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L'adresse inaugurale du Président Roosevelt le 4 mars 1933, d'après Documents d'histoire, 1861-1967 (Histoire)

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

roosevelt

«... Les prix sont tombés à des niveaux inimaginables ; les impôts se sont élevés ; nos possibilités de paiement se sont effondrées; l'administration à tous les échelons subit de graves réductions de recettes; les moyens d'échange sont bloqués dans les canaux gelés du commerce; les feuilles sèches de l'industrie jonchent partout le sol ; les fermiers ne trouvent plus de marchés pour leurs produits ; les économies amassées pendant de nombreuses années par des milliers de familles ont disparu. Plus important encore : une foule de chômeurs ont à résoudre le terrible problème de l'existence, et un nombre tout aussi grand peine durement pour un salaire de misère. Seul un optimiste insensé peut nier les sombres réalités du moment. Pourtant notre détresse ne provient pas de la disette... L'abondance est à notre porte, mais la consommation s'affaiblit en face de la production... Notre plus grande tâche, la première, est de remettre le peuple au travail. Ce n'est pas un problème insoluble si nous l'affrontons avec sagesse et courage.

Elle peut s'accomplir en partie par une embauche directe par le gouvernement, en agissant comme en cas de guerre, mais en même temps en réalisant par cette embauche les travaux les plus nécessaires pour stimuler et réorganiser l'usage de nos ressources naturelles. Parallèlement à cette action, nous devons avouer franchement que nos centres industriels sont surpeuplés, et en engageant à l'échelon national une nouvelle répartition, nous efforcer de faire mieux utiliser la terre par ceux qui y sont le plus aptes. On peut travailler à cette tâche par des efforts précis pour élever les prix des produits agricoles, et avec eux le pouvoir d'achat qui absorbera la production de nos cités. On peut y travailler en mettant un terme réel à la tragédie de la disparition croissante de nos petites entreprises et de nos fermes. On peut y travailler en unifiant les activités de secours qui souffrent souvent aujourd'hui de dispersion, de gaspillage et d'inégalité... On peut y travailler de bien des manières, mais jamais seulement en paroles. Il nous faut agir et agir vite... Notre Constitution est si simple et si pratique qu'il est toujours possible de subvenir à des besoins extraordinaires par des changements d'accent et d'interprétation sans perdre sa forme essentielle... Il est à espérer que le jeu normal des pouvoirs exécutif et législatif sera parfaitement apte à réaliser la tâche sans précédent qui nous attend... Je suis prêt à proposer, en vertu de mon devoir constitutionnel, les mesures que peut réclamer une nation blessée au milieu d'un monde blessé... « Le candidat rédigera un commentaire du document ci-dessus soit en le composant librement, soit en s'aidant des questions suivantes destinées à guider sa réflexion : 1. En quelles circonstances politiques F.-D. Roosevelt a-t-il présenté cette « adresse « ? 2. Quels sont les aspects de la crise que souligne le Président ? Expliquez-les. 3. En quoi les mesures envisagées par lui ont-elles un caractère novateur ? 4. Quelles difficultés dans leur application prévoit-il ?  

analyse du sujet • Le sujet et le texte proposés sont très classiques. • La première question, concernant le contexte immédiat dans lequel l'Adresse a été prononcée, peut trouver sa réponse dans l'introduction. • La question 2 permet, en suivant le texte de près, de décrire la situation économique et sociale des États-Unis telle qu'elle se présente au début du nouveau mandat présidentiel • Sans que cela soit expressément demandé, on peut toutefois, pour expliquer l'ensemble du texte, développer, dans une deuxième partie, les mesures propres du New Deal telles que les envisage Roosevelt. • Enfin, on peut regrouper les questions 3 et 4 dans une troisième partie qui, comme l'esquisse la fin du texte lui-même, pose le problème des aspects « révolutionnaires « du New Deal et des oppositions que la mise en œuvre de ces mesures ne manque pas de rencontrer.

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« ces mesures ne manque pas de rencontrer. développement Introduction • Au cours des années vingt, les États-Unis avaient connu une prospérité éclatante : la civilisation deconsommation y était née.

La crise de 1929 s'abat sur le pays comme un véritable cataclysme.

