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Hérodote

Publié le 21/05/2012

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Hérodote naquit à Halicarnasse dans une famille aristocratique qui s'exila à Samos pour fuir le régime tyrannique perse qui gouvernait la région. Il y apprit le ionien, dialecte dans lequel il a rédigé son œuvre. Grand voyageur, Hérodote parcourut de nombreuses contrées, séjournant notamment à Babylone et Byzance. Dans son Histoire, il tenta de décrire et d'expliquer les causes des Guerres médiques, interminables conflits entre la Grèce et la Perse. Dans son récit, Hérodote cite les phrases et les discours des chefs militaires, révélant ainsi les motivations des principaux acteurs des guerres. Grâce à ses voyages lointains, peut-être pour des motifs commerciaux, il délivra un exposé inspiré des coutumes des peuples de la Méditerranée. Conteur autant qu'historien, il organisait sa masse d'informations en un récit cohérent et plaisant, qui donnait lieu à des séances de lecture publique. Il ne décrivit pas seulement les campagnes militaires menées à l'époque, mais élabora également une histoire de l'Égypte, fondée elle sur des déductions à partir des éléments collectés dans ses recherches. L'œuvre d'Hérodote fait autorité sur l'histoire de la Grèce, de l'Asie Mineure et de l'Égypte, même si certains critiques soutiennent qu'il mourut avant que son Histoire  soit achevée. Premier auteur grec à avoir tenté de reconstituer le passé dans une perspective historique, il fait figure de “ père de l'histoire ” (Cicéron). Il mourut sans doute à Thourioi où la tradition situe sa tombe.      

 

« de la vie quotidienne, des coutumes, surtout de celles qui paraissent étranges aux Grecs.

Chez lui, le géographe et l'ethnologue ne se séparent pas de l'historien, et par là, Hérodote n'est-il pas moderne? Il a beaucoup voyagé, non pas en explorateur, car il ne s'est guère écarté des grandes routes que suivaient les marchands de son temps, mais en« touriste» avide de voir, d'apprendre et soucieux de retenir, pour le communiquer, ce qu'il a vu et appris.

Il connaissait bien l'île de Samos où son père, chassé d'Halicarnasse par le tyran Lygdamis, avait dû se réfugier avec sa famille.

Plus tard, il alla en Egypte et à Cyrène, en Syrie et à Babylone, en Colchide et à Olbia, en Péonie, en Macédoine.

Puis il demeura plusieurs années à Athènes, où il fit des lectures publiques de certaines parties de son œuvre et fut honoré par un décret du Sénat ; il dut profiter de ce séjour en Grèce propre pour visiter plusieurs cités et la plupart des grands sanctuaires, notamment celui d'Apollon à Delphes, dont les prêtres lui communiquèrent bien des informations qu'il nous a conservées.

Enfin, en 443, vers la quarantaine, il répondit à l'appel de Périclès qui voulait fonder une ville nouvelle en Grande-Grèce près de l'ancienne Sybaris et devint ainsi citoyen de Thourioi.

Profita-t-il de cette installation en Italie méridionale pour visiter l'Occident comme il avait par­ couru l'Orient et l'Afrique? Son œuvre ne nous permet pas de l'affirmer.

Du moins avait-il une connaissance personnelle de la plupart des contrées alors habitées par des peuples civilisés, de cette œcoumène dont la Méditerranée formait comme le lac intérieur.

Le « Père de l'Histoire » a-t-il toutes les qualités que nous exigeons aujourd'hui de l'histo­ rien? Il s'est informé avec conscience, mais les sources auxquelles il a puisé ne sont pas toujours les meilleures.

Par exemple, voyageant en Egypte et ignorant la langue du pays, il a dû se fier aux Grecs qui y étaient établis, et, quand il nous dit tenir tel ou tel renseignement des « prêtres égyptiens », l'on soupçonne parfois qu'il s'est informé auprès du clergé subalterne, ou même des sacristains du temple en question; il n'est pas exclu cependant que les bons offices d'un interprète lui aient permis d'interroger parfois quelque Egyptien plus important.

Sa chronologie des dynasties de Pharaons est bien décevante, et les égyptologues ont relevé maintes erreurs dans ce livre II, qui pourtant leur demeure précieux.

Il arrive qu'Hérodote ait recueilli, d'un même fait, des versions différentes ou contradictoires; honnêtement, il les fait connaître à ses lecteurs et marque ses préférences personnelles, mais ses arguments ne sont pas toujours convaincants.

Avec tous ses défauts et toutes ses qualités, Hérodote a écrit l'une des œuvres les plus atta­ chantes de l'antiquité grecque, l'une de celles qui se lisent encore avec le plus de plaisir et de profit.

C'est que son talent de conteur est incomparable : il sait voir et faire voir, il sait ménager l'intérêt et provoquer l'émotion, sans apprêt, sans rhétorique, comme de source.

Sa psychologie, certes, n'est pas profonde et il ne s'essaye pas comme le fera Thucydide, et plus tard Polybe, à démêler les motifs cachés des actes humains.« L'étrange obstination de Candaule à exhiber sa femme nue» ne l'étonne ni ne le scandalise : les hommes sont si bizarres et ont des coutumes si dissemblables, que presque tout est possible! S'il croit à la Némésis, cetteJustice ou Vengeance divine qui rabaisse les orgueilleux et les heureux, il admire aussi l'habileté, même teintée d'indélicatesse, qui arrive à ses fins par la ruse ou le mensonge, et là encore, il nous rappelle Homère et Ulysse, l' « homme aux cents tours», si typique de la race grecque.

Son «pessimisme moral» lui fait admettre plus volon­ tiers les motifs bas ou médiocres que les motifs nobles, et sa conception pessimiste de la vie humaine s'exprime dans des histoires comme celle de Cléobis et Biton, destinée à montrer qu'ici-bas les hommes heureux meurent jeunes.

Par là aussi la lecture d'Hérodote est salubre, en nous présentant l'humanité telle qu'elle est, sans enjolivement, sans idéalisation.

Il est des œuvres plus fortes, plus longuement méditées, mieux organisées que la sienne; il n'en est peut-être pas où l'humanité antique se reflète plus fidèlement, comme dans un miroir.

R.

FLACELIÈRE Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris. »

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