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L'Agneau mystique 1432 Hubert et Jean Van Eyck (?-1426 et 1390-1441)

Publié le 30/06/2015

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Heurs et malheurs

Que le retable soit arrivé jusqu'à nous presque intact est d'autant plus étonnant qu'il a connu une existence mouvementée. Il échappa de justesse à Philippe IL qui se contenta finalement d'une copie, puis aux iconoclastes. En 1794, la partie centrale fut transportée à Paris par les occupants français et, en 1821, elle se retrouva dans les collections du roi de Prusse. Gand ne la récupéra qu'en 1920, grâce au traité de Versailles. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le retable, moins les panneaux des juges intègres et de saint Jean-Baptiste qui avaient été volés en 1934, fut confisqué par les Allemands. L'armée américaine le rapatria et, après une longue cure de jouvence à l'Institut Royal du Patrimoine Artisti­que, il réintégra la chapelle Vijd, aussi fascinant qu'au XVe siècle.

La maîtrise du monde

Ce qui impressionne d'abord, dans l'Agneau mystique, c'est la complexité d'une composition qui nous fait voir la terre de haut et de loin, comme si nous-mêmes avions déjà part à la vision divine de l'univers, mais qui, en même temps, ne néglige pas l'infini-ment petit. Il est manifeste que les Van Eyck dominaient la pers­pective comme personne avant eux : les arrière-plans se succèdent presque à l'infini, créant tout un monde de cités et de montagnes, de champs et de forêts.

 

Mais ces deux amateurs de grands espaces étaient aussi des réa­listes minutieux, qui s'attachaient à rendre le moindre détail avec vérité. Les visages et les étoffes, la laine de l'Agneau et les plu­mes des anges, et jusqu'aux fleurs qui parsèment la pelouse —un botaniste a réussi à cataloguer cette flore, qui comprend des fleurs et des plantes de différentes régions, poussant à diverses saisons —, tout est rendu avec une perfection qui évoque l'art du miniaturiste. René Huyghe y a vu l'« hommage de l'art à la réa­lité des sens«.

« L'Agneau mystique 1 14 7 entière, des fidèles aux bienheureux, autour de la Fontaine de Vie.

Les panneaux latéraux représentent, à gauche, les chevaliers du Christ et les juges intègres et, à droite, les humbles, les ermites et les pèlerins.

Depuis le XVIe siècle, on s'accorde à voir dans le premier des juges Hubert V an Eyck, tandis que Jean serait celui qui tourne la tête et porte un chapelet autour du cou.

L'Adoration de l 'Agneau est surmontée de trois panneaux à l'image de Dieu le Père, de la Vierge et de saint Jt;!:rt-Baptiste.

Sur les panneaux latéraux larges : deux groupes d'anges musiciens ; sur les panneaux latéraux étroits: Adam et Eve.

Au-dessus, enfin, le sacrifice d'Abel et son assassinat par son frère Caïn symboli­ sent à la fois la chute par le péché et l'attente de la rédemption.

Un maçon et un tailleur de pierres ayant mis en place l'autel et le baldaquin en pierre sculptée dont il restera encore des vesti­ ges au XIXe siècle, le retable est inauguré le 6 mai 1432.

Heureuse époque que ce XVe siècle où les anistes pouvaient compter sur les bourgeois et où un couple sans enfant, au lieu de gaspiller sa fonune, l'employait à doter son église favorite d'une oeuvre considérée comme "unique au monde» ! Un chef-d'oeuvre Hubert le mystérieux A qui attribuer le polyptyque de l'Agneau mystique? Sur la bor­ dure inférieure du retable fermé, une inscription en latin précise: «Le peintre Hubert Van Eyck, à qui nul n'est réputé supérieur, a commencé cet ouvrage, que Jean son frère, par l'art le second, a terminé aux frais de Joos Vijd».

Mais cette inscription a suscité d'interminables discussions, le mot ,,frater» étant illisible par suite d'une dégradation.

Dans les archives gantoises, les allusions à Hubert Van Eyck sont aussi rares qu'ambiguës et, en outre, on n'a pas retrouvé trace de la tombe du peintre qui, selon la tradi­ tion, se trouvait au pied même de l'oeuvre, dans la chapelle Vijd.

Faut-il pour autant en conclure, comme l'ont fait certains, qu'Hubert ne serait qu'une fiction, inventée après coup dans le but d'attribuer à un peintre travaillant à Gand (Jean, lui, s'était fixé à Bruges) l'essentiel d'une oeuvre qui faisait la gloire de la. »

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