Le Prêteur et sa Femme - Analyse
Publié le 01/06/2013
Extrait du document
«
Tiraillée entre activit és spirituelles et p écuniaires, quel r ôle du moins symbolique jouetelle ? Son
regard r
ésign é trahitil le jugement moral qu’elle porte sur l’exercice de son mari ? Dans cette nouvelle
capitale commerciale qu’incarne Anvers, l’attrait des biens mat
ériels prendil le pas sur les valeurs
religieuses ? A l’inverse, des qualit
és spirituelles sontelles indispensables à toute r éussite professionnelle,
aussi v
énale soitelle ? Autant d’interrogations qui m éritent r éflexion !
Le « banc » (terme qui d
ésignait alors l’ établi employ é par les banquiers et orf èvres, à l’origine du mot
« banque ») pr
ésente quantit é d’objets de valeur, peut être mis en gage pour garantir le remboursement de
sommes emprunt
ées. Alimentant encore notre curiosit é, ils incarnent le luxe et la vanit é : des pi èces d’or et
d’argent, des perles de belles grosseurs nich
ées sur un coussinet de soie noire, des bagues anciennes
align
ées sur un cylindre de carton blanc, un drageoir de cristal finement cisel é, aux pied et couvercle d’or,
des petits poids en forme de godets (appel
és « Piles de Charlemagne ») qui s’encastrent les uns dans les
autres dans le r
écipient au couvercle relev é… Mais ce qui attire le plus notre regard est ce petit miroir
convexe pos
é au centre de la table, entre le livre religieux et les richesses profanes.
Miroir, mon beau miroir…
Ce type de miroir bomb
é, que l’on retrouve dans d’autres chefsd’œuvre des Primitifs flamands (« Les
é
poux Arnolfini » de Jan van Eyck, en t ête), était surnomm é « miroir de sorci ère » : les pouvoirs
« magiques » de sa surface irr
éguli ère d éformaient le visage de celui qui s’y mirait tandis que ses propri étés
optiques permettaient de concentrer en un seul point tout l’espace environnant.
Dans l’œuvre de Metsys,
cet accessoire permet au peintre d’
étaler toute sa virtuosit é : le miroir donne lieu à un deuxi ème tableau,
introduisant un espace suppl
émentaire.
Nous apercevons en effet une fen être ouverte sur l’ext érieur mais
aussi un homme absorb
é par sa lecture.
L’artiste se seraitil discr ètement mis en sc ène à travers un
hypoth
étique autoportrait ? Rien n’est moins s ûr !
Ind
épendamment de ce reflet vers l’ext érieur, un troisi ème espace s’ouvre au spectateur : à l’arri èreplan,
l’embrasure d’une porte laisse entrevoir un jeune homme et un vieillard en pleine discussion.
Dans ce tableau d
ébordant de myst ères, et se pr êtant à de multiples interpr étations, il est passionnant de
remarquer que rien n’a
été laiss é au hasard.
M ême cette pomme pos ée sur l’ étag ère n’est pas innocente :
vou
ée in éluctablement à la pourriture, elle nous renvoie à la mort et rappelle le caract ère éph émère de la
vie.
Comme en t
émoigne cette peinture de Marinus van Reymerswaele (« Le changeur et sa femme », 1540), le
Pr
êteur de Quentin Metsys a inspir é de nombreux artistes… C’est dire si les histoires d’argent suscitent de
l’int
érêt. Le sujet et les personnages évoqu és ici rappelleraientils ce proverbe qui veut que l’argent soit un
bon serviteur mais un mauvais ma
ître ? A vous d’en juger…
L
égendes :
Quentin Metsys, Le Pr
êteur et sa femme, 1514, huile sur panneau, 71 x 68 cm, Paris, Mus ée du Louvre..
»
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