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Modigliani

Publié le 17/04/2012

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L'Italien Amedeo Modigliani (1884-1920) est peintre et sculpteur. Après avoir étudié l'art en Italie, il vint à Paris (1906), où il fréquenta les cubistes. Installé en 1909 à Montparnasse, il se consacra à la sculpture. Encouragé par des amis à se tourner vers la peinture, il trouve peu à peu sa manière. En 1914, il est au meilleur du style qui le rendra célèbre, — après sa mort, hélas, car il connut de son vivant un échec retentissant. Amer, incompris, tourmenté, il sombra dans l'alcoolisme. Malgré le calme que lui apporte Jeanne Hébuterne (1917), il finira dans la plus noire misère, avant de faire la fortune de son marchand de tableaux après sa mort.

« Ce qu'était son style vers 1915, on peut le voir clairement dans le Portrait d'Henry Laurens et dans le Marié et la Mariée du Museum of Modern Art de New-York.

A première vue, le Laurens semble une œuvre fauve et le Marié et la Mariée une œuvre cubiste.

Mais, en fait, l'une n'est pas plus cubiste que l'autre n'est fauve : de toute évidence, Modigliani use des éléments à la mode pour créer des caractères, intention aussi étrangère à Picasso qu'à Matisse, à Braque qu'à Juan Gris.

Chez Modigliani, les déformations ne sont qu'un moyen, non un but : le nez cubiste semble souligner le caractère, mettre en relief l'aversion du peintre pour la suffisance solennelle du bourgeois.

Dans les œuvres peintes jusqu'en 1917, la couleur intense, riche en nuances, a une valeur propre.

L'origine cézannienne du rapport forme-couleur reste manifeste.

La ligne sert à construire des zones de couleur, comme, par exemple, dans le Portrait de Paul Guillaume de 1916 (Collection Pallini, à Milan).

Puis, petit à petit, elle devient conductrice de l'image.

Non que la richesse du coloris s'atténue, mais elle se voit contrainte de changer de nature, afin de s'adapter à la ligne, de même qu'auparavant la ligne était fonction de la couleur.

C'est à ce moment que Modigliani ressent la nécessité de ne pas renoncer à la troisième dimension et dessine cependant la 1 igne sur; la surface; il trace sa belle courbe, mais occupe avec cette courbe plusieurs plans superposés; il donne simultanément la sensation d'une zone de couleur étendue et celle d'une masse de volume, accentue une couleur pure et tout de suite lui adjoint une zone neutre, pour suggérer l'accord tonal; il occupe l'espace et subitement renverse l'image à la surface.

Le désir d'obéir à cette double exigence entraîne nécessairement la déformation de l'image et la nécessité de dépasser la déformation par une synthèse formelle.

Dans le Marié et la Mariée de 1915, la synthèse fait encore défaut : toutes les possibilités sont là, mais pas encore mises en œuvre.

Après 1917, la synthèse est, au contraire, évidente, et, dans beaucoup d'œuvres, parfaite.

Elle est fondée sur la ligne.

Ce retour à la ligne comme élément conducteur d'un style est la nou­ veauté de Modigliani, ce qui le distingue de tous ses contemporains.

On peut dire qu'après Ingres, la ligne avait perdu sa fonction directrice, et que c'est lui qui la lui a rendue.

On a dit aussi que, ce faisant, il s'était inspiré de l'exemple des grands primitifs, de Lorenzetti à Botticelli, ce qui n'est pas exclu, mais, à coup sûr, l'effet de la ligne de Modigliani diffère entièrement de celui de la ligne des anciens, du fait même que ceux-ci n'avaient pas à concilier des intentions opposées.

Il reste qu'une fois maître de sa ligne, Modigliani crée la série de ses chefs-d'œuvre.

Le Nu au coussin, de la Collection Gianni Mattioli de Milan et le Nu étendu, du Museum of Modern Art de New York, révèlent à la perfection la poésie de Modigliani, sa proportion idéale, sa volonté de vérité à tout prix, en même temps que l'élégance et la noblesse de sa sensibilité.

En 191 7 commence aussi la série de ses portraits les pl us fameux : le Portrait de :(borowski du musée de Saô Paulo, au Brésil, et les nombreux Portraits de Madame Hébuterne et de Madame :(borowski.

La grâce féminine a rarement trouvé une expression à la fois plus délicate et plus fer­ vente, plus sublimée aussi.

Modigliani charge ses modèles de ses propres tourments, de ses propres souffrances.

Il les transforme en anges déchus, chez qui le désir de pureté artistique et morale transcende tous les troubles.

La guerre s'appesantissait aussi sur les corps et les âmes des enfants.

Et la vision que Modi­ gliani a d'eux, de leur précocité, qui n'abolit pas la candeur, de leur isolement inconsolé, de leur souffrance, de leur désir de vivre déçu, s'exprime dans ses toiles avec une prodigieuse puissance.

Marie, autrefois dans la Collection Sabouraud de Paris, est peut-être le chef-d'œuvre de l'artiste.

Modigliani représente le principal apport de l'Italie à l'art moderne.

A Paris, entre 1906 et 1920, il a été l'un des artistes les plus originaux, capable de créer son monde propre, plein de maux matériels et moraux, mais aussi d'idéal, d'aspirations élevées, de liberté.

Une fleur est née de tout cela : une ligne parmi les plus pures, parmi les plus choisies que l'histoire de l'art connaisse.. »

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