MICHEL-ANGE : JACOB

« MICHEL-ANGE JACOB 1511-1512 Peintre italien Analyse ^Jacob — célèbre patriarchede la Bible, descendant d'Abraham etd'Isaac — est assis, recroquevillé sur lui-même, dans la moitié gauche d'une des lunettes de la chapelle, lesquelles, avec les pendentifs, accueillent les ancêtres du Christ. Le front ridé et froncé et le regard dramatique écarquillé témoignent d'unevision de la condi tion terrestre vouée à la douleur. Derrière lui apparaissent une figure délicate, menue, de jeune femme, et un Hercule enfant qui tend les bras vers elle, préfigurant dans l'ensemble l'image de la Sainte Famille. La récente restauration amis au jour le procédé pictural utilisé par Michel- Angepouraccentuer l'illusiontridimensionnelle des figures. Les parties en premier plan telles que le front, le nez et un genou de Jacob, sont renduesplus claires grâce à une trameserrée de coups de pinceau, tandis que le reste, peint à coups plus longs et plus fluides, reste plus délicat jusqu'à s'estomper enprofondeur. La conception des personnages dans les lunettes, dernièrepartiede ladécoration exécu tée entre octobre1511 et octobre 1512, se différencie notablement de celle des prophètes et des sibylles. Les représentations de ces porte- parole de Dieu se déploient de manière centri fuge, irradiant dans toutes les directions avec leurs habits gonflés par le vent qui souligne leurs rondeursplastiques.

Les figures des ancêtres, au picto CHAPELLE SIXTINE 164 CITÉ DU VATICAN xv^-xvi6 siècles Fresque 215 x 430 cm contraire, comme coincées dans les lunettes sur un fond triste et terne, portent des tuniques sans drapé, aux pans rectilignes ou angulaires. Un tel habillement resserre les corps de façon « raide », renvoyant dos à dos les Voyants proches de Dieu, au corps épanoui, et les hommes d'avant le Christ, prisonniers du péché, au corps mortel. L'œuvre U Le plafond de la chapelle Sixtine du Vatican (commandée par Sixte IV, pape de 1471 à 1484) peintpar Michel-Ange de 1508 à 1512, représente les scènes lesplus dramatiques de l'Ancien Testament : Dieu séparant la lumière des ténèbres, la Création de l'homme et de la femme, la Tentation, l'Expulsion du paradis terrestre. Noé, le Déluge, l'Ivresse de Noé, le Serpent d'airain, l'Histoire d'Esther, de Judith etde Goliath sont encadrés par les figures des porte-parole de Dieu : les prophètes et les sibylles. L'ensemble constitue un exposé de la foi catholique de la Renaissance :pour celle-ci, héritée de la philosophie grecque, l'âme, emprisonnée dans le corps pendant sa vie terrestre, fait retour vers Dieu qui a fait l'homme à son image. Ici-bas, l'homme est prisonnier de l'ombre. Chaque homme dans sa nuit va vers sa lumière. Cette conception explique le contraste permanent entre les personnages monumentaux aux contours presque surnaturels, les voyants, et les êtres de l'ombre, les hommes d'avant le Christ. Michel-Ange et Jules II •^ Le 31 octobre 1512, lepape Jules II, dont la postérité a retenu les saintes colères et l'impa- iience, put finalement visiter la chapelle Sixtine, terminée et saluée aussitôt comme un chef- d'œuvre.

Les relations entre le pontife et l'artiste qui avaient été longtemps orageuses s'apaisèrent Du même peintre : PICTO161à 167 CNardini Editore, 1991.

VPC Larousse-Laffont pour l'édition française.

1991 etMichel-Ange travailla au tombeau de Jules II qu'ilconsidérait comme son œuvre capitale.Il ne put hélas en réaliser que le célèbre Moïse et les deuxesclaves, l'Esclave rebelle etl'Esclave mou rant, aujourd'hui au musée du Louvre.

Il travailla à ce projet de 1505 à 1545 ! Photo Archives musée duVatican R2-01-16. »