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L'Empire des lumières 1954 René Magritte (1898-1967)

Publié le 30/06/2015

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Clairvoyance ou trahison des images

Si Magritte prétendait que «l'art de peindre permet de représen­ter des images poétiques visibles«, il faudrait encore savoir ce qu'il entendait par «poésie«. Serait-ce une pensée inspirée? Une pen­sée qui évoque le mystère? Il s'agirait plutôt d'une idée ! Une idée efficace qui consiste à mettre en scène des objets quotidiens et des décors de manière telle qu'ils produiront sur le spectateur un effet de panique.

164 / Les chefs-d'oeuvre de la peinture

Chaque jour donc, René Magritte, cet homme ni grand ni petit, trapu, en complet gris, s'installe dans le salon bourgeois de sa maison bruxelloise, où près du poêle il a placé son chevalet, ses tubes et ses pinceaux. Pas d'atelier, donc pas de cérémonial. Seule la poursuite d'une solution pour laquelle il a trois données : un objet, la chose attachée à celui-ci dans l'ombre de sa conscience et la lumière où cette chose doit parvenir. La solution du pro­blème débouche sur une «image poétique visible«.

A chaque jour, son problème ! Chaque jour pour le théâtre de sa toile, Magritte compose une pièce dont le rideau s'ouvre sur un ciel, une montagne, la mer, une femme, une fenêtre, une toile, un oeil,... dont il bouleverse les rôles.

 

Derrière les images...

« 164 1 Les chefs-d'oeuvre de la peinture Chaque jour donc, René Magritte, cet homme ni grand ni petit, trapu, en complet gris, s'installe dans le salon bourgeois de sa maison bruxelloise, où près du poêle il a placé son chevalet, ses tubes et ses pinceaux.

Pas d'atelier, donc pas de cérémonial.

Seule la poursuite d'une solution pour laquelle il a trois données : un objet, la chose attachée à celui-ci dans l'ombre de sa conscience et la lumière où cette chose doit parvenir.

La solution du pro­ blème débouche sur une «image poétique visible>>.

A chaque jour, son problème! Chaque jour pour le théâtre de sa toile, Magritte compose une pièce dont le rideau s'ouvre sur un ciel, une montagne, la mer, une femme, une fenêtre, une toile, un oeil, ...

dont il bouleverse les rôles.

Derrière les images ...

Depuis la Renaissance, les peintres ont usé des lois de la pers­ pective pour donner à la surface d'un tableau toute la profondeur de la réalité, et dans l'illusion de cet espace savamment construit, ils ont placé des objets et des personnages, comme sur la scène d'un théâtre.

De surcroît, ils y projetaient des éclairages de manière à mieux piéger la réalité dans le champ de leur illusion.

Magritte, lui, tout en usant des mêmes lois et des mêmes illu­ sions, parvient à les confondre elles-mêmes.

Dans L'Empire des lumières, le jour n'éclaire pas la nuit.

Et la nuit n'obscurcit pas le jour.

Chaque chose ainsi révèle sa nature profonde et mysté­ rieuse.

TI en va de même dans La Condition humaine (1933): devant une fenêtre donnant sur un paysage, un chevalet supporte un tableau représentant la partie du paysage qu'il cache, pense-t-on.

Mais ce tableau dans le tableau ne cache-t-il pas autre chose? Et le premier tableau que nous cache-t-il? Les objets cachent-ils les mots? Et les mots ne fixent-ils pas des bornes imaginaires à l'ima­ gination? Magritte a beaucoup sur le sens des mots et des choses: dans La Trahison des images (1929), l'image d'une pipe, comme le dit le texte, n'est pas une pipe.

Cette image, qui fait immédiatement penser à une pipe, démon­ tre bien, grâce aux mots qui 1 'accompagnent, que c'est un obs­ tiné abus de langage qui ferait dire:. »

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