La musique tiraillée entre art et commerce .. la culture de masse et les petits créneaux confrontés aux lois du marché
Publié le 27/03/2019
                            
                        
Extrait du document
                                Dans les années 80, la production de la musique pop est modifiée par des innovations techniques révolutionnaires, ce qui lui donne accès à de nouveaux marchés. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la musique d'avant-garde ne cesse de perdre de l'ampleur. la réflexion l'emporte sur la composition qui se fait rare. les théâtres musicaux recherchent de nouvelles sources de financement, faute de subventions suffisantes.
La révolution digitale qui s'opère dans les studios d'enregistrement change complètement les conditions de production. L'utilisation d'ordinateurs permet maintenant de faire de la musique sans musiciens. Chaque musicien maîtrisant des bases d'informatique est en mesure de fabriquer de la musique pop, vite et pas cher, et de la publier en qualité de son digital. De nouveaux groupes pop et de nouveaux interprètes solos inondent le marché par centaines. Nombre d'entre eux connaissent d'éphémères succès dans les hit-parades, pour retomber ensuite dans l'anonymat. la déclaration de l'artiste de pop-art Andy Warhol ne tarde pas à se vérifier : « Tout le monde peut devenir célèbre, ne serait-ce que pendant quinze minutes ». Les années 80 célèbrent d'ailleurs le triomphe de la vidéo musicale, changeant la scène de la musique pop et créant de nouvelles lois de marché : une place dans les hit-parades est désormais impensable si la chanson ne s'accompagne pas d'un vidéo-clip. La musique pop se transforme complètement en une musique visuelle, où les images sont aussi importantes que la musique. Une nouvelle génération de musiciens est projetée sous les feux de la rampe : ils sont à la fois compositeurs, arrangeurs, informaticiens et mannequins. Le duo britannique des Pet Shop Boys illustre le mot d'ordre du marché, dans un de leurs textes, par une formule simple et habile : « Je suis intelligent, tu présentes bien, on va se faire un paquet de fric ! » le duo allemand Mili Vanilli, dont la récompense musicale qu'ils avaient reçue avait été contestée, déclenche l'indignation lorsque l'on découvre qu'aucun des deux « chanteurs » n'avait chanté ni joué sur leurs disques. leur producteur Frank Farian avait eu recours à des « musiciens fantômes », et n'avait engagé les deux interprètes que parce qu'ils étaient photogéniques.
Michael Jackson et Madonna deviennent des megastars. Apparues avec
l'exploration approfondie du marché musical, les premières « megastars » de la pop débarquent dans les années 80. Leurs ventes pulvérisent tous les records précédents. Michael Jackson, issu du groupe qu'il formait avec ses frères et sœurs, les Jackson Five, devient un être artificiel à la suite de multiples opérations de chirurgie esthétique. Perpétuellement nostalgique d'une éternelle jeunesse, il devient le Peter Pan des temps modernes. Des chorégraphies acrobatiques, sa célèbre Moonwalk et des clips-vidéo très travaillés, font de lui une idole de la pop.
                                «
                                                                                                                            Une  comédie 
musicale à succès  dans les années  80 : Cats  d'Andrew  Lloyd  Webber.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le compositeur  s'est 
inspiré  du recueil  de poèmes  de T.S.
                                                            
                                                                                
                                                                     Eliot  intitulé  0/d Possum's  Book of Practica/  Cats.
                                                            
                                                                                
                                                                    
th éâtres  sont obligés  de faire  rentrer  des 
bénéfic es, ce qui  n'est  pas  sans  consé
quen ce sur  leur  activité.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le concep t de 
spons oring  culturel devient  une planche 
de  salut  à laquelle  se  raccrochent  de 
nom breux  festivals  et concerts.
                                                            
                                                                                
                                                                     Critiquée 
par  beaucoup , cette  forme  de finan
cement  est pour tant  la seule  qui  perme t 
de  cons erve r  la  diversité  cultu relle  en 
dehors  des subvent ions  publiq ues.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Avant-garde.
                                                            
                                                                                
                                                                     Les lois du mar ché  qui se 
font  de plus  en plus  dures forcent  les 
com positeurs avant-g ardistes  à chercher 
des  solutions  pour leurs créneaux 
réd uits.
                                                            
                                                                                
                                                                     L'ap titude  médiatique  pr esque 
tou jour s exigée  met la prod uction 
musicale  contempor aine face à de 
no uvea ux problèmes.
                                                            
                                                                                
                                                                     Là où le clip  sert 
des  portions  musicale s fa ciles  d'ac cès,  les 
formes  artis tiq ues  qui se vouent  à la 
ré flexion,  à la  nouveauté  par rappor t  à 
la  tradition  et  à  un  langage  à plusieur s 
ni veaux,  ont  du  mal à s'imp oser.
                                                            
                                                                                
                                                                    Depuis 
bien  longtemp s, les  radios publiqu es 
sont  les  seules  à leur  appor ter un 
soutien  financier, sans  lequel  la nouv elle 
musique  n'exis terait  plus.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Le  com posit eur allemand  Wolfgang 
Rihm  répond  en 1980  à l'ex ige nce  d'in
te lligibili té dans  la nouv elle musique  : selon 
lui, elle  aspir e cer tes  à  la  popu
lari té,  mai s il  ne  faut pas tout  mélanger, 
d'au tant  que la popu larité  est défi nie 
par  le dik tat  des  médias.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il ne  peut  que 
dépl orer  l'év olution  selon  laquelle  on ne 
cons ommerait  que de la  musique  déjà 
exis tante.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il pense  que l'éventa il de  ce 
qu 'on  écoute  ne cesse  de se réd uire.
                                                            
