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Les arts de l'Inde

Publié le 24/11/2018

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TRADUIRE L'HARMONIE IMMUABLE DE L'UNIVERS

Les arts de l'Inde peuvent être rapprochés d'autres traditions orientales par l'accent mis sur la continuité dans un processus de création sévèrement encadré par des enseignements savants.

Ils se caractérisent néanmoins par une assimilation systématique des influences extérieures. Leur originalité tient aussi aux apports de la philosophie hindoue, qui font de l'art une démarche spirituelle cherchant à traduire de façon plastique l'harmonie immuable de l'univers, l'ordre suprême, le dharma. L'artiste ne doit jamais innover ou mettre en avant une quelconque individualité, notion étrangère à la pensée hindoue. Les arts de l'Inde sont enfin l'un des fleurons des arts de l'Islam, reflet de la domination musulmane sur une grande partie du sous-continent pendant plus de six siècles.

terre cuite et métal, dont les plus connues, une Danseuse en bronze et un Prêtre barbu en stéatite blanche, proviennent du site de Mohenjo-Daro. Ils maîtrisaient également la bijouterie (parures en or, ivoire et pierres précieuses) et les arts du textile (tissus brodés et teints). La civilisation de l'Indus disparaît mystérieusement dans la première moitié du IIe millénaire.

L'Inde védique (xvie-vie s. av. I.-C.) La civilisation védique apparaît avec la pénétration dans le sous-continent de peuples indo-européens, les Aryens, dotés d'un corpus de textes sacrés, le Veda. L'Inde védique, qui marque les débuts de ce que l'on appellera l'hindouisme, est celle des grands sacrifices à ciel ouvert et n'a pratiquement pas laissé de traces architecturales, privilégiant les constructions en bois et torchis à toit de chaume. Pour les historiens de l'art, c'est un trou noir.

La préhistoire

Les plus anciennes oeuvres d'art connues sur le sous-continent indien seraient des peintures sur rocher remontant à l'âge de pierre (paléolithique). Leur datation est toutefois contestée. Au néolithique apparaissent les premières poteries peintes, souvent en noir sur fond rouge. Les plus anciennes (IV' millénaire) sont issues des cultures villageoises du Baloutchistan (Pakistan actuel), qui nous ont également laissé des statuettes de facture primitive (figures féminines, peut-être déesse-mère).

 

La civilisation de l'Indus (2500-1500 AV. J.-C.)

L'époque maurva (iv'-ii' s. av. J.-C.) ET L'ART BOUDDHIQUE

 

Ce sont les couvents et sanctuaires bouddhistes taillés dans la roche qui nous renseignent sur l'architecture védique, dont ils imitent les structures en bois et paille (menuiserie, charpente, balustrades, etc.). Les plus anciennes de ces grottes artificielles sont celles de Barabar (Bihar), creusées au itr siècle av. J.-C. Les trente cavernes, creusées sur une falaise en fer à cheval entre le h' siècle av. J.-C. et le viie siècle de notre ère, se répartissent en sanctuaires (chaitya) et salles de vie commune pour les moines (vihara). Les premiers sont de plan absidal, avec nef en berceau et stupa monolithique entouré d'un déambulatoire. Les seconds, de plan carré, sont dotés de cellules et de chapelles.

 

De l'époque maurya (322-187 av. J.-C.) et du grand empereur Ashoka (v. 269-232), il ne nous reste guère de palais ou de temples, tout juste la base de quelques stupa. Les plus célèbres sont ceux du site de Sanchi (Madhya Pradesh) : entourés de balustrades en pierre (vedika) imitant une charpente en bois, ils sont richement ornés (bas-reliefs représentant la vie du Bouddha) et flanqués de portails monumentaux (torana). De l'époque d'Ashoka nous sont aussi parvenus un grand nombre de piliers monolithiques en grès, présents de l'Afghanistan au sud de l'Inde; certains sont couronnés de sculptures ou gravés des célèbres édits énonçant les vertus bouddhistes (compassion, charité, tolérance). L'édit de

L’ÂGE D'OR GUPTA ET L’INDE CLASSIQUE (lll'-VIII' SIÈCLE)

L’Inde des Gupta (240-535 env.) voit le déclin flamboyant de l’art bouddhique (superbes peintures murales du site d'Ajanta représentant la vie du Bouddha et des scènes de cour) et l'essor de la religion brahmanique, forme archaïque de l'hindouisme dans laquelle le rituel est fortement mis en avant.

