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AUTEUR: MARTIN DU GARD Roger

Publié le 17/01/2022

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(1881-1958)

VIE Né à Neuilly-sur-Seine le 23 mars 1881, R. Martin du Gard eut une vie matérielle aisée, volontairement effacée et studieuse. Passionné de littérature, il entrait en 1899 — après des études très moyennes —à l'Ecole des Chartes, et devait y obtenir le diplôme d'archiviste-paléographe. Faisant suite à « Devenir «, publié à ses frais, il donnait en 1913 ‹‹ Jean Barois oeuvre toute en dialogues qui lui valut l'amitié admirative des auteurs de la jeune N.R.F. : Gide, Schlumberger, Copeau. Retiré à la campagne et ne cédant à aucune facilité, il allait travailler, de 1920 à 1940 environ, à la monumentale et scrupuleuse rédaction des « Thibault «. Il contenta, toutefois, son goût du naturalisme « audacieux « en écrivant quelques drames et farces, tels « Un Taciturne « et « Vieille France «. Prix Nobel en 1937, R. Martin du Gard devait passer la dernière partie de sa vie à réfléchir sur la création artistique et à reprendre indéfiniment un ultime ouvrage, d'ailleurs inachevé : « Souvenirs du colonel de Maumort. « Laissant de nombreux manuscrits inédits, dont un important Journal, il mourut dans sa propriété du Tertre, près de Bellême, le 22 août 1958.

« • Remis de la déception de son hagiograph ie inachevée et un peu plus sûr de lui après ses diverses Roger Martin du Gard (1881-1958 ).

cures neurologiques , il écrit, d 'un Dans ce nom d 'écrivain où, à la fin, jet son premier ouvrage publi é, coule une rivière , on entend le nom Devenir (1908 ), roman où, non sans de celui qui symbolise le « roman- quelques maladresses , s'expriment fleuve ».

En effet Roger Martin déjà avec vigueur certa ins des traits du Gard est l'auteur d 'une somme les plus orig inaux de son talent romanesque dans laquelle il se pose lesquels ne feront que s'affirmer en historien moraliste : Les Thibault.

avec plus de force dans les œuvres Mais , si son nom est associé à cette suivantes : effacement de l'auteur gigantesque production , Roger derrière ses personnages , attention Martin du Gard n 'en reste pas moins profonde portée à la santé et à la l'auteur d 'une œuvre extrêmement maladie , psychologie fondée sur la diversifiée , où il explore toutes physiologie , dépouillement extrême les voies de la prose .

du style , qui tend à l'Invisibilité.

Cette œuvre est avant tout de • l'année suivante , en 1909 , Roger conscience , vouée à la recherche Martin du Gard choisit de vivre à constante de ce que l'auteur appelle la campagne : il restera toute sa vie l 'authentique .

• Secrétaire • de lui- fidèle à cette décision .

Il s'Installe même et archiviste de son temps , d'abord dans le Cher , où il travaille il conçoit le roman , sous sa forme longuement à un nouveau roman , cyclique, comme un moyen Jean Barois , qui paraîtra en d 'extraire du chaos de la réalité novembre 1913, et écrit une farce sociale les thèmes majeurs qui « paysanne • : Le Testament du père l'expliquent et l'animent: Martin Le/eu .

Avec Jean Barois , Martin du du Gard est peut -être, de tous les Gard a mis au point une technique romanciers du rr siècle, celui qui romanesque qui le hante en fait a le plus cherché à rapprocher le depuis qu'il a commencé d'écr ire : A roman de l'Histoire, dans ses aspects le roman est tout entier constitué W à la fois analytiques et synthétiques.

de scènes dialoguées, liées entre 1------------___, elles par de brèves indicat ions, LE ROMANCIER DU « FAIRE -SEMBLANT n llog~r M•rti• tlv Gtlnl est né à Neuilly­ sur-Seine le 23 mars 1881, dans un milieu bourgeois .

Sa famille appartient à la magistrature et à la finance .

Après des études secondaires à l'école Fénelon et au lycée Janson ­ de-Sailly , il est admis en 1903 à l'École des chartes , d'où il sort en 1905, archiviste paléographe .

En 1906 , aussitôt après son mariage, Martin du Gard entreprend Une vie de saint « minutieuse biographie d 'un prêtre du diocèse de Sées», qu'il n'achèvera jamais et dont l'échec sera pour lui amer .

