MILTON
Publié le 02/09/2013
Extrait du document

1608 -1674
ILTON est, après Shakespeare, le plus grand poète de l'Angleterre ; il est, après Dante, le plus grand poète épique de la culture chrétienne.
Sa vie est en elle-même très intéressante. Né en 1608, d'une famille cultivée, de bourgeoisie relativement riche, il fut élevé délibérément pour une carrière de grand écrivain, par un père lettré et musicien. Aussi, un orgueil calme et profond, et entièrement justifié, est-il le trait le plus profond de son caractère. Après les études alors habituelles à l'Université de Cambridge, il passa six ans dans une propriété de son père à acquérir la plus grande culture possible de son temps. Il écrivit alors ses premiers poèmes. Il consacra ensuite près de deux ans à voyager à loisir en France et en Italie. Les nouvelles des querelles religieuses en Angleterre le rappelèrent en 1639 et pendant vingt ans il prit une part active aux controverses théologiques et politiques de la révolution anglaise.
En 1641-1642, il publia une série de pamphlets très remarqués en faveur des Presbytériens. Mais il abandonna les Presbytériens surtout pour des raisons personnelles, en relation avec son mariage. Dans des circonstances assez mal connues, il avait épousé en 1643 (même cette date est incertaine à un an près) une toute jeune fille d'Oxford, de famille royaliste. Sa femme le quitta peu après ce mariage, on ne sait trop pourquoi. Entre 1643 et 1645, Milton écrivit une série de traités en faveur du divorce et passa des Presbytériens, qu'il accusa de limiter arbitrairement les libertés de l'homme, aux Indépendants, dont le chef était Cromwell. Il publia, en 1644, le plus célèbre de ses ouvrages en prose, l' Areopagitica, éloquent plaidoyer en faveur de la liberté de pensée et d'expression. Sa femme lui revint en 1645 et lui donna trois filles. Milton parut avoir, après 1645, une vie de famille normale, malgré les racontars de ses ennemis politiques qui, au xvme siècle, semblent avoir inventé des légendes qui courent encore sur les filles de Milton. Veuf deux fois, il eut en tout trois femmes, et les seuls documents que nous ayons le montrent heureux dans ses deux derniers mariages.

«
Il revint aux ambitions poétiques de sa jeunesse probablement après 1655, sans les avoir
jamais oubliées
pendant la période où il avait considéré comme de son devoir d'employer son
génie
au service politique et religieux de son pays.
Il choisit donc relativement tard son grand
sujet du Paradis perdu.
Il écrivit cependant encore une série de pamphlets pour la défense des libertés religieuses
et civiles entre 1659 et 1660 et en 1673.
Protégé par sa gloire littéraire déjà considérable, il ne fut
pas persécuté sous
Charles II.
Il écrivit en paix ses grands poèmes, le Paradis perdu publié en 1667,
le Paradis reconquis en 1671, et Samson Agonistes en 1671.
Il mourut en 1675 de la goutte.
Il laissait
un énorme traité de théologie, De Doctrina Christiana, qui ne fut publié qu'en 1825, après avoir
été confisqué, puis soigneusement classé, puis oublié, dans
les archives du gouvernement.
C'est comme poète épique que Milton s'impose avant tout.
Voltaire, qui l'a décrié dans
Candide, a cependant écrit dans le Siècle de Louis XIV, à propos du Paradis perdu: «On s'est épuisé
sur
les critiques, mais on ne s'épuise pas sur les louanges.
Milton reste la gloire et l'admiration de
l'Angleterre :
on le compare à Homère dont les défauts sont aussi grands, et on le met au-dessus
de Dante,
dont les imaginations sont encore plus bizarres.
»
Les grands poètes épiques sont, en effet, très rares, et demandent une admiration toute
particulière.
Alors que
les dramaturges de génie sont assez nombreux, on ne compte que sept ou
huit poètes épiques du premier rang.
Homère, Virgile, Dante, Camoëns et Milton sont, en Europe,
les seuls; aucun pays n'en a eu deux.
Hors d'Europe, il n'y a que les grands poèmes hindous qui
atteignent à
la même grandeur; et en réalité, le Mahabharata qui a 200.000 vers; et le Râmâyana,
qui en a 80.000, sont beaucoup trop longs (le Paradis perdu n'a que lO.ooo vers et nous paraît
déjà bien long) pour être de véritables œuvres d'art : ces énormes poèmes, composés non par un
auteur, mais par des générations successives, comprennent d'immenses parties de peu de valeur
littéraire;
les passages vraiment sublimes ou même seulement supérieurs y sont rares.
Les épopées
européennes, qui
ont toutes Homère pour modèle, ont cherché à atteindre un niveau plus soutenu :
l'influence
de l'idéal esthétique des Grecs y est évidente et salutaire.
C'est probablement parce que
Hugo ne s'est plus tenu assez près
de cet idéal grec et a été trop influencé par les Hindous qu'il
n'arrive que par fragments au tout premier rang, et il est le seul Français qui en approche.
Milton,
au contraire, est une réussite épique parfaite, si on veut bien considérer, comme
Voltaire, que
la perfection absolue n'existe pas.
On a surtout reproché à Milton les longs passages
où il met en vers, bons sans doute, mais lourds et lents, la théologie telle qu'il l'entend.
C'est du
point de vue littéraire
un reproche justifié, mais qu'il ne faut pas pousser trop loin.
Une certaine
quantité de théologie est inévitable dans toutes
les épopées.
Homère a la sienne, et Virgile et Dante.
C'est peut-être Camoëns qui en a le moins à cause de son sujet géographique : mais il en a aussi,
et beaucoup.
Le grand poète épique, en effet, doit donner une vue d'ensemble de l'Univers, et
a donc nécessairement une armature religieuse.
Il n'y a, en fait, pas d'exception à cette règle.
L'antireligion de Lucrèce est aussi
une religion.
Mais la critique littéraire a le droit d'exiger que
toute théologie présentée par le poète soit rendue intéressante pour le lecteur cultivé ordinaire.
En cela, on ne peut dire que Milton ait réussi.
Son poème n'en est cependant pas gâté, car ces passages théologiques, longs en eux-mêmes,
y sont relativement peu étendus : quelques centaines
de vers sur les dix mille.
Les beautés
extraordinaires sont
de trois ordres.
D'abord, dans les deux premiers chants, on ne peut qu'admirer, sans réserve aucune, la
description de Satan dans sa chute, et la présentation de son caractère indomptable au milieu
des catastrophes les plus épouvantables, dans
la situation la plus désespérée.
La dignité de Satan,
et même sa profonde humanité (si on entend par ce mot la qualité d'homme) ont fait dire qu'il.
»
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