Les tendances du théâtre moderne
Publié le 14/03/2012
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Vers 1900, le théâtre réaliste atteignit des sommets. Le public payait des sommes folles pour voir, par exemple, un restaurant entier minutieusement reproduit sur scène. Des metteurs en scène comme l'Américain David Belasco n'acceptaient aucun élément de décor factice, tout devait être "vrai". Mais certains critiques dénoncèrent cet abus de réalisme. Ils estimaient que les portes qui s'ouvraient et se fermaient parfaitement, et que les longues explications qui justifiaient la moindre entrée ou sortie d'un comédien chargeaient inutilement la pièce, et que l'intrigue se passait aisément de telles lourdeurs. D'autre part, certains amateurs de théâtre regrettaient l'absence de poésie, de musique, de danse et de décors en trompe-l'oeil dans les spectacles de l'époque...
«
Ci-dessus: Des comédiens mas qués de la Zero Dimension Com pany descendent d'un autobus au
cours de leur tournée de "happe
ning " à Tokyo au Japon .
Ci-dessous: Une séquence de
la remarquable mise en scène du Songe d'une nuit d'été, signée par Peter Brook pour la Royal Sha kespeare Company en 1971.
limites d'un décor trop compliqué et de
costumes trop réalistes.
Ils mirent la
structu
re même de l'espace scénique en cause, affir
mant que le proscenium coupait trop profon
dément le comédien de son auditoire.
Le
fruit de leurs études donna naissance à une
forme de théâtre en rond, où une scène est
aménagée au milieu de la salle de spectacle,
et cette forme de théâtre s'adapta
merveilleu
sement à un certain type de pièces.
L'importance grandissante de la psychologie
se fit également sentir au théâtre.
Les pul
sions inconscientes qui dictent le comporte
ment humain se traduisirent en courtes scè
nes d'un rythme accéléré, baignant dans une
atmosphère irréelle.
Strindberg a intitulé une
de
ses oeuvres Le Songe.
Les innovations
structurelles de son théâtre influencèrent
cer
tains auteurs dramatiques de l'entre-deux
guerres, tels que les Allemands Georg Kaiser
(1878-1945) et Ernst ToUer (1893-1939) et
les
premières oeuvres de l'Américain Eugene
O'Neill (1888-1953).
En France,
ce fut l'épo
que de Jacques Copeau et du Vieux Colom
bier, de Dullin, du Théâtre d'Art, c'est-à-di
re l'époque où Paris devenait une capitale où
l'art brillait d'un vif éclat.
Mais
les expérimentations du théâtre du XX:e
siècle ne fermèrent pas la scène au réalisme.
Les pièces où le jeu des comédiens et
les dé
cors se calquent sur la réalité ne sont pas ra
res.
Même certains auteurs dramatiques
d'avant-garde choisissent l'approche réaliste
pour leurs écrits.
Depuis la
Seconde Guerre
mondiale, un certain nombre d'auteurs
dra
matiques ont habilement combiné réalisme et
ex'pressionnisme.
D'une certaine façon,
ces
pièces ne sont que de simples histoires, mais, en
approfondissant l'intrigue, on en saisit la
portée symbolique, qui, dans certains cas, est
cependant assez obscure.
Le théâtre de l'Absurde magnifie l'attitude
d'un bon nombre d'auteurs dramatiques .
Ils
estiment
"que l'homme est perdu quand il
est arraché à ses racines religieuses, métaphy
siques et transcendantales: son comporte
ment perd alors tout sens, il devient absurde
et inutile'', s'appropriant ainsi la philosophie
d'Eugène Ionesco, né en 1912, auteur
drama
tique français d'origine roumaine et membre
de l'Académie française depuis
1970.
Quoi
que son idéologie soit assez pessimiste, Ione
sco a écrit des pages d'un humour intense.
Samuel Beckett, un Irlandais de naissance
(né en
1906) utilise dans ses oeuvres ce même
mélange de désinvolture et d'inquiétude qui
se retrouve également dans les Pièces noires
et
les Pièces roses du Français Jean Anouilh,
né en
1910, et dans les écrits de l'Anglais Ha
rold Pinter (né en 1930) et de l'Américain
Edward Albee (né en 1928).
Dans
le passé, le théâtre s'est souvent vu im
poser des règles sévères par l'Eglise, ou l'Etat
ou l'Académie, qui spécifiait
ce qui pouvait
ou ne pouvait pas être fait.
De nos jours, les
règles ont été abolies.
Personne ne peut pré
voir de quelle manière le théâtre évoluera
dans l'avenir.
Mais
il est certain qu'à la base
de l'écriture théâtrale
se retrouvera toujours
une préoccupation éternelle, celle qui
acca
parait déjà les premiers artistes dramatiques
grecs, alors qu'ils
se produisaient sur le sol
battu des places du marché: donner une
ima
ge précise et complète de l'être humain avec
ses joies et ses peines, ses comédies et ses tra
gédies..
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