La Vision de saint Jérôme par le Guerchin

« LE GUERCHIN LA VISION DE SAINT JÉRÔME 1619-1620 Peintre italien Analyse •&? La Vision de saint Jérôme fut peinte par le Guerchin vers 1619-1620, période où son style parvientàmaturité et où ilatteintlanotoriété à Bologne grâce aux commandes du clergé. La composition du tableau est dominée par la ligne diagonale de la figure renversée.

L'homme à demi nu est surpris dans son sommeil par l'apparition d'un ange sonnant de la trompette. Ébloui par une vive lumière, ilse protège les yeux de son bras gauche. Son visage exprime la frayeur. Le livre et le crâne posés à ses côtés permettent del'identifier.

Lecrâne est le symbole de la vanité des choses terrestreset fait allusion à la mort comme fin ultime ;quant à l'imposant volume en bas à droite, il fait référence à la traduction de la Bible, œuvre que saint Jérôme menaà bien durant sesannées de retraite au désert.

L'identité du personnageest encore précisée par la simplicité du vêtement et par la natte qui lui sert de lit ainsi que par l'apparitionde l'ange sonnant de la trompette en désignant leciel. Il s'agit de la vision que le saint relate lui-même dans une lettre apocryphe. Le Guerchin représente le moment où l'Ar change du Seigneur apparaît au vieil ermite et lui annonce le Jugement Dernier. Ce thème, qui était probablement connu dès le Moyen Âge, fut picto MUSEE DU LOUVRE 347 PARIS XVIIe siècle Huile sur bois42,5 x 48 cm très en vogue au XVIIe siècle, enparticulier chez les hiéronymites. Il eut un grand retentissement en tant que rappel salutaire du Jugement Dernier adressé àtous les chrétiens. Les couleurs sont exaltées par le support de bois et semblent encore humides,comme si le peintrevenaitd'achever sontableau.

Les formes sont robustes et construitespar grandes masses colorées assemblées en une composition mouve mentée. Ces zones de couleur rapidement étendues sont comme transpercées par la lumière, de même que le paysage à peine esquissé, àl'arrière-plan, est divisé en comparti ments d'ombre et de lumière colorée. L'œuvre U Cette œuvre fut commandée par un membre de lafamille des Ludovisi, probablement le cardinal Ludovico Ludovisi. Elle appartint ensuite, en 1662, à la collection de Louis Henri de Loménie, comte de Brienne, qui mourut en 1684. Le tableau fut alors acheté en 1685 par l'abbé de Saint-Léger pour le compte de Louis XIV. Ilfut gravé par Chauveau et par G. B. Pasqualini. Commentaire de LouisCarrache sur leGuerchin ^ Dans une lettre datée de 1617, adressée au poète et collectionneur Ferrante Carli, Louis Carrache évoque la situation àBologne. Après avoir fait un véritable reportage sur l'art dans cetteville, il décritles allées et venuesdes artistes :l'arrivée du Dominiquin àBologne et le départ de Guido Reni dans lesillage des princes. Et parmi les nouveaux venus, Louis Carrache signale un certain « Messer Giovan Francesco da Cento » [le Guerchin] qui travaille pour le Du même peintre: PICTO 346 et 348 ©Nardini Editore, 1993. VPC Larousse-Laffont pour l'édition française 1993 cardinal Alessandro Ludovisi en honorantla ville de Bologne. Dans une autre lettre, datée du 25 octobre, son opinion se fait plus explicite : «Celui-ci est un jeune du pays de Cento qui peint avec une extraordinaire faculté d'invention, c'est ungrand dessinateur etun' coloriste admirable. C'est un prodige de la nature qui surprend tous ceux qui voient ses œuvres. » Un jeune homme de vingt-six ans, en somme, qui «laisse interdits » les meilleurs peintres. Photo R.M.N. 20-12. »