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Maurice Ravel

Publié le 22/02/2012

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De père suisse et de mère espagnole, Ravel vit le jour sur un des quais du port de Ciboure, et arriva à Paris trois mois plus tard. Entré à quatorze ans au Conservatoire, il apprit le piano avec Bériot, la composition avec Fauré. Quand, après un second prix de Rome et deux nouveaux échecs, Ravel fut éliminé du concours, c'est encore Fauré qui défendit son élève avec fougue, regroupant autour de lui les réformateurs de l'époque (Stravinski, Satie, De Falla). Dès ses premières compositions, datées de 1895, Ravel fut en effet reconnu comme un précurseur étonnant, portant les espoirs d'une génération. A part un an sous les drapeaux (1917), des tournées en Amérique du Nord (1922-28), celui que Stravinski appelait l'horloger suisse mena une vie studieuse et sans éclats, déployant par des recherches méthodiques un art magistral de la construction et de l'évocation. L'assimilation parfaite des oeuvres de Fauré, Debussy, Moussorgsky, Liszt, alliée à un goût espiègle pour les défis, donna aux oeuvres de Ravel, une modernité impressionnante, dans des styles aussi divers que la pièce pour piano, l'oeuvre symphonique, la musique de chambre, le ballet. Qu'il s'inspire de Mallarmé, Fargue ou Chopin, toutes ses partitions brillent d'un sens exemplaire de l'orchestration, de l'équilibre harmonique, de la construction rythmique. Luttant farouchement contre la maladie, Ravel fit quelques derniers voyages en Europe et au Maroc avant de s'éteindre à Paris, des suites d'une opération désespérée.
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« et Chloé.

C'est l'époque heureuse de notre musicien.

Son pouvoir répond aisément aux audaces de son vouloir.

Laforme s'assouplit dans la netteté de la structure ; la richesse et la somptuosité du fond harmonique s'accordent auxcaprices aigus d'une mélodie svelte et serrée.

Cette exigence de la mélodie l'amènera par la suite à une sorte derectification des appétits harmoniques.

Dans les Valses nobles et sentimentales de 1911, l'harmonie se durcit, lesreliefs s'accusent.

A compter de cette Oeuvre vraiment essentielle nous verrons s'accentuer l'effort de notre auteurdans le sens d'une clarification de l'écriture au bénéfice de l'élément linéaire. La dernière manière de Ravel qu'inaugure la Valse de 1920, porte peu à peu le dépouillement à son comble dans unesprit fiévreux, acharné, qui contraste avec la sérénité spirituelle qui dominait aux époques précédentes.

La Valse,le Boléro, le Concerto pour la main gauche notamment s'achèvent dans une angoisse panique, comme si chacune deces péroraisons adressait à la musique un adieu désespéré.

Il reste que dans les Chansons madécasses et le secondacte de l'Enfant et les Sortilèges un lyrisme fervent sourit au milieu des larmes et nous délivre enfin, à l'extrême dela tension et du dessèchement, le message d'une tendresse apaisée. Maurice Ravel est mort le 28 décembre 1937 des suites d'une affection cérébrale qui avait peu à peu paralysé sonactivité en lui laissant une lucidité intacte et douloureuse.

Cette lucidité partout et toujours conservée apparaîtcomme la marque du génie ravelien.

Son message est classique, qui ne tend à rien d'autre qu'à signifier, à magnifierle réel par l'artifice des conventions et des règles.

Ce n'est pas qu'un Ravel échappe à l'inévitable conflit qui met auxprises le tempérament de l'artiste et le destin de l'homme ; mais le drame est secret et secrètement refoulé.L'Oeuvre s'inscrit ainsi dans la tradition française de ces maîtres qui eussent pensé scandaliser leur auditoire enessayant de l'intéresser à eux-mêmes. Tableau, sonate ou poème tendent ici à se séparer de la condition de l'homme qui leur a donné forme et couleur.Nouvelle Galatée, détachée de son créateur, achevée dans toute la force du terme, l'Oeuvre vivra de sa vie propre.C'est malgré elle et malgré lui qu'elle nous parlera de ce cOeur qui lui a donné d'être et d'être belle. Les intimes de Ravel lui avaient donné pour devise la devise même des prestidigitateurs : rien dans les mains, riendans les poches.

Aucun manuscrit sur sa table ; aucun crayon sur son piano.

On eût dit que les touches de ceclavier muet déclenchaient à distance les poinçons du graveur.

Rien dans les mains, rien dans les poches : c'estl'esthétique de l'imposture, renouvelée d'Edgar Poe et de Baudelaire, car le miracle apparent n'est que feintise ; lesmains de l'illusionniste sont pleines d'astuce, ses poches bourrées d'artifices, sa mémoire lourde de références audemeurant le plus naïf des hommes. Magicien ingénu, Ravel ne fait point de différence entre les fruits de la nature et les produits de l'industrie.

La"minuscule montre" du grillon qu'il a chanté dans les Histoires naturelles et l'horloge catalane de l'Heure Espagnole nesont ni plus ni moins artificielles l'une que l'autre : elles sont toutes deux surnaturelles.

C'est dire qu'il se trouvechez lui au royaume de féerie.

Le vert paradis des amours enfantines de son cher Baudelaire lui est une patrie qu'iln'a jamais quittée, du Noël des Jouets à Ma mère l'Oye, de Gaspard de la Nuit à l'Enfant et les Sortilèges.

De là sonprivilège puéril et magnifique de diriger son rêve en fixant sur toute chose le frais regard de la surprise. La surprise.

Toute l'esthétique de Ravel tient dans ce mot.

Tout le surprend ; tout l'invite à surprendre.

Là mêmeest son don, qui est le don de l'enfance. Objectif et crédule, rien n'a jamais terni la pureté, la simplicité du regard ébloui qu'il jetait sur le monde.

Ni latyrannie des instincts, ni la violence des passions n'avaient obscurci en lui ce désintéressement candide qui assurela liberté de l'artiste, le conduit tout droit à la nature profonde des choses et le laisse partout et pour toutdisponible. Contemporain de ces extrémistes de la sincérité qui pour faire l'ange font la bête en mettant l'enfance dans lemétier et la rouerie dans l'âme, un Ravel, à l'inverse, met la rouerie dans le métier et garde son âme enfantine. Au palais enchanté qu'il habite et que garde le génie rigoureux et sensible de la tradition française, Ariel remonte lespendules, Vaucanson prépare les prodiges et les métamorphoses.

Mais par quelle magie les charmes d'Ariel et lesartifices de Vaucanson se fondent-ils en une délectation singulière ? C'est le secret du génie dans le triomphe dumétier.

C'est l'aveu d'un amour qui ne s'exprime qu'en actes, mais que nous pouvons connaître à ses fruits. "J'ai passionnément aimé la musique, disait le vieil Auber elle a été ma maîtresse.

Puis nous avons vieilli ensemble :elle est devenue ma femme..." Maurice Ravel a toujours refusé de se marier.. »

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