                                                                                
                                                                    
De  nom breux  composit eurs revi en
nent  à la  tonal ité dans  une sorte  de néo
romantisme  : c'est  le cas  de l'Es tonien 
Ar vo  Pa rt, du  com posit eur de musique 
minim aliste  Philip  Glass et  du  Polonais 
Henr yk Gérecki.
                                                            
                                                                                
                                                                     Son compatrio te 
Kr zysztof  Penderecki  com pose en 1986 
un  Requiem  polonais, une  œuvre  tonale , 
apr ès av oir fait  partie  dans  les anné es 60 
des  fondateu rs d'une  musique  d'avant
gar de  où  les  timbres  et les  bruits domi
nent.
                                                            
                                                                        
                                                                     Son requiem  tradui t la  souffrance 
du  peuple  polonais  jusq u'au  xx• siècle  et 
suggèr e des  images  d'une  violente 
tris tesse.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Malgr é les  di fficu ltés  croissa ntes  que 
rencontre  le théâtre  musical  pour 
adap ter des  morceaux  moderne s, de 
nom breux  classique s du  réper toire  sont 
propu lsés  sur  la scè ne  interna tionale  : en 
19 81,  l'Allemand  Karlheinz  Stockha usen 
ent ame  une sorte d'œuvre  globale.
                                                            
                                                                                
                                                                    
L'opéra  Jeudi de lumière  ouvre un cycle  d'op
éras  en sep t pa rties,  qui  prévo it 
pour  chaque  jour de  la  semaine  un 
sp ect acle  de musiq ue, d'image  et de 
da nse.
                                                            
                                                                                
                                                                     Hans  Werner  Henze com pose  de 
nou veau  une œuvr e facile  d'accès  : son 
opéra  La Cha tte anglai se (1983)  est 
adap té d'apr ès une  œuvr e d'Honor é de 
Balz ac.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le reproche  selon lequel  la 
nouv elle musique  ne peut  pas trouver 
de  public  est démenti  par le suc cès  que 
Henze  obtien t en  1988,  alor s qu'il  est 
di recte ur artis tique  de  la premi ère 
biennale  de Muni ch.
                                                            
                                                                                
                                                                    Son  spect acle 
fas cine  de nombr eux spectate urs.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Engouement  pour les comédies 
musicales.
                                                            
                                                                                
                                                                     Si l'on  devait  donner  un 
nom  au succès  commer cial que  rempor te 
le  théâtre  musical des années  80, ce ne 
sera it pas  difficile  : And rew  Lloyd 
We bber.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ce fils  d'un  composit eur sort 
Ca ts  en  1981,  sa troisième  comédie 
musicale  à suc cès,  après son  opéra-rock 
Jésus-C hrist super star  (1971)  et Evita 
(1 978).
                                                            
                                                                                
                                                                     Dans les anné es 80,  les coméd ies 
mu sicale s de  Lloyd  Webber  sont 
rep résentées  dans des théâtres  privés.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Cats  et Starlight  Express  sont  de grands 
suc cès,  et le prix  élevé  des places 
n'e ffra ie pas  le publ ic.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le  Fantôme  de 
l'opér a (1986)  et Sunset  Boulevard 
(1 993)  viennent  complé ter le domaine 
de  la  coméd ie mu sicale  d'après-guerre.
                                                            
                                                                                
                                                                    
La  per fection  technique  des spect acles  se 
dis tingue  nettement  des prod uctions  en 
général  ; c'est  une avance  que  les opér as 
tr aditionnels  ne peuvent  rattraper  que 
pé nib lem ent.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Le  compositeur  américain Philip Glass, 
un  représentant  de la musique  minimaliste 
157.
                                                                                                                    »
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Marché (de l'art) : on désigne par ce terme le commerce des oeuvres d'art, dont les principaux acteurs sont les galeries d'art, les salles des ventes, les collectionneurs, les critiques et les pouvoirs publics.
 - Gabriel Rey écrit dans Humanisme et surhumanisme (1951): «Dire que la littérature classique est le fait d'une élite pour une élite est sans doute plus exact historiquement qu'en soi. Rien n'empêche de concevoir un classicisme de masse ; c'est une simple question d'éducation et de pensée régnante, de mode enfin. [...] Prétendre que le «peuple» - entité d'ailleurs plus mythique que réelle - est voué à jamais à sa vie intellectuelle et artistique actuelle, à la pensée (si l'on peut dire)
 - Né de l'union de plusieurs formes d'expression préexistantes qui ne perdent pas entièrement leurs lois propres (l'image, la parole, la musique, les bruits même), le cinéma, d'emblée, est obligé de composer, à tous les sens du mot. Il est d'entrée de jeu un art, sous peine de n'être rien du tout. Sa force ou sa faiblesse est d'englober des expressivités antérieures : certaines sont pleinement des langages (l'élément verbal), d'autres ne le sont qu'à des sens plus ou moins figurés (la mu
 - La culture de masse tue-t-elle l'art ?
 - FICHE - La Musique ou l'art de faire entendre les nombres