la chaire du baptistère de Pise

Giovanni Pisano, chaire, marbre, 1302-10. Pise, cathédrale.

La chaire de la cathédrale de Pise est réalisée par Giovanni Pisano et son atelier entre 1302 et 1310.

La décoration sculptée recouvre presque entièrement la structure architecturale de la chaire octogonale, en occupant toute la place disponible : la colonne centrale et d'autres appuis sont remplacés par des statues ; les colonnettes séparant les panneaux sont cachées par les figures des prophètes et la subdivision même en cadres différents semble effacée par la légère convexité des panneaux, qui accentue l'impression d'un écoulement ininterrompu de la représentation.

La primauté de la sculpture sur l'architecture, le rythme nerveux des compositions et l'élan dramatique des figures qui se détachent sur le fond en créant des effets marqués de clair-obscur, sont autant d'éléments typiques de Giovanni Pisano. On ne retrouve cette même intensité dramatique et pathétique que dans certaines oeuvres sculptées en territoire germanique.

La chaire du baptistère de Pise, exécutée par le père de Giovanni, Nicola Pisano, apparaît bien différente. Les compositions y sont moins dynamiques, de même que l'élan dramatique des scènes y est moins accentué ; enfin, l'architecture reste complémentaire mais non subordonnée à la décoration sculptée.

Construit par Giovanni di Simone en 1278-83, le Cimetière complète le célèbre ensemble monumental du Campo dei Miracoli, dont font aussi partie la tour penchée, la cathédrale et le baptistère.

L'édifice est de forme rectangulaire. La cour intérieure est entourée d'un portique aux élégantes arcatures. A l'extérieur, les arcades aveugles reprennent le même motif architectural que la cathédrale et le baptistère.

La galerie intérieure est ornée de fresques exécutées à différentes époques par de grands artistes toscans. Au cours des travaux de restauration menés après la deuxième guerre mondiale, d'importants sinoples ont été découverts.

En 1260, Nicola Pisano signe la chaire du baptistère de Pise, première oeuvre certaine de l'artiste. C'est un ouvrage d'une importance fondamentale puisqu'il marque l'arrivée de la civilisation gothique en Italie. Cette date révèle le décalage chronologique  évident entre l'évolution du gothique en Europe et son développement en Italie : au cours des dernières décennies du XIIIe siècle, alors que l'art italien est parcouru par un formidable renouvellement, l'âge d'or du gothique européen a désormais décliné. En revanche, la chaire de Nicola marque en Italie la rupture définitive avec la tradition romane, dont s'est partiellement libéré quelques années auparavant le sculpteur et architecte Benedetto Antelami.

Dans les bas-reliefs représentant la vie du Christ, les scènes sont remplies de figures aux volumes nets et bien définis, qui se détachent avec vigueur du fond, et semblent comme écrasées et à l'étroit dans le panneau où elles figurent.

Le modelé vigoureux et les plis serrés des vêtements, à la cadence solennelle, se rapportent explicitement à des modèles classiques, que Nicola a eu l'occasion d'étudier à Pise, dans les bas-reliefs des sarcophages de la fin de l'Antiquité, conservés autour de la cathédrale.

La conception de la chaire en tant qu'élément architectural indépendant, est fréquent dans le sud de l'Italie, mais totalement inconnue en Toscane, jusqu'à la réalisation de celle de Nicola à Pise.

L'agencement architectural est encore nettement visible dans la chaire de Nicola, tandis que dans celle que réalisera par la suite son fils Giovanni Pisano, dans la cathédrale de Sienne, il est caché par une décoration sculptée foisonnante.