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SAMAIN Albert

Publié le 13/10/2018

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SAMAIN Albert (1858-1900). La fortune littéraire d’Albert Samain a souffert d’une renommée posthume d’abord trop éclatante : après les succès, les gros tirages et les adulations, l’oubli, que ne mérite pas, certes, ce délicat poète, disparu avant d’avoir pu donner sa mesure. Employé de bureau, confiné dans une existence modeste, il collabore à de petites feuilles symbolistes, et, en 1890, il est, avec Jules Renard, un des fondateurs du Mercure de France, où il publie la plupart des pièces qui, réunies dans Au jardin de l'infante (1893), lui assurent la notoriété et peuvent constituer pour nous le paradigme de la poésie symboliste issue de Baudelaire et de Verlaine. Une âme mélancolique s’y évoque en de vagues paysages, légèrement exotiques, tels ceux où vit l’infante d’Espagne dans les mystérieuses retraites d’un palais suranné : lyrisme confidentiel, tout en demi-teintes, en formes indécises et langoureuses, au service d’une sensibilité aiguë, d’une tristesse qui frôle parfois le morbide, d’un nonchaloir décadent. Le mètre, qui allie une brillante perfection technique à une souplesse fluide et vaporeuse, tranche, par sa rigueur, sur les facilités vers-libristes des symbolistes mineurs.

 

Aux flancs du vase (1898) marque à la fois un retour à des thèmes parnassiens et une adhésion à un néoclassicisme hellénisant qui se réclame des Alexandrins et de Chénier, et qu’illustrent, en cette fin de siècle, les Chansons de Bilitis (1894) de Pierre Louÿs, les Mimes (1894) de Marcel Schwob, l’Ériphile (1894) de Jean Moréas et l'Aréthuse (1895) d’Henri de Régnier. Dans cette veine guettée par le poncif, Samain se distingue par le sens de la vie intime et quotidienne, de l’attitude significative et symbolique; sa manière impressionniste et voilée s’éclaircit, se précise, mais sans verser dans cette froideur sculpturale, dans ces pastiches de l'Anthologie, qui sont les écueils du genre.

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