Doutant alors de ses aptitudes, indécis sur son propre avenir, il fréquente toute une saison durant les consultations cliniques de neurologues éminents avant de se remettre au travail.

du roman de Léoll Tolstoï Guerre et Paix qui èveille en Roger Martin du Gard une authentique vocation de romancier .

comparables à des notes de mise en scène.

Bien accueilli dans les milieux de la Nouvelle Revue française , Jean Barois rencontre cependant les réticences de plusieurs critiques .

Cette tentative , parallèle à celle de James Joyce (Gens de Dublin , 1914) , semble pourtant pouvoir ouvrir de nouvelles voies au roman, mais elle demeurera sans lendemain; l'auteur doit y renoncer après plusieurs expériences négatives, lorsqu'il entreprend Les Thibault.

• Or l'écriture de Jean Barois semble vouer Martin du Gard au registre théatral.

Sa rencontre avec ltlcques COfiHII , qui, au Vieux-Colombier , tente de rénover la scène frança ise et lui demande d'y faire jouer Le Testament du père Le/eu , sera pour l 'ècrivain une rèvélation et le commencement d 'une grande amitié.

Au IIIUEU Ill SA VIE COULE UN IOMAN-fi..EUVE A son retour de la guerre , en 1920, il renonce cependant à ses projets dramatiques pour s'Installer dans l'Oise , à Clermont où il accumule notes et plans pour son nouveau roman , •l'histoire de deux frères ; deux êtres de tempéraments aussi différents, aussi divergents que possible , mais foncièrement marquès par les obscures similitudes que crée, entre deux consanguins , un très puissant atavisme commun ».

• De 1922 à 1940 , Martin du Gard rèside successivement à Clermont à Bellême -dans l'Orne - , puis à Sauveterre -près d 'Avignon- enfin à Nice , ne revenant que pour de brefs séjours à Paris .

Durant ces d ix -sept années -hormis quelques interruptions -, le plus clair de son temps est consacré à l' édification de cet ample roman, Les Thibault qui compte huit parties .

Entre-temps , Martin du Gard a écrit une nouvelle farce paysanne , La Gonfle (1924 ), une longue nouvelle, Confidence africaine (1931 ), un drame en trois actes , Un taciturne , joué en octobre 1931 à la Comédie des Champs-Élysées par LOII#s low~t et édité en 1932 , ainsi qu'une suite de tableaux campagnards satiriques intitulès Vieille France (1933}, où l'auteur retrace les différents épisodes de la vie quotidienne d 'un village au gré de la tournée d 'un facteur .

• Roger Martin du Gard prépare le dernier volume des Thibault lorsqu'il apprend que l'Académie suédoise vient de lui attribuer le prix Nobel de littérature (1937).

Quittant enfin sa retraite , l'écrivain part en voyage .

Après un tour d 'Europe qui le conduit en Suède , au Danemark, en Allemagne et en Autriche , il achève l'Épilogue des Thibault , qui paraîtra en janvier 1940.

Il se rend ensuite aux Antilles et s'Installe près de Fort-de-France , à la Martinique .

• Pendant la Seconde Guerre mondiale , il entreprend la rédaction du Lieutenant-Colonel de Maumort, une autobiographie fictive qu'il ne terminera jamais et qui sera publiée bien après sa mort en 1983 .

Il s'Interrompt en effet sitOt après la mort d 'AHn!Glfh (1869 -1951 ), dontiiM l'ami intime pendant près de quarante ans, pour ècrire ses Notes sur André Gide {1951 ) , dans lesquelles il relate ses souvenirs avec l'auteur des Nourritures terrestres {1897) .

Roger Martin du Gard , qui a regagné la métropole , termine ses jours dans sa propriété de Bellême , où il s'éteint le 22 aoOt 1958 .

Dans la litt érature contemporaine , Roger Martin du Gard occupe une place tout à fait à part • Épris de vérité psychologique et sociologique- ce qu'il appelle l'• authentique • - ,marqué par ses études de chart iste- • une disposition d'esprit pour la recherche précise » -et ses contacts avec la psychiatrie , poussant jusqu 'au bout le scrupule scientifique , i l ne laisse rien au hasard et se refuse à tout ce qui pourrait venir gauchir un détermin isme rigoureux fondé sur une expérience sans cesse renouvelée .

