LIED DE LA TERRE (Le)

LIED DE LA TERRE (Le) 

Cette symphonie en six parties, pour une voix de contralto (ou de baryton), une voix de ténor et orchestre, est la dernière œuvre achevée qu’ait laissée le compositeur autrichien Gustav Mahler (1860-1911). Composée en 1908-1909, elle fut créée six mois après la mort de son auteur, le 20 novembre 1911 à Vienne, sous la direction de Bruno Walter. Si l’on emploie ici le mot « symphonie « pour désigner l’œuvre, c’est que Mahler, qui, au cours des 51 années de sa brève existence, écrivit dix symphonies (dont la dernière inachevée), avait tendance à considérer lui-même le Lied de la terre comme une onzième symphonie. Cependant, il ne s’agit pas d’une symphonie dans le sens classique et formel du mot. Celui-ci n’est ici justifié que par l’ampleur de l'ouvrage, son écriture instrumentale, et la façon dont y sont conçus les développements. C’est un compromis entre le Lied et la Symphonie, compromis au surplus bien caractéristique de la manière de Mahler qui, sauf rare exception, ne composa pas de lieder sans orchestre et fit volontiers intervenir la voix dans la symphonie. Le style de Mahler est d’ordinaire assez composite, néo-classique et néo-romantique à la fois. Il traduit une pensée très intérieurement concentrée et une tendance naturelle à une extériorisation sans pudeur, un perpétuel souci métaphysique et une sensualité débordante. Le langage mélodique y est fait de sublime et de vulgaire à la fois, le langage harmonique mêle le subtil et le banal. Et sur l’en semble de cette production plane une lourde et accablante inquiétude.