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Malevitch Kasimir S.

Publié le 06/04/2019

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Malevitch Kasimir S.

 

Peintre et théoricien russe

 

* 23.2.1878, Kiev

 

+ 15.5.1935, Léningrad

 

Après des débuts marqués par le fauvisme et le cubisme, il s'oriente vers une géométrisation et une dépersonnalisation de l'homme (\"Fenaison\", 1911), jusqu'à atteindre le non-figuratif (\"Carré noir sur fond blanc\", 1913). En 1915, il publie le manifeste \"Du Cubisme au Suprématisme\", dans lequel il développe une philosophie de l'esthétique qui utilise des motifs géométriques simples et consacre la suprématie de l'émotion pure : seule \"l'expérience intérieure\" de l'artiste détermine l'ordre (souvent dynamique) des éléments formels abstraits. Après la Révolution d'octobre, il enseigne à Moscou, où il réalise des modèles pour une architecture suprématiste, destinée à une nouvelle société idéale socialiste : \"architectones\", \"planites\" (villes spatiales qui doivent graviter toutes seules autour de la terre). Mais, à la fin des années 20, le régime soviétique exige un réalisme plus fonctionnel. Malevitch revient alors à une peinture figurative.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Kasimir Malevitch 1878-1935 Peintre et théoricien russe né à Kiev et mort à Leningrad.

Il marque de son empreinte l'histoire des arts plastiques en Occident.

Son Carré noir (1915) s'est érigé pendant de longues années en barrière conceptuelle pour la compréhension de l'art moderne, mais son oeuvre,non exempte d'une dimension tragique, commence seulement à être redécouverte.

Malevitch naît dans une famille polonaise déportée enUkraine après une insurrection contre l'occupation russe.

Son enfance est empreinte de culture polonaise (il est catholique).

Néanmoins,c'est au sein de la culture picturale russe que son talent va éclore.

Il lui appartient indiscutablement, à cette nuance près qu'il s'efforced'accomplir la synthèse de deux cultures complémentaires : la tradition occidentale, qu'il connaît grâce au romantisme et au symbolismepolonais, et une vision moderne de la tradition orientale (byzantine) à laquelle il se mesure.

Ses débuts, situés dans le sillage duréalisme et du romantisme tardif du paysage, ne sont pas connus, car il a brûlé cette partie de son oeuvre en 1906, en quittantdéfinitivement la ville de Kursk pour Moscou — future capitale de la peinture russe.

Engagé dans l'exploration de l'impressionnisme, ilpropose une évolution originale des postulats de l'école française.

La suite de son parcours rapide ressemble à un catalogue des courantseuropéens majeurs : symbolisme, cézannisme, fauvisme, cubisme.

En 1910, il expose pour la première fois au sein de l'avant-gardefauve-expressionniste.

Découvert au cours de présentations d'ateliers par Larionov, il est invité par celui-ci à la première exposition du"Valet de carreau" (Moscou, décembre 1910).

À partir de ce moment, son oeuvre est suivie pas à pas par ses collègues moscovites, dont ilmarque de façon indélébile l'évolution.

Malevitch peint alors plusieurs séries de grandes gouaches expressionnistes où — comme il le diraplus tard — "la couleur s'est libérée de la forme".

Cette couleur expressive va devenir le sujet principal de ses préoccupations : elle "brûleson cerveau".

Mais au lieu de suivre le chemin "emphatique" de Kandinsky ou celui, proche, de Larionov, Malevitch est conscient del'importance des contraintes figuratives que véhicule la tradition de l'imagerie occidentale.

Ainsi, à partir de 1911, il s'engage dansl'analyse des volumes cubistes et aboutit très vite à l'émancipation du plan pictural pur.

L'expérience futuriste l'aide à écarter tout dangerformaliste.

Le futurisme russe, dont il apparaît comme la figure majeure dans le domaine des arts plastiques combine la dynamiqueénergétique des formes avec des structures chargées de contenu "transrationnel" (Zaoum).

Le "transrationnel" constitue la revalorisationsymbolique des composantes figuratives de l'image et aboutit même au dépassement de la valeur illustrative, traditionnellement limitéeà la seule description de l'aspect extérieur.

L'abandon du figuratif a lieu à l'automne 1913 au cours du travail accompli pour la mise enforme plastique (décors et costumes) de l'opéra futuriste Victoire sur le soleil.

C'est dans cette mise en scène que le plan pictural se libèrepour la première fois de la représentation illusionniste et devient une entité picturale à part entière.

Mais ce saut a lieu de façon presqueinconsciente et il faudra encore deux années de travail forcené pour libérer la peinture des attaches mimétiques.

En juin 1915, Malevitchpeint une toile où sur un fond blanc est représenté un seul plan pictural : un "quadrilatère" noir.

Ce "quadrilatère", loin de représenter unesimple forme géométrique, est un être pictural : "enfant royal", entité vivante.

Il a une existence autonome, véhicule une chargedynamique, porte en lui un mouvement.

Dans la première série d'oeuvres qui le suit est affirmée la suprématie de la couleur pure sous laforme de plans de couleurs bidimensionnels dont chacun est chargé d'une énergie propre, ce qui produit une multitude de mouvementsdes plans.

Refusant le lien avec le monde des objets extrapicturaux, Malevitch nomme cet art "non objectif" et définit son système de lasuprématie de la couleur pure "suprématisme".

La première exposition d'oeuvres suprématistes a lieu à Petrograd en décembre 1915dans le cadre de la "Dernière Exposition futuriste 0.10".

