Le p'tit grain de fantaisie de Mireille

Née le 30 septembre 1906 d’une mère anglaise et d’un père d’origine polonaise, ce qui, dit-elle, lui a sans doute permis de faire de Couchés dans le foin une musique « bien de chez nous », Mireille Hartuch vécut sa petite enfance avec un sempiternel cataplasme de farine de lin et de moutarde sur la poitrine.Toutefois, sa santé fragile ne lui fit en rien renoncer à développer des dispositions artistiques précoces puisque, entre 6 et 7 ans, elle tourne son premier film et se produit sur la scène du Palladium de Londres pour chanter Cousin cousine si fraîche et si câline, un succès de Félix Mayol. Engagée par Firmin Gémier au Théâtre de l’Odéon, elle offrira sa frêle silhouette à une pléiade de soubrettes et d’elfes d’opérette avant de se consacrer entièrement à la chanson. Premier fruit de sa collaboration avec le parolier Jean Nohain, Couchés dans le foin, extrait de l’opérette Fouchtra, devient un immense succès en 1931 grâce au duo Pills et Tabet. Suivront Ce petit chemin, qu’elle interprète avec Jean Sablon, Quand un vicomte..., popularisé par Maurice Chevalier, le Vieux Château, chanté aussi par Pills et Tabet, Une demoiselle sur une balançoire, créée par Yves Montand.

A l’âge de 88 ans, Mireille exauce le vœu de Jérôme Savary, qui voulait que l’ex-directrice du Petit Conservatoire de la chanson fasse revivre son répertoire sur la scène du Palais de Chaillot. Entre tendresse surannée et redécouverte d’une veine artistique cultivant fantaisie et imaginaire enfantin, elle charme, durant tout le mois d’avril 1995, un public venu à la rencontre de ses souvenirs, mais aussi une génération que séduit la fraîcheur poétique de ce répertoire enchanteur.