La politiqueattentiste d'Hoover, confiant dans les seules vertus du libéralisme et du capitalisme qui avaient assuré la fortune dupays, ne permet pas de résoudre la crise qui, tout au contraire, s'accentue. • En novembre 1932, le démocrate F.-D.

Roosevelt, devançant largement Hoover, remporte triomphalement lesélections présidentielles.

Mais le Président élu ne prête serment à la Constitution et n'entre réellement en fonctionqu'en mars de l'année suivante.

C'est à cette occasion que Roosevelt prononce son « Adresse inaugurale ».

I.

L'étendue de la crise américaine 1.

La crise économique • « Les prix sont tombés à des niveaux inimaginables.

» En moyenne, par rapport à 1929, les prix agricoles ont baissé de 50 pour cent et les prix industriels de 35 pour cent.Dans les secteurs les plus concentrés, des ententes entre grosses entreprises ont permis de limiter la baisse, mais,le plus souvent, une véritable guerre des prix s'établit entre les producteurs : il faut vendre, vendre à tout prix.Cette chute des prix lamine les profits, pousse les producteurs à réduire au maximum leurs dépenses et surtout lessalaires.

De nombreuses entreprises et exploitations agricoles sont cependant acculées à la faillite (110 000 en troisans). • La réduction des recettes de l'administration.

Toutes les administrations, locales, d'État ou fédérales, subissent lescontrecoups de la crise.

L'augmentation des taux de l'impôt ne suffit pas à compenser les réductions de l'assiette enraison de la chute importante des revenus et des bénéfices.

Les administrations ont donc du mal à assurer lesservices collectifs indispensables. • « Les moyens d'échange sont bloqués ».

Roosevelt évoque ici la crise financière et bancaire.

5 000 banques sur 23000 ont fait faillite; de nombreuses autres sont menacées.

D'une façon générale, elles sont incapables de fournir lescrédits indispensables pour les opérations commerciales et les investissements.

La plupart des paiements doivent sefaire au comptant : « les canaux du commerce sont gelés ». • La crise de la production.

La production souffre de la restriction du crédit et surtout de la réduction de la demandeintérieure.

L'industrie ne produit plus que 50 pour cent de son niveau de 1929.

L'automobile est particulièrementaffectée : la production tombe de 4,4 à 1,1 million de véhicules.

Dans l'agriculture, faute de consommateurs, lesfarmers se trouvent face à une production invendable qu'ils sont parfois amenés à détruire. 2.

La crise sociale « Plus important encore », la crise économique provoque une crise sociale d'autant plus dramatique que l'absence detout système de protection sociale (assurances chômage, maladie, etc.) ne permet pas de soulager la misère d'unepartie importante de la population. • « La ruine des épargnants ».

La prospérité des années vingt avait permis aux Américains d' « amasser » deséconomies importantes qui avaient souvent été placées dans les valeurs de la bourse de New York.

Mais la plupartsont ruinés par le krach de 1929.

Les actions ont perdu 80 pour cent de leur valeur en deux ans.

D'autresépargnants sont ruinés par la faillite des banques auxquelles ils avaient confié leurs avoirs.

Chômeurs et retraités nepeuvent donc pas compter sur leurs économies pour survivre durant la crise. • « Une foule de chômeurs ».

Les États-Unis comptent près de 13 millions de chômeurs sur une population active deprès de 50 millions de personnes.

Le chômage touche donc un travailleur sur quatre.

Aux ouvriers ou aux paysanschassés de leur terre viennent s'ajouter les « cols blancs », employés ou membres des professions libérales, avocatsou médecins, que le marasme général des affaires prive de clientèle.

Certains d'entre eux, incapables de payer nefût-ce que leur loyer, sont contraints de dormir dans les parcs publics. • « Des salaires de misère » sont offerts à la plupart des travailleurs qui ont la chance relative d'avoir pu conserverun emploi.

Les patrons (et, pour certains, c'est la condition même de la survie de leur entreprise) profitent de lamasse énorme des demandeurs d'emploi pour imposer des réductions de salaires ou des conditions de travail plusdifficiles (allongement de la durée de travail, par exemple).

La faiblesse relative des syndicats facilite ces pratiques. II.

Les mesures du New Deal. »

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