Dans la plaquette Du cubisme et du futurisme au suprématisme publiée à cette occasion, Malevitch explique le cheminement de sa pensée.

Son langage intuitif, utilisant des métaphores originales, est compris parquelques rares collègues, et sa nouvelle peinture crée un véritable choc auprès du public éclairé.

Benois, un des plus clairvoyants critiques,parle de "la mort de tout ce qui était sacré" et baptise le fameux "quadrilatère" Carré noir .

Cette vision réductrice et formaliste du suprématisme n'empêche pas Malevitch d'utiliser à l'avenir le Carré noir en tant que symbole de son aventure.

À partir du début 1916, il se lance dans l'exploration du monde des formes non objectives.

Au suprématisme de la couleur succède rapidement une phase deconstructions cosmiques : constellations de formes et de volumes librement projetés dans un espace extraterrestre.

La phase suivante dusuprématisme est consacrée à l'exploration des possibilités proprement existentielles du plan pictural.

Elle aboutit au dépassement de lalogique de la couleur : le suprématisme blanc mène aux limites de la représentativité en peinture.

Le Carré blanc sur fond blanc (juin 1918) est accompagné d'un nouveau manifeste suprématiste où Malevitch affirme que la création non objective a atteint un nouveau palierphilosophique : c'est la non objectivité pure où le concept prime sur la pratique.

Si au début de son aventure suprématiste, il a été suivipar un petit groupe de collègues, rassemblés au cours de l'hiver 1916-1917 dans un séminaire nommé "Supremus", en 1918 la plupart deses collègues se désolidarisent de sa démarche, qui effraie par la radicalité de ses exigences philosophiques.

À partir de l'exposition"Création non objective et suprématisme" (novembre 1919), Malevitch continue seul son chemin.

Il est appelé durant l'hiver 1918-1919aux Ateliers libres de Moscou.

Évincé de la capitale par la tendance "constructiviste", il trouve refuge à l'école d'art de Vitebsk, et y crée lapremière école où les rudiments de l'art non objectif sont systématiquement enseignés.

De son groupe nommé "Unovis" sortiront desplasticiens de premier ordre : Lissitzky, Suetin, Chasnik.

Chassé à nouveau de Vitebsk, il déménage en 1922 à Petrograd, où pendantquatre ans encore il poursuit avec ses meilleurs élèves l'aventure suprématiste, au sein de l'Institut de culture artistique, dont il estnommé directeur.

Cette première moitié des années vingt est marquée par un grand effort théorique : à Vitebsk, il rédige unimpressionnant corpus de traités où il aborde non seulement les questions traitant de la logique des "nouveaux systèmes dans l'art",mais également des questions de nature psychologique et philosophique.

Malevitch constitue une nouvelle téléologie.

À l'exception dequelques plaquettes publiées à Vitebsk, ces textes resteront inédits jusqu'à la fin des années soixante, date à partir de laquellecommencera sa redécouverte en Europe occidentale.

L'oeuvre de Malevitch, régulièrement exposée en Russie jusqu'en 1920, resteinconnue en Europe jusqu'en 1922, quand quelques toiles sont incluses dans l'exposition à la galerie Van Diemen à Berlin.

C'estseulement en 1927 qu'il réussit à présenter une large exposition personnelle hors de la Russie.

Elle a lieu au printemps à Varsovie etdurant l'été à Berlin, et rencontre un écho certain en Pologne, en Allemagne et au-delà dans toute l'Europe occidentale.

De ses contactsavec le Bauhaus résulte la publication du livre Die Gegenstandslose Welt (le Monde sans objet , 1927).

L'épopée du suprématisme se trouve ainsi documentée dans l'histoire de la culture européenne.

Appelé d'urgence à Leningrad, car on est en train d'y liquider son Institut deculture artistique, il laisse à ses amis berlinois l'ensemble de l'exposition, ainsi qu'une très importante sélection de ses archives(manuscrits et documents).

Pressentant de sombres lendemains, l'artiste a la conscience que son oeuvre ne peut survivre qu'en exil.

Lui-même tentera en vain de lutter avec la machine totalitaire en Russie.

S'étant engagé dès 1920 dans la théorie et dans la pratique d'unearchitecture idéale, il produit au cours des années 20 de nombreux modèles architectoniques, les Architectones dont les bases datent de Vitebsk.

À la fin des années 20 et au début des années 30, le domaine architectural lui offre la seule possibilité de survie sociale.Parallèlement, il se lance dans une peinture post-suprématiste de nature symboliste.

Comme il le dit, il "cherche la face du nouvelhomme".

Cette peinture étant à son tour rejetée par l'idéologie du "réalisme socialiste", toutes les portes se referment successivement.N'ayant pas pu obtenir la permission de se faire soigner à l'étranger, il meurt en mai 1935 d'un cancer.

La redécouverte de l'oeuvre n'alieu qu'à la fin des années 50, quand le Stedelijk Museum d'Amsterdam, ayant acquis la majeure partie des oeuvres laissées à Berlin,organise une grande exposition qui fait le tour des capitales européennes.

Ce n'est qu'en 1988 que le public russe pourra revoir lespeintures de ce peintre maudit.

Pourtant, son oeuvre connue en Occident chemine dans la pensée plastique du siècle : ses adeptesspirituels se nomment Moholy-Nagy, Reinhardt, Newman ou Klein, parmi d'autres.. »

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