Devoir de Philosophie

Tintoret

Publié le 17/04/2012

Extrait du document

Tintoret est l'un des plus grands peintres de Venise. Né dans cette ville, il semble ne l'avoir guère quittée et la plupart de ses oeuvres figurent encore dans les bâtiments pour lesquels il les a peintes. Sa vision est hautement personnelle, très éloignée des règles d'équilibre formel et de naturalisme auxquelles les premiers peintres de la Renaissance avaient adhéré. Dessinateur de premier ordre, il est fasciné par le corps humain en mouvement et réalise une variété infinie de gestes et de poses dynamiques. Ses surprenantes déformations et son utilisation irréaliste de la couleur et de la lumière confèrent à son oeuvre une qualité visionnaire.

« a brossé une fort belle toile, où le sujet n'est qu'un prétexte, et où une vieille paysanne avec son panier d'œufs attire toute l'attention du spectateur.

Le Tintoret, au contraire, par l'invention de cet escalier circulaire qui s'élève face au spectateur et de ce grand pan d'ombre qui le flan­ que à gauche, par la convergence de toutes les lignes vers cette petite fille qui se silhouette sur le ciel au pied de la haute stature du grand-prêtre, nous fait saisir l'importance de cette enfant.

Plus on étudie l'œuvre du Tintoret, plus on s'assure qu'il n'y a jamais eu un artiste qui ait autant que lui approfondi les ressources de la composition, et qui ait su en tirer des effets aussi saisissants.

Il est très rare qu'il ait utilisé la symétrie, cette forme élémentaire de la compo­ sition.

Le plus souvent, il établit des masses en porte-à-faux, construit son tableau sur une armature de lignes de force qui mettent en valeur l'idée centrale du sujet qu'il traite.

Ainsi, la savante et souple arabesque dont le rythme relie entre eux les divers groupes du Miracle de saint Marc, les cercles concentriques, les tourbillons furieux du Massacre des Innocents, les grandes courbes sur lesquelles s'agence le Moïse frappant le rocher; ou bien les deux obliques contrariées de la Montée au Calvaire.

Dans d'autres toiles, il en arrive à équilibrer des pleins par des vides; ainsi dans l'Annonciation, dans la Crucifixion de San Cassiano où une diagonale divise la toile en deux, et surtout dans la Fuite en Egypte, où le groupe de Joseph et de Marie n'occupe que la moitié gauche du tableau.

La façon dont le Tintoret a utilisé, pour varier la comp0sition de ses œuvres, toutes les ressources de la perspective, prouve combien cette science, tant dédaignée aujourd'hui, peut fournir au peintre une infinité de solutions plastiques, lui permettre d'organiser les volumes dans l'espace.

Il y a là un domaine où fort peu d'artistes- Piero della Francesca, Raphaël, le Tin­ toret, Vermeer, Degas- se sont aventurés.

Cette ordonnance que le Tintoret établit dans son tableau, elle est rarement statique, et le plus souvent, elle a pour but de nous exprimer le mouvement.

Il y a peu de toiles du Tintoret où les personnages soient immobiles.

Elles nous proposent presque toujours un déplacement, une mise en marche des éléments qui les composent.

Dans cet art, la peinture, qui semble par son essence même destinée à être l'art de l'espace et non l'art du temps, le Tintoret réussit à nous donner la notion de la durée, en nous suggérant le mouvement.

Il y parvient, non pas seulement en nous montrant des personnages en action, mais en marquant des lignes de force, en accen­ tuant les gestes et les attitudes.

Ainsi, dans l'Ascension, les volutes des nuages et les lignes claires des ailes des anges vues par la tranche, contrastant avec le calme des apôtres dans le bas de la toile, nous donnent l'idée de la montée graduel~e du Christ vers le ciel.

Tous ces moyens plastiques qu'invente le Tintoret et dont il tire un parti si remarquable, il les met au service de sa foi.

Sans doute, comme tous les artistes de son temps, il traite des sujets religieux parce qu'on lui en commande.

Mais si le Titien et Véronèse ont retracé des scènes de martyre et des épisodes de l'Ecriture, il est manifeste que, pour eux, le thème sacré passe au se­ cond plan, qu'il n'est qu'un prétexte, et que le principal de leur œuvre est un bel agencement de formes et de tons.

Le Tintoret est tout différent.

Il ne néglige en rien son art, le veut aussi riche, aussi savant, aussi complet que possible, mais cet art demeure pour lui un moyen, non une fin.

Le moyen qui­ lui permettra de traduire, dans le langage des formes et des couleurs, tel ou tel sujet religieux.

Ce sujet religieux ne sera pas pour lui, comme pour Véronèse, l'occasion de rassembler des personnages vêtus de velours et de satin, d'élever de blanches colonnades sur un ciel bleu.

Pénétré de l'esprit de l'Evangile, qu'il a relu et médité, le Tintoret veut représenter Jésus et ses disciples tels qu'ils devaient être: des gens du peuple, sur qui le dur travail manuel a laissé sa marque.

'Ses apôtres et ses saints sont des marins aux faces tannées et aux mains crevassées; et au­ tour d'eux il place d'humbles objets, des tabourets paillés, des écuelles de terre.

Nous sommes loin des somptueuses Noces de Cana de Véronèse, de la vaisselle plate et des aiguières de vermeil.

En même temps, et parce que, par souci de la vérité, le Tintoret veut situer les scènes de la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles