La musique est-elle un instrument privilégié d’asservissement ?

« Derrière la musique militaire, Monsieur Dupont s’en va en guerre. Et tant qu’il y aura des hommes, ils suivront le clairon qui sonne « écrit, dans sa chanson Musica (1981) le chanteur populaire Michel Sardou. Une chanson légère pour des paroles fortes de sens et rejoignant, en un sens, Tolstoï qui considérait la musique comme un instrument privilégié d’asservissement et de manipulation des masses. La musique militaire est ainsi suivie par ce quidam, ce monsieur Tout-le-monde, qui ne semble pas l’avoir décidé mais se laisse bien entraîner, véritable mouton de Panurge au milieu du troupeau.

C’est là une double question qui se pose à toute personne lisant cette théorie : la musique a-t-elle réellement un pouvoir d’asservissement ? Si oui, n’est-elle pas dans le même temps, comme l’ont écrit de nombreux intellectuels, un instrument d’expression, de libération ou d’individualisation ?

C’est dans cette contradiction qu’on peut réellement apercevoir tout le pouvoir du 5^ème art et c’est justement cela que nous allons tenter de comprendre en analysant dans un premier temps, en quoi, effectivement, la musique est un puissant moyen d’asservissement (I) avant d’étudier, ensuite, comme ce pouvoir peut se retourner contre les « dominants « ou esclavagistes (II) (dans le  cas de Tolstoï). Dans une dernière partie, nous verrons comment, malgré tout, la musique reste intrinsèquement une pratique et un phénomène collectifs et incite donc, par nature, à rejoindre des mouvements de groupe (III).