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Victor Segalen et l'exotisme

Publié le 03/05/2021

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L’exotisme est un terme datant du XIXème siècle, qui désigne un phénomène culturel de goût pour l’étranger. Le phénomène se constate à plusieurs reprises dans l'histoire des civilisations en expansion. Ce terme se situe au croisement des notions d’altérites, c’est-à-dire « à caractère de ce qui est autre », d’extranéité, « caractéristique d’un étranger », et d’étrangeté, « ce qui sort de la norme ». Victor Segalen écrit le 17 Aout 1908 une définition de l’exotisme, dans le sens où il l’entend : « L’Exotisme universel. Le Pouvoir de Concevoir autre. […] Définition du préfixe Exo dans sa plus grande généralisation possible. Tout ce qui est ‘en dehors’ de l’ensemble de nos faits de conscience actuels, quotidiens, tout ce qui n’est pas notre ‘Tonalité mentale’ coutumière. » Il est à noter que le terme « exotique » est un mot dont la signification dépend du contexte dans lequel il est énoncé. L’exotisme n’est pas un fait, ou une caractéristique absolue ; il s’agit d’un point de vue relatif, un discours, un ensemble de valeurs et de représentations à propos de quelque chose. En l’occurrence nous étudierons le point de vue Occidental. L’Europe du XIXème siècle s’est en effet passionnée de différentes cultures et cela à créer des mouvements artistiques, tel que l’orientalisme et le japonisme, que nous allons aborder. L’orientalisme est un mouvement artistique et esthétique occidental, prenant comme sujet l’orient. Il est lié aux bouleversements politiques que connaît l’Orient tout au long du siècle, avec l’expansion du colonialisme européen. Cela commence lors de l’expédition en Égypte du Général Bonaparte, de 1798 à 1801, qui souhaitait que ce ne soit pas seulement une campagne militaire, mais également une expédition culturelle et scientifique. Ainsi il s’entoura d’artistes et de scientifiques, dont le Baron Vivant Denon (1747-1825), considéré comme l’un des fondateurs de l’orientalisme. En Egypte il fait de nombreux croquis des sites archéologiques visités. Son ouvrage, Voyage dans la basse et la haute Egypte, publié en 1802, est l’un des premiers d’une longue série de récits de voyage en Orient par des artistes européen. La colonisation en Orient est donc l’un des facteurs historiques de l’intérêt de l’Europe pour l’art oriental. Ainsi, l’expédition française de 1830 en Algérie, décidée par Charles X entraine un essor considérable d’œuvres ayant pour thème l’Algérie. Lorsque la présence française s’installe en Algérie, les œuvres se multiplient encore et le développement de l’esthétique naturaliste ainsi que 

« l’apparition de la photographie, les peintres cherchent désormais à représenter une vision plus réaliste de l’Orient, et s’attachent également à de nouveaux sujets comme les paysages orientaux, jusque-là peu représentés.

Eugene Delacroix est un bon exemple de l’artiste fasciné par la culture orientale.

Suite a son voyage en 1832 en Algérie et au Maroc il ramène de nombreux croquis qu’il exploitera durant longtemps.

Lors de ce voyage il est autorisé à visiter un harem, ce qui lui inspira un de ses célèbres tableaux, exposé au Salon de 1834 « Femmes d’Alger dans leur appartement ».

Ce tableau suscite les polémique car l’œuvre de Delacroix est totalement nouvelle pour l’époque, colorée, anticonformiste et audacieuse.

Mais surtout, elle est authentique, entre l’imaginaire et le réel.

Le tableau représente trois femmes assises sur de luxueux tapis orientaux, dans l’espace confinés d’un harem à Alger.

Elles portent de riches tuniques de soie brodée, par-dessus des sarouels, qui laissent voir leurs mollets nus.

Elles portent de précieux bijoux.

À droite, une servante noire sort du champ en tournant la tête vers ses maîtresses.

Sur le sol gisent trois babouches abandonnées.

La femme aux longs cheveux assise à droite tient dans sa main le tuyau d’un narguilé. La pièce est dépourvue de meubles mais il en émane une impression de luxe et d’exotisme. Eugène Delacroix peint un univers à la fois étrange et fascinant, dont l’exotisme résonne de façon assez érotique.

La sensualité de ces femmes suggère une lascivité impossible à concevoir en Occident à cette époque, ou les bonnes mœurs de la société européenne et le conformisme bourgeois s’en retrouvent bousculés. Au milieu du XIXème siècle, l’esthétique orientaliste, qui a pris une ampleur considérable, influence la littérature et la peinture occidentales. Même si la littérature est moins influencée que la peinture, l’essor du romantisme glorifie un Orient lointain et souvent fantasmé.

Ainsi les thèmes que l’on retrouve fréquemment sont la nostalgie des civilisations disparues, les rêves d’exotisme, de voyages et de dépaysement.

Pour les orientalistes britanniques, l’Orient s’étend jusqu’aux Indes, imaginaire façonné par la présence britannique aux Indes depuis le XVIIème siècle et qui s’est intensifiée au XIXème siècle.

L’orientaliste est avant tout celui qui voyage.

Flaubert définira d’ailleurs dans le Dictionnaire des idées reçues , l’orientaliste comme un « homme qui a beaucoup voyagé ».

En effet, au XIXème siècle le voyage en Orient apparaît presque comme une étape obligée pour tout artiste, et nombre d’entre eux en font le récit à leur retour. Pour la seconde moitié du XIXème siècle, c’est un tout autre mouvement artistique, inspirée de la culture japonaise, qui a influencé la création artistique en Occident.

Malgré l’engouement que le japonisme a suscité, il faut rappeler que la fascination de l’Occident pour le Japon a pris du temps et ne s’est pas fait uniformément.

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