RONSARD (PIERRE)
Publié le 21/06/2012
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Il ne fut pas plus un Pindare, dans ses odes, qu'il n'avait été un Catulle, dans ses sonnets. Et toutefois, il porta loin ses prétentions ; il voulut être l'Homère de la France; c'est avec sa Franciade que commence la longue serie de nos malheureuses tentatives dans le genre épique. Enchante sans doute de rattacher son poëme aux Grecs et aux Latins, et d'etaler son érudition mythologique, il s'empara de je ne sais quelle histoire d'un certain Francus, prince troyen, qui serait venu fonder la monarchie française, et ce personnage imaginaire devint le héros de son poëme. On serait mal payé de ses peines, si l'on entreprenait de suivre le fil des événements de la Franciade, au travers des quatre livres qui la composent, au bout desquels l'auteur, malgré l'abondance de sa phraséologie, semble tomber epuise.

«
RO:"S.\RD.
1S3
pas sans génie ; il a du feu, de la verve, de l'imagi
nation; ces qualites seduisirent sans doute ses con
temporains :
Mais sa muse en français parlant grec et latin,
Vit, dans l'àge suivant, par un retour grotesque,
Tomber de ses grands mots le
faote pédantesque.
(BOILEAU.)
l\Ialherbe avait pris l'initiative dans la critique de
cet ecrivain : il avait effacé plus de la
moitie d'un
exemplaire de ses œuvres, et il en avait coté les rai
sons à la marge.
Racan, ayant vu ce livre avec les
ratures, demanda à Malherbe s'il approuvait ce qu'il
avait épargné;
et sur sa réponse négative, il lui fit
observer que si l'on trouvait ce livre après sa mort,
on pouvait croire
qu'il avait tenu pour hon tout ce
qui subsistait encore.
Alors Malherbe
efiaça le reste.
Quand il lisait ses vers à ses amis
et qu'il y ren
contrait quelque chose de
dur ou d'impropre, il s'ar
rêtait tout court et disait : «Ici je ronsardisais.
>>
Par son commerce avec l'antiquité, Ronsard a im
porté dans sa patrie des richesses étrangères,
~ais
ce sont des ornements presque toujours mal cm- '
ployés; c'est une riche matière qui perd de son poids
par le travail: ses acquisitions, qu'on nous pardonne
la comparaison, ressemblent
à ces habits riches, mais
mal faits, qui donnent
tout à la fois à ceux qui les
portentun air de gaucherie et d'opulence.
Il visa à.
»
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