Marc CHAGALL : LE CIMETIÈRE
Publié le 30/06/2012
Extrait du document

Celle-ci semble due pour une bonne part au traitement chromatique,
fondé sur le souci de l'harmonie et de la nuance. Chagall nous avait habitués
à des couleurs plus violentes, lui qui cultive volontiers le choc des
couleurs franches et agressives. Il n'en est rien ici, comme s'il fallait nous
convaincre que nous nous trouvons dans un lieu où il fait bon ...

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Commentaire de l'image --------------
Ce tableau de Chagall attire autant qu'il déconcerte.
Il nous parle des
racines et
de la mémoire, des droits de l'imagination constituante, du lien
entre l'art et la spiritualité ...
mais
il faut prendre le temps de la contem
plation avant que tout ceci ne se dégage
d'une image a priori déstabili
sante ne serait-ce
que par ses lignes penchées, qui communiquent une
sorte de vertige au spectateur.
Peut-être ce vertige lui-même fut-il celui
d'un artiste plongé dans les bouillonnements d'une Histoire qui le tenait à
distance des siens : une petite
communauté juive d'Europe centrale me
nacée de dissolution et d'oubli.
Le traitement novateur d'un thème conventionnel
L'image est suffisamment figurative pour que nous reconnaissions un
motif, celui du cimetière,
que beaucoup ont traité, en tant qu'il servait des
intentions élégiaques et s'inscrivait dans l'obsession romantique de la
mort -et nous pensons ici
aux peintures de Friedrich, en particulier.
Mais ici, paradoxalement, on reconnaît les éléments constitutifs
d'un
cimetière (tombes, stèles et végétation) sans que l'atmosphère d'ensemble
s'accorde pour autant à la suggestion convenue de mélancolie.
Cela tient
sans doute à la construction insolite
de l'image, qui semble vouloir se
soustraire délibérément aux lois de la perspective : il n'y a pas de point
central et fédérateur,
chaque élément est pris d'un point de vue différent...
comme si le promeneur avait flâné dans les allées, avait tourné autour des
tombes, s'était
penché sur chacune d'elles: le spectateur se pénètre ainsi
d'emblée de la familiarité qui s'est établie entre les lieux et lui.
Et cet effet
de proximité (confirmé par le cadrage coupé) produit une sorte d'inti
mité qui nous aide
à pénétrer dans l'image.
On est donc en présence d'une image qu'il est difficile de saisir, parce
qu'elle est
à la fois foisonnante -les angles aigus des monuments funé
raires produisent notamment un effet
de prolifération -et stylisée : en té
moignent le traitement du ciel et celui de la végétation, qui portent la
marque de l'influence cubiste et rappellent le
coup de pinceau d'un
Delaunay.
Ces deux démarches -foisonnement et stylisation -s'avèrent
moins contradictoires qu'il n'y paraît d'abord :
on comprend vite que
Chagall a pris le parti de sacrifier l'anecdotique à l'essentiel.
Il s'agit pour lui d'établir une confrontation directe entre deux lignes
qui divisent grossièrement l'image à l'horizontale : ceci nous
amène à
mettre
en relation le monde des hommes -le cimetière- et l'espace de la
157.
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