Provence) et ceux de la cathédrale d'Otrante , dans les Pouilles , en Italie .

lA K PEINTIIIE POUl L'miNITt » • La fin de l'art de la mosaïque byzantine coïncide avec le lent et long déclin de la mosaïque en tant qu'expression artistique autonome .

À partir du XIV' siècle, la mosaïque devient progressivement une technique au service de la peinture .

• À la fin du X lii ' siècle , les mosaïques de Piero cavallini, dans l'abside de Sainte-Marie-du -Trastevere, à Rome , et celles del«opo Torrltl, dans l'abside de Sainte-Marie­Majeure , à Rome , illustrent cette nouvelle tendance picturale .

Celle-ci s'impose à partir du xv• siècle à Rorence où la mosaïque est trés prisée par Côme, Pierre et Laurent de Médicis.

En 1425 , la république de Venise engage en tant que maîtres mosaïstes des peintres florentins comme Paolo Uccello et Andrea del Castagno.

L'intervention de ces artistes contribue à la naissance, à Venise, d 'une nouvelle école de mosaïque qui remplace la précédente , de tradition grèce-byzantine .

Michele Giambono, auteur des mosaïques de la chapelle des Mascoli, dans la basilique Saint-Marc.

est le premier grand représentant de cette école .

• Une des mosaïques les plus connues du XIV' siècle, réalisée dans Saint-Pierre de Rome et appelée la Novice/la (v.

1485) , est signée de Giotto.

Il ne reste de cette œuvre que les deux médaillons latéraux qui représentent deux anges.

• C'est à propos de la mosaïque de l'Annonciation , réalisée par Domenico Ghirlandaio pour la cathédrale de Rorence en 1491, que Giorgio Vasari , dans Vies des plus grands peintres , sculpteurs et architectes , fait dire à l'artiste : « La vraie peinture pour l'éternité est la mosaïque .

• Cette phrase est depuis lors restée le manifeste de cette école de mosaïque.

• Au XVI' siècle, la collaboration du Titien avec la famille de mosaïstes­ peintres Zuccato fait de Venise le grand centre de la création de mosaïques .

Sebastiano Zuccato, qui a enseigné ses premières notions de peinture au Titien, ses fils Valerio et Francesco ainsi que son petit fils Arminio exécutent de grandes mosaïques murales sur des cartons du peintre, notamment le Martyre de saint Vidor , dans la basilique Saint -Marc.

·Au XVII' siècle, Rome devient à son tour le centre de la production de mosaïques , grace à l'encouragement que le Vatican donne à cet art.

C'est ainsi que d'immenses mosaïques sont réalisées dans la chapelle Clémentine, la chapelle Grégorienne et la coupole de la basilique Saint-Pierre .

Des artistes reproduisent en mosaïque des tableaux de maitres avec une étonnante virtuosité .

• C'est l'époque de ce qu'on appelle la « peinture de pierre » ou « peinture pour l'éternité» qui, si elle permet à la mosaïque de survivre , la relègue en même temps à une fonction subordonnée .

Le pape Urbain VIII (1623-1644) donne une impulsion décisive à la mosaïque en tant que « peinture de pierre » en décidant de remplacer les tableaux sur toile des collections vaticanes , constamment menacées par l'humidité , par des copies en mosaïque.

Ce gigantesque travail de reproduction est confié à un important groupe de mosaïstes dirigé par Gian Battista Calandra .

• En 1727 , Pietro Paolo Cristofari, nommé au poste de surintendant des mosaïques , fonde la Révérende Fabrique de Saint-Pierre .

La mosaïque comme « peinture de pierre » atteint alors son apogée.

• En 1731 , Alessio Mattioli invente un procédé de fabrication qui permet aux mosaïstes du Vatican de disposer de 15 000 couleurs pour leurs tesselles.

• L'activité des mosaïstes du Vatican se poursuit pendant tout le XIX' siècle, soutenue par les papes successifs .

Des innovations relatives aux matériaux employés permettent à certains d'entre eux de réaliser des mosaïques miniatures exécutées avec des tesselles faisant à peine 1 mm de côté.

L'atelier de mosaïque du Vatican est toujours en activité .

LES TEMPS MODERNES LE XIX' SltClf • La mosaïque renaît en tant qu'art monumental et en tant que création artistique à partir de la seconde moitié du XIX' siècle.

La rencontre entre Charles Garnier, architecte del'~,.

tlel'rlris.

construit entre 1862 et 1874 , et le mosaïste italien Gian Domenico Facchina , est un des moments essentiels de cette renaissance .

• Pour répondre aux exigences de coût et de temps imposées par Garnier, Facchina crée une nouvelle technique : au lieu de disposer les tesselles une par une sur la surface à dècorer , on effectue le travail en atelier en collant les tesselles a l'envers sur des supports carrés en papier après une division du motif ornemental en sections de même dimension .

Les supports garnis sont transportés sur place et posés sur un lit de ciment Il ne reste plus qu'à dècoller le papier posé sur la surface des tesselles pour que la mosaïque apparaisse.

• Des familles entières de mosaïstes italiens, originaires du Frioul comme Facchina, émigrent pour fonder leurs ateliers aux quatre coins du monde .

Des exemples de cette renaissance de la mosaïque monumentale sont visibles dans la basilique du Sacré-Cœur à Paris , la basilique de Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille, le Parlement de Bucarest la cathédrale Saint-Paul à Londres , le palais impérial de Potsdam et la résidence Vanderbilt à New York.

LE XX' SltClf • Au début du xx• siècle, certains artistes intègrent la mosaïque à leurs œuvres .

Le peintre viennois Gustav Klimt réalise ainsi certaines de ses créations en mosaïque de marbre, verre et pierres semi -prédeuses , comme dans le palais Stoclet à Bruxelles (1905-1909).

À Barcelone, l'architecte catalan Antoni Gaud! fait revêtir de mosaïque d'Immenses surfaces d'édifices qu'Il a conçus , comme le ,.re Giiell (19ü0-1914) et la basilique de la Sagrada Familia, commencée en 1884 .

• La mosaïque s'Impose comme un art majeur et le mosaïste passe du statut de simple artisan exécutant à celui d 'artiste-créateur qui conçoit et réalise ses propres œuvres .

Le peintre italien Gino Severini (1883-1966), rattaché au mouvement futuriste , est le principal artisan de cette renaissance de la mosaïque en tant qu'expression autonome dans l'art contemporain.

• Fernand Léger (1881-1955) réalise en 1955 une mosaïque monumentale qui rend hommage à la paix à l'hôpital mémorial de Saint-Lô.

Marc Chagall (1887-1985) réalise en 1969 pour l'université de Nice une mosaïque de 11 rn de long sur le thème d'Ulysse .

Niki de Saint Phalle (193ü-2002) crée de nombreuses sculptures en mosaïque, comme le Monstre du Loch Ness (1993), recouvert de fragments de miroir.

LA MOSAIQUE SPONJANitE DE PICASSI01E • L'exemple contemporain le plus significatif d'emploi de la technique de la mosaïque dans l'art spontané -ou l'art na'lf- est l'œuwe de Raymond Isidore, dit • Picassiette •.

Ses matériaux de prédiledion sont les débris de vaisselle récupérés dans les dé. »

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