RIMBAUD
Publié le 08/04/2013
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Rimbaud est animé par un profond désir de rompre avec "la vieillerie poétique". Le poète, selon lui, doit chercher du nouveau et arriver à l'inconnu, c'est-à-dire être voyant ; il juge catégoriquement ses prédécesseurs selon un seul critère : ont-ils été voyants ? Pour accéder à cet inconnu, il lâche la bride à tous ses sens et se laisse aller à l 'hallu-

«
adieu à la révolte, aux hallucinations 1
et à la poésie, et de reve- _
nir à une vie humble, --~
proche des autres.
Très ,· '
vite après, il écrit Les
Illuminations qui sont
des
"instantanés" de p'oé
cination.
Ainsi, dans son esprit, il
assiste à une métamorphose des élé
ments du
monde ; les objets, les
impressions, les rêves se mêlent
et fusionnent dans une sorte de ver
tige.
Rimbaud dit lui-même :
"Je
devins un opéra fabuleux." Pour
transcrire ses hallucinations dans sa
poésie, il se forge une langue poé
tique
"résumant tout, parfums, sons,
couleurs".
Il passe du vers libre au
poème en prose, où les effets de
rythme et de sonorités témoignent
d'une extraordinaire magie verbale
et
d'une liberté enthousiaste.
Rim
baud veut
"acquérir des pouvoirs
surnaturels", étreindre l'univers et,
par là même, le recréer par la puis
sance poétique.
Rimbaud : un mythe
sie,
décousus, faits de fantasmes, et
rédigés sous l'effet de pulsions de
l'être libéré.
La quête poétique rim
baldienne s'achève là ; après 1875,
Rimbaud cesse d'écrire et repart
seul pour un voyage à travers
l'Europe (Autriche, Chypre, Suède,
Danemark) ;
il vit de petits métiers
et revient auprès des siens de
temps
à autre.
Puis, à partir de 1880, après
un nouveau séjour à Chypre
et à
Aden, il rejoint le comptoir com
mercial de la compagnie Mazeran à
Harar,
au cœur del' Abyssinie ; il va
errer pendant dix ans entre les
déserts et les oasis d'Éthiopie et
d'Égypte, rêvant de fortune au fil de
ses explorations
et de ses trafics.
Mais, en 1891, il doit être rapatrié à
Marseille pour être amputé
d'une
jambe à la suite d'une tumeur au
genou.
Il y meurt quelques mois
plus tard, veillé par sa sœur Isabelle.
En haut: la valise de
Rimbaud Rimbaud
peint par Ernest Pignon Ernest
L
e destin de Rimbaud, l 'origina
lité de sa poésie, son brusque
silence sont tellement étonnants
qu'ils ont engendré un mythe: celui
de l'adolescent révolté,
d'une jeu
nesse exigeante et exaltée.
Par ail
leurs, la fulgurance de ses vers et la
rapidité de sa rédaction
l'ont fait
passer pour un génie qui aurait mar
qué l'avènement de la seule vraie
poésie.
De fait, s'il subit des in
fluences comme celle de Baudelaire
surtout, le renouvellement
qu'il a
apporté à la poésie est incontestable.
Ce qu'il appelle "l'alchimie du
verbe", c'est-à-dire cette fusion to
tale des sens qui fonde la parole
poétique,
va marquer à jamais la
poésie postérieure ; Paul Claudel
y voit une vraie révélation ; les sur
réalistes considéreront Rimbaud
comme un précurseur.
La révolution poétique
de Rimbaud
R
imbaud est animé par un pro
fond désir de rompre avec "la
vieillerie poétique".
Le poète, selon
lui, doit chercher du nouveau et
arri
ver à l'inconnu, c'est-à-dire être
voyant ;
il juge catégoriquement ses
prédécesseurs selon un seul critère :
ont-ils été voyants ? Pour accéder à
cet inconnu,
il lâche la bride à tous
ses sens
et se laisse aller à l 'hallu-
Coin de table (détail),
Fantin-Latour Assis:
Verlaine, Rimbaud, Léon Valade, d'Hervilly,
C.
Pelletou
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Pour comprendre Rimbaud, lisons
Rimbaud, désirons séparer sa voix
de tant
d'autres voix qui
se sont mêlées à elle.
Il n'est pas utile de chercher loin,
de
chercher ailleurs, ce que Rimbaud
lui-même nous dit.
Peu d'écrivains ont été
autant que
lui passionnés de se connaître,
de se définir, de vouloir se transformer et
devenir
un autre homme par la connais
sance
de soi, prenons donc au sérieux cette
quête qui est
le plus grand sérieux.» Yves Bonnefoy,
Rimbaud
par lui-même, Le
Seuil,
1961
Rimbaud explique sa conception de la
démarche
poétique:« Il s'agit d'arriver à
l'inconnu par le dérèglement
de tous les
sens.
Les souffrances sont énormes, mais
il
faut être fort, être né poète, et je me suis
reconnu poète.
Ce n'est pas du tout ma
faute.
C'est faux de dire: Je pense.
On
devrait dire : On me pense .
Pardon du jeu
de mots.
JE est un autre.
» -Arthur
Rimbaud,
Lettre à lzambard, 13 mai 1871
Voici en quoi consiste l'hallucination pour
Rimbaud:« Je m'habituais à l'hallucina
tion simple : je voyais très franchement
une
mosquée à la place d1une usine, une école
de tambours faite par des anges, des
calèches sur les routes du ciel, un salon au
fond d'un lac; les monstres, les mystères
(
...
).Je devins un opéra fabuleux( ...
).
Aucun des sophismes de la folie -la folie
qu'on enferme -
n'a été oublié par moi: je
pourrais les redire tous.
Je tiens le système.
Ma santé fut menacée.
» -Arthur Rimbaud,
"Délires 11", Une saison en enfer, 1873
Photos (a) Musée Rimbaud/ Sipa Jcono, Rimbaud par Ernest Pignon Ernest ; (b, e, f, g) Musée Rimbaud/ Sipa Jcono ; (c) VIP / Sipa Jcono ; (d) Goldner / Sipa Jcono; (h) ERL / Sipa Jcono RIMBAUDOI.
»
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