LE PHARE DE HARWICH de Constable

« LE PHARE DE HARWICH 1815-1820 Peintre anglais Anal yse • si la bâtisse en bois qui tient lieu de phare­ celui-ci était entretenu par le général Rebow, un client de Constable - a donné son nom au tableau, l' édifice n'est , à vrai dire , qu'un prétexte.

Le vrai sujet du tableau, ce sont les variations de lumière qu'occasionne dans le ciel le passage de volumineux nuages.

Tout le premier plan est ainsi obscurci par l'ombre de l'un de ces nuages.

Une grande zone ensoleillée barre ensuite le tableau, d'un bord à l'autre, tandis qu'à l'arrière-plan sur la gauche plusieurs bateaux naviguent à nouveau dans l'ombre.

Constable a fixé ici la nature, à un moment très précis, en s 'arrêtant surtout sur les couleurs et les lumières qu'il voyait, c'est-à-dire sur ces instants très fugaces qui changent au cours de la journée.

Cette volonté de transcrire les métamorphoses rapides de la réalité font de Constable à la fois le précurseur des peintres de l'école de Barbizon et celui des impressionnistes : comme Constable, ceux-ci s'attachèrent à transmettre le s impres- PICTO 634 XIXe siècle Huile sur toile 32,7 x 50,2 cm si ons laissées sur la rétine par la variation des tons sur les objets.

Mais, là où Constable conserve une attitude romantique, établissant un rapport émo­ tif avec le paysage peint et impliqu ant sa propre personne , les Français font le choix d'une objecti­ vité toujours plus grande .

Cette objectivité culmi­ nera dans la peinture postimpressionniste avec le pointillisme de Seurat et Signac.

L'œuvre C La toil e, comme de ux autr es v ersions identi­ ques conserv ées dans des collections privées , a été exé cut ée d'après un dessin de 1815 ; ce lui-ci (Har­ wich : la côte et le phare) se trouve aujourd'hui au Victoria and Albert Museum de Londres.

Une des trois versions - mais on ignore laquelle - fut exposée en 1820 à la Royal Acad e my : les trois versions fur ent donc peinte s e ntr e 1815, date du dessin , et 1820.

D'abord propriété d'Isabel Consta­ ble, la toile passe en 1888 à la National Gallery et enfin , après plusieurs affectations, à la Tate Gallery.

Constable et la peinture française d u XIXe siècle • « Ce Co nstable m'a fait beaucoup de bien », écrivait Delacroix , soulignant l'importance du peintre dans le développement de la peinture française du XIX e siècle.

Le talent du peintre app araît surtout dans la perception aiguë du détail , dans son habileté à fixer l' instant , avant que cet instant ne se transforme et ne soit donc perçu autrement : « Deux journées ne sont jamais identiques, écrivait Constable, deux heures non plus ; il n'existe pas deux feuilles identiques dans le monde depuis sa création ...

Je m'efforce de représenter les scènes susceptibles de m'intéres­ ser avec pureté et simplicité ...

l'espace est assez large pour le peintre paysagiste .

Le grand vice du temps est la prouesse , la tentative de surpasser la vérité.

» Ces prises de position feront de Consta­ ble le précurseur de Courbet dans le combat mené pour une peinture plus réaliste.

Du mêm e pe i ntre : PIC TO 632 à 636 Pho to Tate Gallery Publi cations , Londres .

e Nard ini E dito re , 1993 .

VPC Larousse- Laffont pour l'édition française 1993 23·21. »