ROBERT DESNOS

« vacarme, de souvenirs sanglants et de légendes merveil­ leuses, dont celle de Nicolas Flamel n'est pas la moins troublante, et Desnos l'ingénu n'eut sans doute qu'un hans.

sement d'épaules pour Supervielle écrivant: Que voulez-vous que je fasse du monde Puisque, si tôt, il m'en faudra partir ? Il ne concevait même pas qu'on pût préférer, au chaud compagnonnage de la vie, la percée des nuages, la quête d'un au-delà, d'un outre-monde, hù qui écrivait en 1936 : Je sens encore beaucoup d'années à venir Et beaucoup de choses à faire devant moi ...

et qui déclarait· avec cette magnifiqùe, cette orgueillèuse naïveté de l'homme quotidien, qui mettra toujours en échec les fauteurs de désespoir : Nous ne voulons pas la lune Nous ne craignons pas la mort ...

Ils ne sont pas assez nombreux, les poètes qui nous parlent de la vie immédiate, qui s'efforcent à capter son flot de rêves, d'intuitions, d'images tôt enfuies, d'appétits avouables ou non ; à exprimer cette projection spontanée, violente et constante, de l'homme élémentaire, éternel, dans son devenir.

Les surréalistes - dont Freud n'avait pas prévu qu'ils illustreraient ses théories par l'exemple ......

s'y essayèrent, y parvinrent parfois ; ils n'avaient pas tous, malheureusement, la grande pureté, la grande disponibi­ lité de Desnos ; ils savaient trop de choses, ces intellectuels, et, trop souvent; leur tentative de franchir les barrières de l'hypocrite et de la paresseuse raiBon n'était qu'un symp· tôme de désagrégation bourgeoise, un réflexe de jeune homme trop hien élevé qui jette sa gourme à la face de Monsieur son père.

Et sans doute les poèmes surréalistes de Desnos ne sont.

ils ni plus ni moins probants que ceux de ses amis.

Du. »