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Nicola Pisano: LA CHAIRE DU BAPTISTÈRE DE PISE

Publié le 14/09/2014

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Exécutée entre 1255 et 1259, la chaire du baptistère de Pise repose sur sept colonnes de marbre rouge et vert, aboutissant directement sur le sol ou reposant sur des bases sculptées de lions, de figures gro­tesques et d'animaux.

Dans l'archivolte, c'est-à-dire dans la partie unissant les colonnes à la balustrade, sont figurés pro­phètes et évangélistes ainsi que saint Jean-Baptiste et, aux angles, des allégories des Vertus.

La partie supérieure de la chaire est ornée de cinq reliefs de 85 cm de haut sur 113 cm de long, séparés par des groupes de trois colonnes. lis repré­sentent l'Annonciation avec la Nativité et l'Annonce aux bergers; l'Adoration des mages; la Présentation au Temple; la Crucifixion et le Jugement dernier. Un pupitre en forme d'aigle surmonte la balustrade et une inscrip­tion datant et signant l'oeuvre est gra­vée sous le relief du Jugement.

« Une structure complexe À la différence des chai res anté rieures, monu­ me nts rectangul air es adossés à un mur, la chaire de Pise est isolée dans l'espace.

Hexagona le, elle repose sur des colonnes et est murùe d'un escalier.

Sa pa r tie supérieure mê le des é léments architectu raux (co lon­ nettes) et des morceaux sculptés.

Les pre­ miers, faits de marbres polychromes, sont vivement colorés, alors que les statues, en cal­ caire, sont d'un blanc éclatant.

Ultime raffine­ ment : les figures des reliefs se détachaient jadis sur un fon d incrusté de pierres teintées, qui ont aujourd'hui disparu.

L'influence des œuvres antiques Située dans un des quatre bâtiments de la place des Miracles à Pise, l'œuvre n'est éloignée que de quelques dizaines de mètres du Camposanto, le cimetière sac ré.

Ce monument, fait d'une galerie entourant un champ à la terre rép utée miraculeuse , contient dès 11 é poque de Nicola P isano une collection de sarcophages antiques •récupé rés• par les notables pisans, qui s'en servent pour enseveli r leurs proches.

Pisano , formé dans le sud de l'Italie où l'influence antique se marùfeste très tôt , s'est intéressé de près à ces tombeaux antiques.

Entre les colonnes et la balustrade , les statuettes d'a ngle s'inspirent directement de modèles sculptés sur leur façade : la figure de la Foi est une imposante matrone enveloppée d'un vête­ ment au drapé copié des toges romaines; l'allé­ gorie de la Force s'exprime dans le corps d'un Hercule puissant et souplement déhanché dont l'original se trouve dans le Camposanto.

Quelques-uns des reliefs de la chaire s'insp irent également des sculptu r es antiques de Pise.

Ain si, le panneau représentant la Nativ ité et les événements qui s'y r attachent agence le réci t avec une clarté et une rigueur classiques.

Au cent re, beaucoup plu s grande que les autres personnages , Marie , qui vient d'accoucher , est étendue, son nouveau-né derrière elle.

Plus haut à gauche , Marie , avec l'ange , est représentée une seco nde fois , dans la scène de /'Annonciation.

Sur le côté inférieur droit du pan- L'Ann onci ation, la Nativité et !'Annonce aux bergers, relief de la chaire de Giovanni Pisano (Pist oia, Sant'Andrea).

L e fils d e Nicola Pisano trait e le mêm e thème que son pèr e, dan s un esprit beau coup plus gothique.

neau , des silhouet tes plus petites , sculptées moins profondément , évoquent des épisodes secondaires par rapport à ces deux scènes essentielles : Joseph regarde deux servantes en train de baigner le n ouveau-né , des bergers reço ivent l'annonce de la naissance div ine.

Une disposition si claire est exce ptionnelle dans la sculpture du xur siècle : elle révèle très claire­ ment l'influence des sarcophage s, car ceux-ci, de la même façon , fondent la narration sur le contraste entre de hautes figures dans les épi­ sodes majeurs et de plus petites dans les récits subsidiaires.

Enfin, le traitement des personnages est aussi inspir é de la marùère antique.