Les premiers temples en pierre voient le jour et deux styles émergent : indo-aryen au nord, dravidien au sud. Le saint des saints des temples du Nord est surmonté d'une tour pyramidale (shikhara) aux arêtes droites ou curvilignes, coiffée d'un pinacle complexe. Dans le Sud, on opte pour une structure à étages appelée vimana. Les fidèles se réunissent dans une salle hypostyle (mandapa) située devant le sanctuaire.

Les grottes d'Ellora (Maharashtra) rassemblent des sanctuaires bouddhiques, jaïns et hindous. Le monument le plus impressionnant

LE TAJ MAHAL

Construit de 1631 à 1647 par l'empereur moghol Shah Jahan à la mémoire de sa seconde épouse, Mumtaz Mahal, le Taj Mahal est une «déclaration d’amour en marbre blanc». S'inscrivant dans une longue tradition d'architecture funéraire indo-islamique, il en est le chef-d'œuvre incontesté, tant par l'harmonie de ses proportions que par le luxe de ses matériaux (marbre incrusté de pierres semi-précieuses).

Créée par un peuple de marchands qui commerçaient jusqu'en Mésopotamie et le long du fleuve auquel elle doit son nom, la civilisation de l'Indus apparut vers le milieu du IIIe millénaire et s'étendit du golfe d'Oman (Gujrat) jusqu'au Pendjab. Elle nous a livré les premiers témoignages d’architecture connue, avec deux sites urbains majeurs, Mohenjo-Daro et Harappa

« LES ARTS DÉCORATIFS, TRAVAIL DES MÉTAUX ET TEXTILES !:art de l'orne ment indien remonte à la civilisation de l'Indus, qui pratiquart la peinture et la teinture, et était experte en bijouterie.

Les brocarts de l'Inde influencèrent l'art byzantin, et la broderie, la maroquinerie, l'ébénisterie , la chaudronnerie, etc., très tôt tournées vers l'exportation , ont fart pendant des siècles l'admiration de l'Europe .

Si l'art du mobilier est restreint les essences sont nombreuses .

Le mode de décoration principal est l'incrustation (ivoire, ébéne, nacre , métaux précieux, laiton , étain, corne).

Le travail des métaux , précieux notamment est important à divers titres : il intervient dans la fabrication des idoles du culte hindou (dont certaines ont été réalisées en or massif) , dans celle des bijoux.

symboles de prestige et d 'appartenance à une caste, et dans celle des armes.

Quant à l'art des textiles , il a laissé de nombreux mots dans notre vocabulaire : si le calicot ou le madapolam (de deux villes du Tamil Nadu) sont des cotonnades grossières , les indiennes étaient si richement imprimées et de telle qualité qu'elles faisaient une concurrence jugée déloyale aux productions européennes sous l'Ancien Régime .

C'est en partie ce qui conduira à la colonisation de l'Inde ! La soie est présente dans les madras et surtout dans les précieux brocarts de Bénarès ou du sud de l'Inde, dont certains incorporent des fils d 'or ou d 'argent.

Dans l'art de la broderie (sur cuir, laine , coton , velours , soie, etc.), les artistes indiens sont insurpassables depuis des siècles.

rochers sont sculptés pour figurer temple s et mandapa.

Différe ntes représentations d'animaux et de scènes de la mythologie hindoue (Descente du Gange) distinguent ce site exceptio nnel.

À la même époque, les Chalukya du Karnataka édifie nt la ville de Pattadakal , dont les temples sont représentatifs des deux styles (style du Nord , avec le shikhara , et style dravidien avec le vimana ).

La période Cho/o (Inde du Sud, X'-xli~ siècle) est surtout célèbre pour bronzes figure d1ncident de parcours.

Destinées aux procession s, les représentations de divinités étaient réalisées à la cire perdue dans des alliage s savamment codifiés et pouvant mêler jusqu 'à huit métaux (ashtadhatu).

La dynastie de Vijayanagar (Karnataka, 1336-1565) réinstaure l'architecture brahmanique dans sa gloire et sa complexité : les ruines de Hamp i (XVI' siècle) en sont le plus bel exemp le.

Les sanctuaires, peu élevés, s'effacent devant de gigantesques gopuram , tours de plan rectangulaire surmont ant l'entrée et qui vont en rétrécissant Elles sont ornées de centaines de sculptures polychromes représentant divinité s, saints et héro s mythologiques.

