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MODIGLIANI

Publié le 05/09/2013

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MODIGLIANI
1884-1910
LoRsQuE, en 1906, Modigliani arriva à Paris, il avait vingt-deux ans et apportait un bagage artistique assez limité. Il avait étudié à Livourne, sa ville natale, et à Venise, dans le milieu des épigones des Macchiaioli florentins, et peignait avec un réalisme facile, sans style personnel. Il était certes plein d'un grand élan et animé par un idéal héroïque, puisé dans la lecture de Nietzsche, idéal qui s'accordait fort mal avec la mesquinerie de la peinture apprise. Face à la disproportion entre ses aspirations et les moyens de réalisation, il s'abstint de toute manifestation improvisée et superficielle et partit pour Paris. Tout le monde sait, de reste, quelle a été à Paris, dans les années 1906 à 1914, la ferveur créatrice et dans quelle mesure cette ferveur a décidé du destin de l'art contemporain, jusqu'à nous. Les improvisations géniales abondaient, on explorait de nouvelles terres promises aux conquêtes de la peinture : celles-là mêmes où devaient pénétrer ceux qu'on a appelés Fauves, Cubistes, Expressionnistes, Futuristes.
Modigliani ne s'encadre dans aucun de ces groupes. Il se laisse mûrir, sans hâte, étudie Cézanne en 1908 et 1909, s'en assimile les volumes chromatiques et la rigueur de sa construction, regarde Picasso et acquiert une énergie du dessin qui est, en soi, une valeur d'art, regarde Brancusi et les sculptures nègres et comprend l'importance de la simplification plastique, qui rend plus intense l'expression fantastique. Mais surtout il apprend ce que Paris seul pouvait alors enseigner, à savoir la nécessité de se libérer de l'illustration anecdotique, afin que l'oeuvre d'art accède à une vie propre, indépendante de motifs extérieurs, littéraires ou historiques.
Modigliani n'a pas encore pris le chemin qui devait faire sa grandeur, et pourtant il crée, dès lors, des oeuvres originales, hautement significatives. Ce sont ces sculptures de 1910-1912, où se révèle un sentiment des courbes et des proportions fantastiques, d'une transcendante élégance. Et ce sont encore ses dessins ou détrempes de 1913-1914, représentant des Cariatides, où l'énergie plastique et la puissance du mouvement des formes parviennent à des effets surprenants : on peut bien dire que le rythme des courbes dépasse là toute intention décorative, par la construction d'images encore inédites et plus vivantes que n'importe quel objet naturel. Dans les sculptures et les cariatides, l'originalité est complète, encore que la personnalité de l'artiste ne se soit pas encore entièrement dégagée.


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