Devoir de Philosophie

SAINT-JUST Louis Antoine Léon

Publié le 13/10/2018

Extrait du document

SAINT-JUST Louis Antoine Léon (1767-1794). Celui qu’on appela « l’Archange de la Terreur », et qui reste une des figures les plus fascinantes et les plus énigmatiques de la Révolution française, est né à Decize, dans le Nivernais. Son père, roturier, fils de cultivateurs, est maréchal des logis des gendarmes du Berry, et sa mère est la fille d’un notaire aisé. Il a dix ans quand ses parents s’établissent à Blérancourt, dans l’Aisne. Ses études, commencées chez les Oratoriens de Soissons, se poursuivent à Paris, en 1786. Il fréquente alors le Palais-Royal et la société des comédiennes. C’est à cette époque que se place l’épisode contesté de la fugue, puis de l’internement à Picpus à la demande de sa mère. Il apprend le droit à Soissons et obtient sa licence ès lois à Reims, en 1788. En mai 1789, il publie à Paris Or gant, une épopée satirique de sept mille vers, dont certains fort lestes, et qui est d’une qualité littéraire médiocre (il dit lui-même : « J’ai vingt ans, j’ai mal fait, je pourrai faire mieux »). La vision du monde qui s’en dégage est cependant singulière. La bouffonnerie et l’obscénité y sont utilisées pour exprimer la folie radicale des hommes, et Albert Ollivier a pu évoquer Une saison en enfer de Rimbaud à propos de cette exploration des abîmes par un adolescent.

 

A peine paru, le livre est frappé d’interdiction, puis saisi par la police. Saint-Just doit se cacher. A la fin de juillet 1789, il revient à Blérancourt, où il compose une pièce en un acte, Arlequin Diogène, inspirée de la comédie italienne et de Marivaux. Mais déjà des intérêts moins littéraires le sollicitent. Il déploie une grande activité au sein de la garde nationale de l’Aisne, dont il devient lieutenant-colonel. Il publie, en 1791, l'Esprit de la Révolution et de la Constitution de la France (l’ouvrage connaît un tel succès que son tirage est épuisé en quelques jours). Les positions qu’il y défend sont modérées, et l’influence de Montesquieu y balance celle de Rousseau. Une analyse lucide des causes de la Révolution l’amène à louer l’œuvre de la Constituante et à adhérer à l’idée d’une monarchie constitutionnelle. Un certain dédain pour la populace, dédain dont il ne se départira jamais, transparaît dans les lignes consacrées à la prise de la Bastille et à la joie populaire, assimilée à une « ivresse d’esclaves ».

 

Trop jeune pour être député à la Législative, il est élu, en septembre 1792, à la Convention, où il s’attache aussitôt à Robespierre et siège dans les rangs des Montagnards. Son premier discours (13 novembre 1792) fait sensation par des formules tranchantes comme le fer de la guillotine. Ainsi, il rappelle aux députés qu’ils n’ont pas à juger le roi, mais à le combattre. Membre du Comité de salut public à partir de mai 1793, il est un des principaux auteurs du projet de Constitution de l’an I. Jusqu’à sa mort, il va déployer au service du parti jacobin une activité extraordinaire et révéler son génie de l’action et sa lucidité politique, aussi bien aux armées, qu’il épure et réorganise, qu’à la Convention, où il se fait le théoricien du gouvernement révolutionnaire et de la Terreur. Il aide Robespierre à lutter contre les factions dantonistes et hébertistes et présente à l’Assemblée les décrets de Ventôse (février et mars 1794), qui annoncent une radicalisation de la politique sociale de la Convention. Entraîné par Robespierre dans sa chute, il est guillotiné le 10 thermidor, à l’âge de vingt-sept ans.

Liens utiles