L'INDE MUSULMANE (1192-1857) La prise de Delhi par des conquérants musulman s venus d'Asie centrale (1192) marque le début d'une ère nouv elle dans l'histoire de l'art du sous­ continent.

Elle commence par la destruction d 'un grand nombre de temples hindous et jaïns, dont certains sont transformés à la hâte en mosquées, comme Quwwat-ul-lslam (1193) , la première du sous-continent.

Trés tôt cependant apparaît un style hybride, qui marie les influences arabo-persanes et afghanes aux éléments décoratifs locaux , comme en témoigne les vestiges du site du Qutb Minor .

LES ROYAUMES RtGIONAUX Le sultanat de Delhi {1193 -1526 ), période de relative instabilité politique , est marqué par une approche fonct ionna liste : l'exécution est rapide , les matériaux gross iers, le style austère .

!:architecture est principalement funéraire : mausolée s de Ghiyas-ud-Din, Feroz Shah (1398), des Lodi (milieu du XV'-début du XVI' siècle).

Préfigurant le Taj Mahal, ces monuments sont ornés d'une coupole reposant sur une base carrée, puis octogonale .

Le cénotaphe qu'ils renferment n'est que la réplique de la tombe , située sous terre.

À Ahmedabad (Gujrat ), le sultan Ahmed Shah (1411-1442 ) inaugure un style hybride marqué par l'abondance de coupoles , les minarets sculptés et les écrans ajourés.

Dan s le sud de l 'Inde fleurissent différents styles : à Bijapur (Karnataka ), le Gal Gumbad, mausolée du sultan Mohammed (1650 ), comporte une coupole monumentale : avec ses 40 rn de circonf érence, elle rivali se avec le dôme de Florence ou Saint -Pierre de Rome .

À Go/conde (Andhra) s'élèvent une forteresse et une nécropole royale remarquables.

L'EMPIRE MOGHOL L'empereur Akbar (règne 1556-1605) , quoique illettré , fut grand patron des arts et homme de tolérance .

L'art de son règne réalise la synthèse des élém ents musulman s, persans notamm ent, et de l'ornementation hindoue.

La cité impériale de Fothpur-Sikri , en grès rose, voit le jour autour d'un mausolée sauli en marbre blanc finement ciselé.

La brique , la faïence et le grès sont préféré s pour les bâtiments officiels (Fort- Rouge d'Agra ) et religieux (tombeau d'Akbar à Sikandra, grandes mosquées de Delhi et de Lahore ), tandis que le marbre blanc triomphe dans les palais et les mauso lées, incrusté de pierre s semi-précie uses et ajouré à Agra (tombeau d'ltmod-ud­ Dou/o , Taj Mahal) .

Le programme architectural est simple, quoique ambitieux: recréer le paradis sur Terre.

L'art des jardins, lanc é à Agra par le premier empereur moghol Baber (1483- 1530 ), connaît alors son apogée : fortement symétriques, ces jardins sont traversés de canau x et peuplé s d'une faune et d'une flore bigarrées Oardin Shalimar à Lahore , Srinagar).

Dan s un contexte non musulman, le Temple d'or d 'Amritsar (Pendjab ), grand sanctuaire des sikhs (1601 ), peut être rattaché à l'architecture moghole.

Il se distingue surtout par son emplacement, au milieu d'un bassin et son revêtement de cuivre doré, d'un effet spectaculaire.

Le règne agité d'Auran gzeb (de 1658 à 1707 ), guerrier et dévot plus qu'ami des arts (il est le premier à refuser qu'on lui élève un mausolée) , sonne le déclin de l'architecture moghole.

L'ART DE LA MINIATURE Les Grands Moghols font rédiger la chronique de leur règne.

Humayun (1530 -1556 ) en confie l'illustration à des miniaturistes dirigés par un maitre persan .

Akbar instaur e un atelier impérial richement doté et reçoit à sa cour des jésuites portugais, qui introduisent peintures et grav ures européennes à la cour .

Un style original se développe : les éléments de décor (ciel, végétation, palais) gagnent en profondeur , les animaux sont représentés de façon réaliste , quasi naturaliste, on découvr e le dégradé et même le clair-obscur.

Au XVII' siècle , la miniatur e indienne s'émancipe définitivement de ses mod èles persans en découvrant l'art du portrait.

