La prise de Gibraltar
Publié le 27/03/2021
Extrait du document
«
La haine du père, thème omniprésent, honte toute la production romanesque de
l’auteur : « s’acharna sur moi »
L’auteur dénonce la structure de la société arabo-musulmane figée par des tabous ancestraux, dont
la figure masculine.
Ce roman est pénétré par de multiples références historiques qui transposent le réel et l’Histoire de
l’Algérie.
On note ce va et vient entre réalité et fiction : « dans la langue des Arabes de ce pauvre
bougre d’Ibn Mandhour dit l’Africain qui avait souffert le martyre pour imposer sa vision
révolutionnaire de la langue à la betise des khalifes l’ignorance des linguistes de son époque et le
dogmatisme des rhéteurs larbinisés il louait un chameau pour transporter ses manuscrits
d’Alexandrie à Bagdad alors qu’il n’avait pas de quoi manger pendant ce long voyage à travers les
deserts alors que le monde le regardait faire indifférent moqueur et impitoyable »
L’existence au sein du récit même de deux points de vue foncièrement irréductibles
sur le même sujet, celui patriotico-nostalgique du père du narrateur et celui plus
distanciée de M.
Achour, son professeur d’histoire.
« Mon père découvrit très vite le cahier dans lequel j’avais transcrit cette terrible leçon de M.
Achour
et s’indigna devant de telles thèses qui l’ébranlèrent profondément.
Il en voulut à mon professeur
d’histoire.
Menaça d’aller le voir pour lui dire son désaccord.
Se mit à lire et à relire tous les livres
d’histoire cocernant cette période de la prise de Gibraltar.
Réfuta aussi les arguments de M.
Achour
un à un »
Ce patriarche fait de Tarik Ibn Ziad un modèle universel et un paramètre moral.
Pour le professeur d’histoire « l’histoire c’est une salope ! quelque chose d’infernal »
dont l’individu doit constamment sonder les silences et les contradictions au risque
d’en être la victime, d’en subir la tyrannie.
Chacun des protagonistes tente d’inculquer sa conception du fait historique au jeune
élève, ce dernier en est venu à haïr son père.
Celle du massacre de Constantine, l’évocation de la figure de l’oncle du narrateur,
Hocine, et de sa collusion avec l’armée coloniale, sa trahison mise en parallèle avec
la bravoure de son fils Chems-Eddine.
Mais toutes ces séquences, aussi aléatoires
quelles peuvent paraître dans leur surgissement, s’inscrivent dans un temps bien
précis et leur enchaînement dépend de la situation, de la posture du narrateur par
rapport à la fable, car c’est une évidence que
Ce rapport entre passé et présent semble déterminer l’écriture romanesque de Boudjedra
Aux maux du présent, on essaye de trouver des explications dans les événements du passé.
Passé et présent se rejoignent pour tenter de comprendre l’évolution de l’Histoire
Réécrire l’Histoire par la fiction consiste à revisiter les événements du passé afin de les éclairer pour
comprendre ceux du présent.
une instabilité dans les structures formelles et un désordre et une ambiguïté sémantiques.
La prise
de Gibraltar, réduisent la ponctuation à son « degré zéro » selon l’expression de Roland Barthes..
»
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