TROIS BAIGNEUSES de CEZANNE

« TROIS BAIGNEUSES 1875 -1877 Peintre fr a nç ais Analyse ~ Trois Baigneuses appartient à une longue série d'études de baigneurs, l' un des thèmes préférés de Cézanne, auquel il se consacra sans relâche dès 1873 .

De plus en plus éloignées du langage impressionniste, les œuvres de cette période marquent le début d'une peinture « constructive », toujours plus essentielle : on retrouve le même style que dans les premières toiles, mais plus affirmé.

Les Baigneuses - véri­ table genre pictural qui revient de façon cyclique dans l'œ uvre de Cézanne -semblent le champ rêvé pour de telles recherches.

La Maison du pendu marque une étape importante : le peintre a désormais acquis un sens compact et dense de l'es pace , évolution qu'il doit notamment à Pis­ sarro.

Toujours soucieux de maîtris er l'es pace , il cesse ensuite d'utiliser le dessin, conservant à la forme · toute sa masse grâce à la couleur et au coup de pinceau .

On retrouve ce même procédé dans cette petite étude où les per sonnages sont concentrés sur trois plans.

La femme de dos , qui semble extraite d' un bloc de marbre , occupe le premier plan ; la femme debout , légèrement tournée, me siècle Huile sur toile 22 x 19 cm domine le centre de la composition comme une colonne ; enfin, plus en arrière, est représentée une jeune fille accroupie, dans une pose qui rappelle les antiques marbres grecs.

Le dessin n'ex iste pas, ou plutôt il est remplacé par le coup de pinceau dense et sombre qui cerne les con­ tours .

La lumière sculpte ces personnages de granit, mais sans les désagréger , sans menacer leur solidité.

La nature et les personnages semblent filtrés par l 'œ il de J'a rtiste, qui a épuré la composition , en écartant tous les éléments accessoires.

L' œu vre C De dimensions modestes, la toile porte au verso l'inscription 1875·1877, date probable d'exécution du tableau.

Trois Baigneuses appartenait il y a quel­ ques années encore à un collectionneur pri vé avant d'e ntr er, en 1982 , au musée du Louvre.

En 1986 , enfin, le tableau a été transfér é au musée d 'Orsay .

L'en gagement de C é zanne + On a souvent parlé d'unité stylistique à propos de Cézanne.

Cette cohérence qui habite, dès sa· jeunesse, toute l'œuvre du peintre - malgré les obstacles opposés par la famille et l'incompréhension manifestée par les critiques et le public, malgré la solitude dans laquelle Cézanne travailla presque toujours -est Je fruit d'un engagement constant, d'une application exemplaire au dur travail quotidien.

Un document émouvant de 1874 témoigne de la force de cet engagement , une lettre datée du 26 septembre, à Paris, et adressée par Je peintre à sa mère (on sait avec quelle force le père de Du même peintre : PICTO 775 à 792 © Nardini Editore, 1993.

VPC Larousse-Laffont pour l'édition française Cézanne s'opposa à la vocation de son fils).

«Je dois travailler sans relâche, écrit l'artiste, non pas, bien sûr, pour atteindre au "fini" qu'admi­ rent tellement les imbéciles.

Ce "fini", que l'on apprécie tant, n'est que le résultat d'une habileté d'artisan ; il rend toutes les œuvres banales et non artistiques.

Je ne dois m'efforcer d'achever mes œuvres que par plaisir de faire des choses plus vraies et plus savantes.

Le moment arrive toujours , croyez-moi, où l'on s'impose : alors, on trouve des admirateurs beaucoup plus fervents et convaincus que ceux qui se laissent flatter seule­ ment par une vaine apparence .

» · · r Photo R.M .N .

22·31. »