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Léon Tolstoï

Publié le 22/04/2012

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Le comte Léon Tolstoï (1828-1910), issu de la noblesse russe et vétéran de la guerre de Crimée, est l'un des plus grands écrivains du XIXe siècle. À travers son oeuvre, il fait une peinture à la fois globale et détaillée de la vie. Son roman épique Guerre et Paix sera suivi de Anna Karénine, un superbe roman psychologique décrivant la passion funeste d'une femme.

« quantité de pelisses somptueuses et, contrastant avec elles, une veste fourrée de paysan.

A droite, derrière une porte fermée, on entend les sons d'une guitare, de jeunes et joyeuses voix.

Une porte s'ouvre.

Un homme agile, léger, au regard perçant, aux sourcils en broussailles, apparaît, vêtu d'une large blouse de tissu gris et grossier, d'un pantalon de même étoffe, chaussé de souples bottes à bouts carrés.

Il s'approche en fléchissant légèrement les genoux.

Et subite­ ment, ce visage sévère s'éclaire d'un sourire charmant et plein de bonté, empreint, en même temps, d'une sorte de compassion et de tristesse.

Ses yeux pénétrants et durs, ses « yeux de loup» deviennent simplement attentifs et scrutateurs comme ceux d'une bête intelligente.

Il tend à son hôte une « main étonnante, pas belle, aux veines saillantes, mais intensément expressive, pleine de force créatrice, une main qui peut tout faire ».

Le petit bureau de la maison de Khamovniki était une pièce basse, meublée d'un vieux canapé de cuir, d'une table vieillotte où s'empilaient livres et papiers.

Aussi simple, aussi modeste était le célèbre cabinet de travail de Iasnaïa Poliana.

Tout y demeure encore comme le jour où Tolstoï le quitta, le 7 novembre rgro.

Le chandelier, la bougie à moitié consumée, la bobèche tachée de cire, le coussin sur le lit de repos.

Près du bureau, le fauteuil où aimait s'asseoir Sophie Andreevna, le jeu d'échecs, trois photographies de Tolstoï à des âges différents, et son Choix de lectures ouvert à la date du 7 novembre : « La mort est le commencement d'une autre vie.

» (Montaigne.) De sa chambre à coucher on voit le jardin) une grande allée et un sapin à droite, sur la pelouse.

C'est à ce jardin, à ce domaine de lasnaïa Poliana, avec ses allées de tilleuls et de bou­ leaux géants, avec sa maison blanche aux baies vitrées, au perron bas, qu'est liée toute la vie de l'être étonnant qui l'habita.

Coin de terre privilégié, situé à l'orée d'une des plus belles forêts de la Russie, l'une des plus riches en essences diverses, de cette forêt historique appelée Zaséka, qui fut jadis la forteresse des tsars de Moscou contre la horde tatare des Khans de Crimée.

Avant toute chose, Tolstoï est un homme de la nature, un campagnard.

Jusqu'à l'âge de trente ans, il ne vécut que cinq ans dans les villes.

Et ce n'est que plus tard, vers les années 8o, qu'il ira passer quelques hivers à Moscou, cédant aux instances de sa femme, mais impatient de retrouver ce cadre à lasnaïa Poliana où il est né, où il a vécu, où il a écrit la Guerre et la Paix et Anna Karénine.

Et où il reposera sur la pente du coteau qui descend vers la rivière, à l'orée du petit bois de bou­ leaux qu'il a, enfant, planté de sa main.

Campagnard, Tolstoï aime la nature d'un amour immédiat et profond.

Vers la fin de sa vie, il écrit : «Non, le monde n'est pas un leurre, une vallée de larmes, une épreuve, un passage vers un monde meilleur.

Le monde est joyeux et beau.

» Pour le décrire, Tolstoï trouve des expres­ sions étonnantes pour l'époque : « Soudain, nous respirâmes une odeur extraordinaire, heureuse, blanche, printanière.

» Très vieux, il garde une fraîcheur de sentiments et d'expression unique dans l'histoire des lettres: certaines pages de Résurrection, œuvre de vieillesse, de Haciji-Mourad, nouvelle posthume, sont parmi les plus parfaites qu'il ait jamais écrites.

On y retrouve ce sensuel amour des arbres, des bêtes, des plantes, qui se manifestera, jusqu'à la fin de sa vie, dans sa manière de jouir de la nature, dans sa façon d'arracher les fleurs dans les champs pour les porter à ses narines, d'en humer avec avidité le parfum.

Gœthe a écrit : « La nature ne plaisante pas.

Elle est toujours sérieuse et sévère.

Elle est toujours vraie.

» Comme la nature, comme l'enfant, comme le primitif, Tolstoï est toujours sérieux et infi­ niment « vrai ».

« Le héros de mon œuvre, celui que j'aime de toutes les forces de mon âme, celui que je me suis efforcé de reproduire dans toute sa beauté, c'est la vérité ...

Une seule chose est nécessaire, aussi bien dans la vie que dans l'art : ne pas mentir.

» Cette maxime s'applique non seulement à ses œuvres mais à toute sa vie.

Poussée par l'esprit absolu, intransigeant de Tolstoï jusqu'à ses plus extrêmes conséquences, elle explique sans doute une partie de ses errements.

Mais, sur le plan artistique, ce parti pris d'absolue vérité a donné. »

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