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Augustin (saint)

Publié le 21/05/2012

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augustin

 

 

(354-430) Père de l'Eglise catholique. Evêque d'Hippone. 

Un païen converti

Né en Afrique du Nord, il est initié au catholicisme par sa mère. Il étudie la rhétorique et part enseigner en Italie. Un moment attiré par le manichéisme, il reçoit la révélation de la Bible à Milan où il s'était installé. Il est baptisé en 387. En 388, il retrouve l'Afrique et mène une vie monastique entouré de quelques disciples. Il est ordonné prêtre puis évêque en 391. En 395, il rejoint son évêché d'Hippone où il est acclamé. 

L'oeuvre d'un théologien

Il se montre rapidement très actif et répond aux arguments des païens et des différentes hérésies en affirmant sa conception de la foi chrétienne. Celle-ci fait autorité et hisse Augustin au rang de père de l'Eglise.

Ses Confessions et la Cité de Dieu font partie de ses écrits les plus importants. Il laisse une empreinte très forte, différente de la doctrine initiale de l'Eglise primitive, séparant nettement la cité de Dieu des devoirs du chrétien sur la cité terrestre. Sa théorie de la prédestination a donné lieu à de grandes controverses.

Citation 

"La nécessité ne connaît pas de loi."

(Solil. Animae ad Deum)

 

augustin

« Oublions, pour comprendre, la royauté moderne de l'instrument mathématique : il envahit jusqu'à la biologie.

Or au Ive siècle, la culture latine le néglige; elle est en train d'ignorer même les découvertes d'Euclide et de ses successeurs.

Il ne reste, à la pensée, pour opérer une synthèse, que l'invention ct la composition; que la logique et la dialectique, pour opérer une analyse.

Le rhéteur, le dialecticien, le philosophe usent à l'envi de ces instruments.

Verbalisme? La rigueur et la finesse d'un Valéry (qui est un grand rhéteur intelligent) doivent nous rendre prudents.

Certes, il y a de l'exubérance dans ces maniements antithétiques de la pensée et les conséquences verbales, les structures de la phrase qu'ils exigent.

Prenons garde : sous les assonances, les propo­ sitions égales, les balancements et les replis de la phrase; dans les correspondances musicales les plus rares du chapitre ou du livre, qui sollicitent l'attention, il y a une pensée germinale qui se précise et qui éclôt, et qui s'épanouit.

La démarche verbale mime la vie de l'esprit.

A dire vrai, celle-ci échappe presque totalement à qui veut en saisir l'extension encyclo­ pédique.

Le savoir mathématique et scientifique d'Augustin, tel qu'il apparaît dans ses œuvres, nous déçoit.

Son attitude serait plutôt celle du curieux (en cela d'ailleurs, il est bien de son temps), collectionneur de faits merveilleux, d'opinions étranges reçues sans contrôle, qui échappent à toute cohérence, qui barrent la voie à toute ordonnance de l'univers astronomique comme du règne animal ou végétal.

Il nous avoue son ressentiment contre l'odieuse cantilène de l'arithmétique.

Soit.

Mais il faut aussi souligner que les préoccupations ultérieures d'Augustin : controverse, prédication, exposition de la foi mettent en un singulier relief ce qui appartient en propre à l'orateur.

Si le traité De la Musique (inachevé) ne traite que de la métrique, la joie d'Augustin à entendre les chants manichéens ou chrétiens, son trouble et ses méfiances devant leurs séductions nous laissent rêveurs :nous ne connaissons bien d'Augustin que son art oratoire.

Nombre, poids et mesure de la phrase, cliquetis des mots, cadence des propositions, tout cet appareil verbal cerne le discours d'Augustin devenu évêque.

Pourquoi le rhéteur se serait-il évanoui? Examinons sans parti-pris: la vivacité et la rigueur de la polémique, les effusions du cœur, les approches dogmatiques assument souplement ce langage.

L'envol poétique de certains Commen­ taires sur les Psaumes ou sur saint Jean, les traits authentiquement mystiques s'inscrivent sans peine dans cette musique verbale - davantage, elle s'y accorde profondément.

Art en même temps populaire et savant, subtil, nerveux ou abondant, la rhétorique d'Augustin accomplit ce miracle de créer un langage (H.-1.

Marrou l'a bien reconnu dans son Saint Augustin et la Fin de la Culture Antique) « assez près de la norme classique pour que tout l'essentiel de la tradition antique puisse être assumé par l'humanisme chrétien» et éternel, «sans renoncer aux richesses acquises par le latin (populaire) des chrétiens sur les plans technique et expressif».

Cela seul suffirait à la gloire d'Augustin dans l'histoire littéraire latine.

Et il y a autre chose ...

L'ENFANT Augustin avait été inscrit au nombre des catéchumènes; il avait reçu le sel.

Mais à Carthage, durant sa rhétorique, l'incendie de la chair l'avait saisi, attisé chaque printemps par la luxure des amours de Cybèle et d'Attis, représentées au vif, et qui lui donnaient le vertige.

Il avait pris une maîtresse.

Ayant tenté un essai religieux, dans son désarroi la vulgarité de la Bible latine le rebuta et l'exigence de la foi, qu'il jugeait contradictoire à la raison, acheva de dénouer les liens qui l'attachaient au catholicisme.

C'est par appétit rationaliste qu'il accepta le manichéisme.

Connaissance rationnelle orientée vers le salut, ou plutôt qui était déjà le salut, par le pessimisme radical qu'elle inspirait envers la vie, refusant la fécondité de l'amour comme la nourriture, la doctrine de Mani dénonçait la présence monstrueuse de la matière ténébreuse adversaire de l'esprit-lumière.

Un mythe cosmo­ logique d'une ampleur digne de Hugo, montrait la noria zodiacale puisant, au sein de la Nuit charnelle et maudite, le frai lumineux pour en gorger la lune jusqu'à sa plénitude, qui au rythme du mois, le dégorgeait dans le soleil.

A ce tri définitif de la lumière et des ténèbres aidait l'enseigne­ ment des ambassadeurs de la lumière :Jésus avait précédé :iviani, et tout arbre, en son écartement végétal, réalisait le mythe de sa passion sur la croix; Mani était le révélateur suprême, manifesta­ tion en chair du Paraclet.

Des hymnes ardentes, chantées face au soleil; des jeûnes et des absti­ nences variés, voilà les éléments essentiels de ce culte qui séduisait la religiosité du Bas-Empire.

Dix ans, Augustin vécut cette amère et folle religion.

Il fut entouré de prévenances; on aida. »

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