Devoir de Philosophie

LES «BATAILLES» D'UCCELLO

Publié le 14/09/2014

Extrait du document

Les trois panneaux de Paolo Uccello conservés à Londres (National Gallery, 181 cm sur 320 cm), à Florence (galerie des Offices, 181 cm sur 322) et à Paris (musée du Louvre, 180 cm sur 316 cm) sont tout ce qui reste d'un ensemble de cinq peintures repré­sentant des épisodes de la bataille de San Romano qui eut lieu le 1- juin 1432 entre les forces florentines et celles des Visconti de Milan.

Conservées dans le palais Médi­cis jusqu'au milieu du xvr siècle, les oeuvres, exécutées sur bois, passè­rent ensuite dans des collections privées, avant d'être acquises au xre siècle par les trois musées. La Bataille des Offices porte la signa­ture du peintre. Aucun panneau n'est daté, mais les historiens s'accordent à les dater des années 1455-1460. Toutefois, une hypo­thèse récente tend à faire situer l'exécution de ces peintures dans les années qui suivirent l'événement qu'elles représentent.

« chant presque le bord du tableau.

Je reste du corps s'enfonçant dans la profondeur.

Ce trai­ tement, dit •en raccourci •, se répète dans la Bataille de Florence : deux chevaux gisent sur le sol, à l'avan t de la composition, jambes repliées , ventre exposé, leurs cavaliers en armu re renversés avec eux et réduits, par le point de v ue insolite choisi , à un emp ilement complexe de pièces de métal.

Dans le même tableau , à droite, un cheval qui rue , vu de dos , permet au peintre de traiter l'animal par des formes géométriques simples : le cercle et la sphère expriment les différentes parties du corps - le ventre, la queue, et les jambes arriè re en raccourci, montrées par dessous.

L 'utilisation du cercle, avec ses dérivés, s'impose d' ailleu rs un peu partout dan s les trois tableaux, norme abstraite surimposée à la grille, perspective formée par les lances ou les éléments de pelouse.

Elle inspire le dessin des couvre-chefs précieusement damassés portés par Niccolo da Tolentino dans la Bataill e de Lond res et par Micheletto da Cotignola dans celle de Paris, comme elle sert à traduire la forme des panaches sur ce même panneau - d 'invraisemblables dômes de plumes dont Piero della Francesca reprendra l'idée , aussitôt, dans les fresques de San Francesco d'Arezzo.

L'obsession du cercle détermine surtout la pré­ sence de nombreux et étonnants mazz occh i, des couvre-che f s en forme de couronn e ou de tur­ ban rigide, faits d'une struc ture d 'osier que l'on recouvrait de t issu.

Quatre de ces mazzocchi sont représentés dans la Bataill e des Offices , deux autres sont peints dans celle de Paris.

Le dernier des tournois Ornées de bandes diagonales ou plus souvent d'un décor à facettes formant damier, ces paru res de tête sont de purs morceaux de bra- voure , dans lesquels l'artiste montre combien il excelle à résoudre les problèmes de géomé­ trie dans l'espace.

Elles introduisent dans les trois Bataille un élément d 'irréalité, faisant de ces descriptions de fait s de guerre moins les reconstitutions d'un épisode histo rique que la chronique rêvée d'u ne guerre ancienne.

Les circonstances de la commande des panneaux expliquen t ce traitement.

Au milieu des années 1450 , Cosme de Médicis , que l'his­ toire surnommera Cosme l'An c ien , est au terme de sa carrière.

Il entend célébre r par des œuvres d'art l'événement qui, dix-huit ans plus tôt, cont ribua à faire de lui le chef suprême de Flore nce, a insi que l'homme , Niccolo da Tolentino, son ami décédé, par qui la victoire arriva.

Mais , entre 1432 et 1455 environ, d'autres événements militaires sont intervenus, que Florence serait en droit de célébrer plu s opportunément que cette bataille déjà ancienne.

Aussi le décor que le vieil homme commande à Uccello corres­ pond - il davantage à une commémoration intime , enti èrement libre par rapport à la r éa­ lité , qu'à une célébra tion pub lique.

remp lacement des panneaux , qui encadraient à l'origine le lit de Cosme , confirme d'ailleurs cette destination exclusivement personnelle.

Les couleurs extraordinaires des peintures, avec leurs chevaux bleu -vert , jaunes ou orangés , la technique , déjà archaïque à l'époque d 'Uccello , de la dorure ou de l'argenture à la feuille , qui sert au peintre pou r représente r les plaques de métal sur les harnais des chevaux ou les élé­ ments des armures , tout cela contribue à don­ ner l'impression d 'une vision idéale plus que d 'une description r éelle.

Ces cavalie rs trop parés, trop preux , qui combattent dans un désordre trop subtilement arrangé , sont une apparition de rêve.

En arrière du tableau des La Bataille de San Romano, Paolo Uccello, 1456-1460 (Florence , galerie des Offi ces) .

Paolo Uccello Paul « des Oiseaux », ainsi sur ­ n ommé à cause de l'amour qu' il por ­ tait à ces animaux, est né à Prato ­ v ecc hio, prè s d'Arezzo , en 1397 , et mort à Floren ce en 1475 .

Formé auprès du sculpteur floren­ tin Ghiberti , il trav ailla également à Veni se (1425 ).

Padou e (1445) et Urbino (1465 -1469 ).

Ses œuvres, peintes sur bois ou à fresque , mon ­ tr e nt toutes la même préoccupa ­ tion d' un e géom étri e rigoureuse, et notamment d' une organ isation p e rsp ective .

L'ar tiste a repré senté plusieurs fois des thè mes en rapport avec la chevalerie : que ce soit dans le por­ t rait équ est re du c hef de guerre Giovanni A cuto (Florence , Santa M a ria del Flore ), dan s des ta ble aux repré sentant Saint Georges et le dragon , ou dan s les Bataille de San Romano.

Offices , les lièvres qui fuient en tous sens, pour­ sui vis par un chien, rappellent , non pour la décrire concrèteme nt, ma is pour l'évoquer de façon tout aussi poétique et ludique, l 'autre occupation des beaux c heva liers de jadis : la c hasse , la véne r ie.

Ainsi, au lointai n des batailles comme au premier plan, la narration cède le pas à la fable , l'épopée militaire à la célébration d'une civilisation disparue à jamais.

Voir a u ssi : p.104-105 (La Légende de la vraie Croix).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles