Devoir de Philosophie

Mustafa Kemal Atatürk: De l'homme de guerre au chef d'État

Publié le 24/11/2018

Extrait du document

LE PÈRE DE LA TURQUIE MODERNE

 

Fondateur de la République turque en 1923 et, au-delà, de la nation turque moderne, ce qui lui valut en 1934 le surnom affectueux et respectueux d'Atatürk, « le père des Turcs », Mustafa Kemal Pacha fait l'objet, encore aujourd'hui, d'un véritable culte. Celui-ci lui est rendu dans le mausolée où il repose depuis 1953, à Ankara, la capitale asiatique dont il dota la Turquie au détriment d'Istanbul, trop marquée par son passé byzantino-ottoman.

Mustafa Kemal est le témoin de la décadence de l'Empire ottoman, qui perd les uns après les autres ses territoires européens et voit son centre de gravité se déplacer en Asie Mineure. Aussi va-t-il mettre ses aptitudes militaires au service d'un projet nationaliste qui, tout en prenant acte de l'identité territoriale asiatique de la Turquie nouvelle, héritière de l'Empire ottoman démantelé au terme de la Première Guerre mondiale, affiche sa vocation européenne. Après avoir assumé le califat pendant près de cinq siècles, l'Empire ottoman doit ainsi laisser la place à une République turque qui se veut ethniquement homogène, à la suite de déplacements forcés de population, et dont l’identité confessionnelle musulmane se trouve bridée au profit d'une laïcité érigée en dogme. Survivant à son inspirateur, le kémalisme permet la modernisation, souvent douloureuse, de la société turque. Mais il a pour contrepartie une conception autoritaire de l’État, qui contrarie encore aujourd'hui la démocratisation du pays.

LA JEUNESSE DE KEMAL

 

Les ANNÉES D'enfance à Salonique

 

• Mustafa Kemal est né en 1881 dans le quartier de Kocakasim de Thessalonique (alors Salonique), aujourd’hui la deuxième ville de Grèce, aux confins de la Macédoine et de la Thrace. Cette ville cosmopolite où cohabitaient.

 

souvent sans se mélanger, les différentes communautés nationales de l'Empire ottoman qui se réduit comme peau de chagrin sous les coups des mouvements d'émancipation des peuples balkaniques, va profondément marquer la destinée du jeune Mustafa, comme d'ailleurs ses origines familiales. Du côté paternel, sa famille descend des nomades turcs de Konya et Aydin, au cœur de l'Asie Mineure, installés en Macédoine depuis les xiv' et xv' siècles. Sa mère, Zubeyde Hanim, descendait d'une famille turque installée à Langaza, près de Salonique, sans doute d'origine albanaise et peut-être avec quelque origine juive, ce qui vaut à Mustafa Kemal d'être présenté dans certaines biographies comme un « deumne » (juif ou chrétien converti à l'islam). De ses cinq frères et sœurs, quatre moururent en bas âge, seule sa sœur Makbule vécut, jusqu'en 1956.

 

• Cette enfance dans une modeste et pieuse famille de fonctionnaires forgera la personnalité hère, entêtée et déterminée du futur leader, témoin du déclin de l'Empire.

Sortie de l'École de guerre Participation à la bataille de Tripoli Promu au grade de colonel Commandant de la 7' armée Appel à l'indépendance Président du gouvernement Abolition du sultanat Proclamation de la République turque Abolition du califat Abandon de toute référence à l'islam dans la Constitution

provisoire

Affecté avec un groupe d'amis officiers dans le poste de Tobrouk, il s'illustre pendant la bataille de Tripoli le 29 décembre 1911, ce qui lui vaut de prendre le commandement militaire de Derna en mars 1912. Mais ses exploits n'empêcheront pas les Italiens de remporter la guerre

 

et d'annexer, outre la Libye, les douze îles du Dodécanèse en mer Égée. Il en conçoit une profonde amertume et un certain mépris pour les autorités politiques et la hiérarchie militaire ottomanes. En lui naît le sentiment qu'il est investi de la mission suprême de sauver la nation turque, là où ont échoué les Jeunes-Turcs.

« • Il y combat les forces anglaises avec succès, mais les armées ottomanes alliées à celles des Empires centraux sont en train de perdre la guerre .

• Le 31 octobre , l'armistice de Moudras, signé par le sultan MrhmetVI qui vient de monter sur le trône , scelle la défaite de l'Empire ottoman.

Kemal n'acceptera jamais ce qu'il considère comme un diktat humiliant imposé à la nation turque.

• De retour à Istanbul, il intègre le ministère de la Guerre, plus pour organiser l'opposition armée aux puissances occidentales qui commencent à occuper l 'Empire ottoman que pour appliquer les dispositions de l'armistice.

DE LA GUERRE D'INDÉPENDANCE À LA RÉPUBLIQUE TURQUE KEMAL MOBILISE SES TIOUPES • Alors que les Grecs débarquent à Smyrne {Izmir) , avec l'intention d 'annexer la côte égéenne de la Turquie, Kemal occupe la fonction d'inspecteur de la 9 ' armée à Samsun sur la mer Noire , où il prend la tête d'un mouvement nationaliste opposé aux exigences de l'Entente .

• Son appel à l'indépendance de la nation turque , lancé depuis Amasya le 22 juin 1919 , est le prélude à un vaste mouvement qui s 'organise aux congrès d 'Erzeroum et de Sivas , qu'il convoque de sa propre autorité en juillet et septembre de la même année .

• Kemal regroupe ses forces au cœur de l'Anatolie, dans la ville alors provinciale d'Ankara , où il est accueilli en héros le 27 décembre 1919 .

• Il jette ensuite les fondations de la république turque en organisant la formation de la Grande Assemblée nationale de Turquie.

Le 23 avril1920, cette dernière l'élit à la prés idence d 'un comité exécutif faisant office de gouvernement provisoire et charg é de conduire une politique censée mener la guerre d'indépendance jusqu 'à la victoire.

• Le tr11ité dr Sèvrrs, signé le 10 août 1920 par les autorités ottomanes avec les puissances victorieuses, devait élargir l'audience de Kemal, en exacerbant l 'orgueil national turc, blessé par un accord qui réduisait l'Empire à la portion congrue : outre les territoires arabes, l'Arménie et le Kurdistan , à l'est, l'Empire ottoman perdait la côte égéenne ainsi que la Thrace orientale .

DE VICTOIRE EN VICTOIRE • Mis hors la loi par un sultan dépourvu d 'autorité , Kemal reprend la lutte armée à la tête des forces levées par l'Assemblée nationale .

• Il engage sa campagne de reconquête à l'est, où l'Arménie indépendante d epuis mai 1918 , soumise à la pression des Bolcheviques , n'est pas en mesure de défendre militairement le territoire qui lui a été reconnu en vertu du traité de Sèvres et que les puissances occidentales , à l'exception de l'Américain Wilson , ne lui ont jamais donné les moyens de conserver.

• En décembre 1920 , Kemal impo se aux Arméniens la cession de Kars , Artvin et Ardahan , cession confirmée en mars 1921 par un traité avec les Soviétiques , qui contrôlent à nouveau les républiques transcaucasiennes d 'Arménie, de Géorgie et d'Azerbaïdjan et qui voient alors en Kemal un possible allié .

Toujours à l'est , Kemal écrase la révolte des Kurdes e~ au sud, combat les Français en Cilicie .

·À l 'oues~ où les troupes grecques tentent de s'imposer avec le soutien des puissances alliées depuis juin 1920 , les troupes kémalistes, commandées par lsmet lnônü, refoulent à deux reprises l'offensive des Grecs .

Ces troupes entrent en libératrices à Izmir en septembre 1922 , au prix d'un incendie qui réduisit en cendres cette ville levantine que les Grecs et autres chrétiens , jusque-là major itaires , avaient dû évacuer en catastrophe .

LA RÉPUBLIQUE REMPLACE L'EMPIRE • Point d'orgue de la« guerre d'indépendance », l'écrasante victoire des kémalistes sur les Grecs à Sakarya le 19 septembre 1921 fait de Kemal un «gazi » (héros) , tandis que l'Assemblée nationale l 'élève au grade de maréchal.

Cette victoire accélère le processus de création du nouvel État turc.

• D ès lors, Kemal est courti sé p ar les puissanc es occid entales qui, tout en poursuivant sans conviction les opérations militaires , négocient avec le nouveau leader turc, dont elles redoutent qu'il rejoigne le camp soviétique , les termes d'un armistice qui sera sign é à Mudanya en octobre 1922 .

• Ayant aboli le sultanat le 5 novembre 1922 , Kemal peut engager en position de force les négociations avec les puissances occidentales dont il obtient le 24 juillet 1923 , la signature du traité de Lausanne , qui annule les termes du traité de Sèvres.

• Le 29 octobre 1923 , la République turque est proclamée et Mustafa Kemal en est élu le premier président pour quatre ans, conformément à la nouvelle Constitution qui s'attache à défaire les liens entre le pouvoir et l'Empire ottoman.

Ainsi , le califa~ ou pouvoir religieux , sera aboli le 3 mars 1924 , tandis que la capitale déménage à Ankara , marquant la rupture définitive avec l'ère ottomane .

• Le 30 octobre 1923 , le premier gouvernement républicain est constitué par lsmet lnônü.

La république turque commence à se développer sur les bases des principes tels que «la souveraineté appartient sans réserve à la nation » et. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles