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JEAN CAYROL

Publié le 03/09/2012

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La poésie de Jean Cayroll est, comme celle d'Audiberti; douée d'une vie organique intense. C'est là leur seule ressemblance; Cayrol n'ayant ni la violence, ni la faconde, ni le goût de la prophétie désespérée qui soulèvent Audiberti. C'est un rêveur dont les images, si elles s'accouplent librement et se donnent librement une descendance, ne sont jamais çles images de dérision ou de colère ; un léger délire, voilà ce qu'elles mettent aux tempes du poète qui les enregistre et les annexe ; nous ne verrons jamais celui-ci perdre le contrôle d'une opération qu'il a déclenchée, s'il accepte volontiers la collaboration de ses créatures...

« plus homogène: Jean Cayrol en était l'amande, dont la spi· ritualité donnait le ton au jeune groupe.

Le Hollandais vo­ lant et les Poèmes du pasteur Grimm n'allaient pas.

tarder à montrer le sens précis de cette spiritualité : Jean Cayrol Ele révélait comme un chrétien fervent et doulourea'L.

Bientôt, · observant Les Phénomènes célestes, il devenait le plus pur de cès poètes-témoins dont la chrétienté a toujours eu plus besoin que de théologiens.

La guerre, la déportation qui, pour Cayrol, fut particulièrement atroce, le retour dans U!l monde où le culte de l'objet avait remplacé celui des idées, ·voilà 'pour le poète autant d'étapes' intérieures qu'il lui fallait accomplir pour devenir pleinement· conscient de.

son rôle étrange et nécessaire 'de « passeur » ..

Car c'est _hien de «passage» qu'il s'agit dans cette poésile à mi-chemin du concerté et de l'involontaire, dans cette mutation d'un ·chaos d'images en une symbolique sacrée.

A tout moment, Cayrol connaît et nous fait partager l'étou· nement lumineux de Véronique relevani l'empreinte du vi· sage de Dieu sur le linge dont elle a essuyé la face du Christ.

Le linge, dans· la poésie de Cayrol, c'est le tissu de8 mots, c'est l'enchaînement, fil à fil,.

des visions qui surgissent à l'appel des choses par leur nom ; si jamais une poésie a parfaitement mérité cette définition.

de « sueur de sang » que lui donne un Pierre Jean Jouve, c'est celle de· Jea.n Cayrol.

· .

«Poète-témoin», « poète-passeur», l'auteur deli Poèmes de la nidt et du brouillard me semble, à l'opposé de ces autres poètes chrétiens qui ont nom La Tour du Pin etEmmaJ1uel, moins nourri de doctrine que d'expérience, moins soucieux de prouver que de donner à voir, plus proche, en un mot, cle .

l'espnt profond dù Christianisme qui est amour avant d'être sacrifice.

Amour ...

Pour Cayrol, tout est à aimer dans la création, les choses tout autant que les hommes ; il n'est pl.\9 jusqu'au « poireau bon vivant» et aux radis, bons à ëroquer « entre deux baisers » qui ne l'inspirent.

·Voici UJ1 texte si· gnificatit de la manière grave, douce et narquoise à la fois avec laquelle, parallèlement à son œuvre de romancier; Je~1n Cay:rol affirme sa fidélité à la poésie.

Je n'lli pas elit mon dernier mot sur la vie, ombres qui me laissez elu givre sur les yeux,. »

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