Bijapur et Golconde se dotent de leur s propres écoles.

Comm e en architecture, le règne d'Aurangzeb sonne le glas de cette période de créativité, et les miniaturi stes quittent Delhi pour fonder les écoles dites rajpoute s (Raja sthan , Pendjab, royaumes himalayens).

Une école rojosthonoise existait d éjà avant Akbar, dans le Mewar : ses _ _.

___ .lccJurs de l'État, on représente des scènes de chasse, des souverains, etc.

Au XVIII' siècle fleurissent les miniatures pohori (petits royaume s de montagne du Pendja b et de l'Himalaya ) : la geste du dieu Krishna y est omniprésente .

L'école la plus attachante est peut-être celle de Kongro (1770- 1900 env.), avec ses représentations de Radha , la compagne de Krishna, tantôt esseulée et dans l'attente , tantôt comblée d'amour dans l'union .

Les traits sont noble s, le costume richement traité , et la nature explose de couleurs , toujours à l'unisson avec les sentiments des personnages (printemps lié à l'amour, pluie liée au désir, etc.).

L'INDE COLONIALE (XVII'· XX' SIÈCLE) parmi les plus grandes d'Asie mais sont de style purement européen (gothique portugais et baroque) .

À Pondichéry et à Chanderna gor, les deux grands fiefs français , l'architecture résiste encore au métissage .

À Lucknow , en revanche , le palais de l'ave nturier lyonnais Claude Martin (1735- 1800 ) mêle les influences indienne (kiosques à coupoles) et européenne (got hique et néo­ classicisme).

Avec l'affirmation de la tutelle britannique , totale à partir de 1857, les dynastie s hindoue s ou musulmanes sont privé es du patronage des arts.

CLASSÉS AU PATRIMOINE MONDIAL DE L'HUMANITÉ Sanchi (111"-11' siècle av.

J.-C) Grottes d'Ajanta (1~ siècle av.

J.-C. ·VI~ siècle) Elephanta (V"-VII~ siècle) Mahabalipuram (VII'-VII~ siècle) Pattada kal (VII'-VII~ siécle) Grottes d'EIIora (Vil'- Xl' siécle) Khajuraho (X'-Xl' siècle) Temple de Brihadisvara, Thanjavur (1010) Qutb M inar et ses monuments , Delhi {Xlii' siécle) Temple du Soleil, Konarak (Xli~ siècle) Hampi (XVI' siécle) Mausolée de Humayun , Delhi (1565) Fathpur -Sikri (1573) Fort-Rouge , Agra (1574) Églises et couvents de Goa {XVI~ siécle) Taj Mahal (1631-1647) Les Anglai s, entre passion orientaliste et crise d'inspiration de la fin du XIX' siècle , créent un style archaïsant et hybride , curieusement baptisé « indo-sarrasi n » (c'est-à-dire musulman ou moghol) .

À Madras (Chennai ) s'élèvent bientôt le Post and Telegraph Office (1874 ) et le bâtim ent de la Cou r suprême (1892 ).

À Calcutta , capitale jusqu'en 1912, le gouverneur généra l Curzon fait construire un mémorial à la reine Victoria, première impératrice des Indes.

A chevé en 1921 et entièrement réalisé en marbre blanc, il dissimule bien mal sa volonté de rivaliser avec le Taj M ahal.

À Bombay , le style indo­ musulman est présent dans la Porte de l'Inde et le musée du Prince -de-Galles (1909 ) .

Le style historiciste définit les palai s princiers (Baroda , Gwalior , Bikaner ).

À Jodhpur, le monumental palais Umaid Bhavan , commencé en 1929 , est d'inspiration Art déco .

L'ensemble gigantesque formé à New Delhi par le palais du vice-roi (devenu palais présidentiel ), surmonté d'un dôme en cuivre , le Secrétariat et la Porte de l'Inde (sorte d'arc de triomphe) , achevé en 1929 , affiche un style indianisant épuré dû aux architectes britanniques Lutyens et Baker .

baptisé Kalighat (1800-1930) : né dans la rue, il emprunte à l'aquarelle naturaliste et aux miniatures mogholes, et puise son insp iration dans les scènes populair es.

La palette est limitée, les forme s pure s, le trait léger.

Les portraits de femm e ont la douceur mélancolique des peintures murales d'Ajanta, redécouve rtes en 1819, qui serviront aussi d'insp iration à Amrita Shergil (1913-194 1).. »

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