Il se méfie de l'Intrusion de l 'auteur, de ses sentiments et de ses réactions dans la trame du rècit au point d 'éliminer au maximum sa prèsence dans ses rècits dialoguès ; il redoute le style même .

Ce qu'il veut avant tout ainsi qu'Ille dit c ' est« faire ressemblant», cette maxime entraînant pour lui bien des sacrifices nécessaires .

• Roger Martin du Gard a donné , pour l'édition de son œuvre dans la Bibliothèque de la Pléiade, en 1955, des Souvenirs autobiographiques et littéraires où, avec une franchise et une modestie exemplaires , il s'explique sur ses difficultès , ses hèsitations et ses échecs d 'ècrivain.

UNE TRADmoN UTrtiAIIE : LE IOMAN·FLEUVE C'est à une longue et ancienne tradition que se rattache ce qu'on appelle le roman-fleuve, ou cycle romanesque , du rr siècle .

Il suffit de rappeler l'étendue des romans précieux ~!""' •• du >Mr, tel L'Asttft d'Honoré d'Urfé ; encore plus proche, Honoré de Balzac devait progressivement découvr ir qu'une sorte de loi acheminait le roman à s 'organiser en épisodes successifs ou simultanès , conduisant au retour cyclique des personnages ; ainsi naquit comme on le sait La Comédie humaine .

Enfin , la continuité de cette tradition s'affirme , au début du XX' siècle , avec des œuvres telles que Jean ­ Christophe (1904 ·1912 ) de Romain Rolland (1866-1944 ).

Vérité sociale et Kttllts épiques Depuis Balza c.

le réalisme romanesque tend à souligner les affinités du genre avec l'histoire des individus et des sociétés -ce qui n'exclut pas une tendance à faire du roman l'équivalent moderne de l 'épopée .

• Ainsi les années 192Q-1940, particulièrement lècondes , ont-elles vu paraître des œuvres qui, par-delà les différences de tempérament et d'Intention, prèsentent certains traits communs : tout d 'abord une forme , celle du roman cyclique ; ensuite une signification englobant dans les méandres du fleuve, l'analyse psychologique des caractères, la grande fresque historique et sociale , et le symbolisme philosophique ou moral.

Le roman reste donc « réaliste », dans la mesure où il se fonde sur une documentation détaillée et se préoccupe de faire vivre la réalité sociale d 'une époque , mais , comme le fleuve contenu dans son appellation , il « déborde • aussi ce réalisme , soit en s'élevant jusqu 'à l'amplification épique , soit en suggérant une véritable interprétation philosophique de l'histoire individuelle et collective.

W GlANDS NOMS DU IOMAN-FLEUVE Trois grandes sommes romanesques dominent la production littéraire des années 192Q-1940 : Les Thiboult {1922-1940), de Roger Martin du Gard {1881 ·1958); La Chronique des Pasquier (1933-1945), de Georges Duhamel (1884-1966) ; Les Hommes de bonne volonté {1932·1947} de Jules Romains (1885-19n) .

Toutes œuvres qui témoignent de la vitalité du genre.

Mais cette vitalité s'est maintenue grke à Maurice Druon (né en 1918), éM!C le cycle des Grondes Familles {1948-1951) ; Charles Plisnier (1896-1952), éM!C les cycles de Mariages {1936, deux volumes), de Meurtres {1939-1941) etdeMëres (1946-1949}; Philippe Hériat {1898- 1971) , avec la • geste • de La Famille Boussordel (1919-1968); ou encore ,_.,...,., (1911-2007), éM!C Les Semailles et les Moissons (1953· 1958), La Lumière des Justes (1959- 1963), Les Eygleôère {1965-1967) et Les Héritiets de ravenir (1968-1970).

LE GRAND ŒUVRE : LES THIBAULT (1922·1940) Les Thibault rencontrèrent un vil succès auprès du public.

et les trois tomes de L'Été 1914 valurent à l'auteur le prix Nobel en 1937.

À la fin de son discours de Stockholm , Georges Duhamel (1884-1966) Vie el aventures de Salavin , cinq volumes (192()-1932) ; Chronique des Pasquier , dix volumes (1933-1945) .

Jules Romains (1885·1972) les Hommes de bonne volonté , vingt-sept volumes (1932-1947) .

Maurice Druon (né en 1918). »

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