L'enfa nt qu'on baign e dans la Nativité est un petit Hercule (au corps aujourd 'hui mutilé) bien plus qu'un nou­ veau -né, et Marie , une jeune femme à la beauté classique enveloppée d 'une étoffe dont les plis lourds irrùtent le drapé des statues romaines.

L'évolution gothique D 'autres parties de la chaire montrent des ten­ dan ces différentes .

Les lions forman t les sup ­ ports de trois colonnes , thèmes habituels de la sculpture romane , sont des bêtes musclées qui semblent étudiées d' après nature , ave c une volonté d'évoquer la vie qui n'a pas de précé­ dent dans !'art des siècles antérieurs.

Surtout, dans les derrùers panneaux , consacrés à l'his toire de la Passion du Christ , la force tra­ gique des événements en tr aîne une rupture avec les formes et les rythmes antiques, où dorrùne un souc i d'harmorùe.

Dans la Crucifi­ xion, les figures sont plus nombreuses et de plus petite taille , les gestes sont véhéments, les mou ­ vement s, contradictoires.

Il en va de même dans le derrùer des panneaux , où est repré sen té le Chris t juge lors du]u gem e111 dernier.

Ce t é loignement progressif des modèles antiques au pro fit d' un art proche de la vie se trouve confirmé dans les années suivante s.

À Sienne, entre 1265 et 1268 , Nic ola exécute pour la cathédrale une autre chaire en marbre , cette fois octogonale.

Plusieur s années après le choc que dut représenter la découverte des sarcophages pisans , il réalise une œuv re aux tendances moins classiques.

L es figures d'angle sous la balustrade ne sont p lus d es nudit és ou des formes généreuses envelop­ pée s d'amp l es drapés , mais de longues et étroites silhouette s serra nt sur leur corps des tissus aux plis cassés.

Les reliefs eux-mêmes ne s'orgarùsent plus en fonction de quelques personnages à la taille imposante, mais se peup lent d 'une foule de petites figures.

L'influence des assistants et en particulie r celle de Giovanrù Pisano , le fils de Nico la, jouent un rôle dans cette évo lution.

Giovanrù, dans l es années qui suivent l'exécution de cette chaire , réalise deux monuments semblables sans la participation de son père , à Sant ' Andrea de Pistoia puis dans la cathédrale de Pise.

Ces deux chaires présentent des caractères gothiques beaucoup plus affirmés que ceux de la chaire de Sienne.

Dan s le relief d e la Nativité de jésus, à Pistoia, la Vierge est beaucoup moins grande que dans les versio n s précédentes de cette scène, par rapport aux autres personnages.

Son visage , aux traits moins réguliers, gagne en naturel.

Le plissé de sa robe moule les jambes et les seins; le corps même de Jésus , dans le bas du panneau, est celui d'un tout petit enfant à la tête énorme et aux memb res s'agitan t en tous sens.

Le naturel prédomine : Joseph semble méditer mé lancoliquement sur son sort, les ser­ vantes tâtent l'eau avant d'y plonger le nou­ veau-né , la Mère elle-même vérifie la position du lange de l'enfant couché près d'elle.

Nicola Pisano Venu probablement du sud de l' Itali e, mili eu ouvert à l'i n fluence clas­ sique et aux tendan ces gothique s, Nicola Pisano est mentionn é pour la prem ière fois en 1258 , à Pise.

L 'a nnée s uivan te, il sig ne son pre ­ mier ouvrage connu, la chaire du bapti stère pisan .

Pui s, en 1265 , il concl ut un contrat pour la réa lisa tion d ' une nouvelle chaire , destin ée à la cath é drale de Sienne , qu ' il achève e n 1268.

Ces deux monument s so nt ses œuvres majeures .

Mais le nom d e Nicola Pisano est cité pour d 'a utr es sculpture s importante s, et il se mbl e qu'il ait exercé égalem ent des fon c tion s d'architecte.

Il meurt avant 1284 -peut-êtr e en 1278.

Chargé de commandes con si dé­ rables , N icola Pisano a dirigé un trè s important atelier compo rtant des artistes notables , parm i lesquels Arnolfo di Cambio (le futur architecte de la cathédrale de Flo r enc e) et s on propre fils, Giovanni Pisano (v.

1248- apr.

13 14 ), appelé lui au ssi à devenir un sc ulpteur majeur et l'un des réno­ vateurs de la sculptur e italienne .. »

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