EXPLICATION LINÉAIRE: Rimbaud - Sensation
Publié le 06/05/2025
Extrait du document
«
INTRODUCTION
« Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
»
C’est en ces termes, tout en synesthésies, que Rimbaud évoque sa
communion avec la nature… une communion où le réel et les
hallucinations, semblent fusionner en un tout faisant de ce texte une
véritable ode à la poésie et aux émotions viscérales, déconnectées de tout
intellectualisme.
Cette posture se retrouve largement dans Les cahiers de
Douai, un recueil posthume que l’on peut facilement dater grâce à la lettre
que Rimbaud adressa au poète Banville, le 24 mai 1870 et qui nous
apprend que Sensation date du 20 avril 1870.
Composé uniquement de
deux quatrains, ce texte se rattacherait donc à la thématique du voyage,
de l’errance, de la bohème mais aussi de cette volonté de lâcher prise au
contact de la nature pour mieux célébrer les émotions brutes ardemment
désirés par le poète.
Pour une meilleure fluidité de cette explication, nous
pourrons découper ce poème en deux axes, un par strophe :
- une nature personnifiée, quasi magique, exaltant les sens et les
émotions (strophe 1)
- une invitation lyrique à se laisser guider par nos seules et uniques
sensations (strophe 2)
Chacun de ces axes se découpera tous les deux vers pour mieux mettre
en évidence la pensée rimbaldienne.
EXPLICATION LINÉAIRE
Une nature personnifiée, quasi magique, exaltant les sens et les
émotions
1.
Vers 1-2 : "Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : "
Ces deux premiers vers évoquent selon toute vraisemblance une ambiance
chaude et estivale, ainsi qu’une nature luxuriante.
La couleur bleue du soir
crée une atmosphère particulière, pouvant potentiellement allégoriser la
tranquillité.
La marche dans les sentiers et le contact avec l'herbe menue
suggèrent un rapport direct avec la nature que le poète personnifie.
L’adjectif « menu » renvoie plus souvent à une silhouette (un
corps menu/ chétif/maigre) qu’à un paysage.
Le terme « picoté » renvoie à quelque chose ou quelqu’un pourvu
d’un bec, de doigts ou d’ongles… pouvant piquer le dos de Rimbaud.
Quels effets provoquent sur moi de tels procédés ?
Avec les "soirs bleus d'été" et l’utilisation du mot "picoté", le poète met
déjà en avant deux éléments sensoriels : la vue (« bleu »), le toucher
(« picoté » sans oublier l'image de fouler "l'herbe menue" qui évoque la
sensation tactile et renforcent le réalisme sensoriel).
Cet aspect sensoriel
est d’autant plus fort qu’il parait hyperbolisé par une Nature ayant le
pouvoir de toucher et « saisir » le poète…
2.
Vers 3-4 : "Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue."
Comme pressenti dans les deux vers qui précèdent, je remarque là encore
dans les deux vers qui s’annoncent trois confirmations :
L’impression d’errance et de fugue, tant physique que psychique…
rendue ici visible avec l’adjectif « rêveur », épithète détachée par une
virgule.
Ce sentiment tactile laissant la part belle au toucher pour mieux
nous immerger au sein de ce paysage de nature… (« sentirai », «
fraicheur », « le vent baigner ma tête nue » - « nue » et donc sans
vêtements, directement en prise, à même la peau avec les éléments
naturels)
La Nature semble prendre vie avec la capacité de procurer de la
fraîcheur et de baigner la tête du poète.
La fraîcheur ressentie aux pieds
et le vent qui baigne la tête personnifient définitivement cette Nature
perçue comme quasi magique… et créent ainsi une expérience sensorielle
rendue d’autant plus vivante par une synesthésie…
Une synesthésie, c’est quoi ?
La synesthésie, cela peut être voir un son, entendre une couleur, goûter
une odeur…
Très fréquente dans la poésie, elle permet souvent aux poètes de dérégler
« notre machine à ressentir » un peu trop sage… Confondant des sens ou
bien des éléments a priori inconciliables, elles nous obligent à
voir/entendre/ressentir autrement le texte (et donc le monde !) qui nous
entoure ! Un exemple dans le poème de Rimbaud ?
Le procédé est ici parfaitement visible grâce aux mélanges des
éléments avec la terre (« j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds »), l’air
(« le vent ») et l’eau « baigner »).
La synesthésie, en reliant des perceptions....
»
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